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Réforme de la Charte des partis : une bataille politique s’ouvre à Bamako

Le climat politique au Mali se tend davantage. Les partis politiques, vent debout contre ce qu’ils dénoncent comme une « tentative d’effacement du pluralisme démocratique », ont mobilisé leurs troupes ce samedi 26 avril 2025 à la Maison de la Presse. Ils ont sonné l’alerte face aux velléités des autorités de transition, appelant au respect de la Constitution du 23 juillet 2023 et des principes démocratiques.

Une opposition déterminée face aux risques de dissolution

Bamada.net-Initialement prévu sous forme de grand meeting, l’événement a finalement pris la forme d’un point de presse. Mais loin d’atténuer la ferveur, cette transformation n’a fait que renforcer le ton.
Mamadou Oumar Sidibé, du Forum des partis politiques, a ouvert les interventions en martelant que « la Charte des partis politiques ne saurait être manipulée au gré des humeurs », insistant sur la nécessité de préserver l’héritage démocratique du pays.

À sa suite, Oumar Ibrahim Touré, président de l’APR, a rappelé que le multipartisme est un acquis inscrit dans la Constitution : « Comment comprendre qu’en 2025, des voix veuillent remettre en cause ce qui a coûté tant de luttes et de sacrifices à notre peuple ? » a-t-il questionné avec gravité, dénonçant l’absence de retour officiel aux propositions faites pour la réforme politique.

Alerte sur les dérives et menaces pour la stabilité

Loin d’être de simples revendications, les déclarations ont aussi sonné comme des mises en garde : « Le dérive et l’amateurisme en matière politique pourraient avoir des conséquences irréversibles », a averti Touré, sous les applaudissements nourris.
Les partis ont annoncé leur intention de consulter largement les autorités morales, les organisations syndicales et les associations de la société civile pour fédérer une mobilisation nationale. Un plan d’action sera dressé après l’étape nationale des concertations sur la Charte.

Mountaga Tall : « Aucun processus électoral viable sans partis »

Fidèle à son style franc, Me Mountaga Tall a pris la parole en bambara pour rappeler que « l’interdiction des activités politiques depuis avril 2024 n’a pas étouffé la résistance ». Selon lui, la transition actuelle ne peut ignorer que les partis sont une composante essentielle de toute élection crédible :
« Dissoudre les partis, c’est saper la base même de l’organe électoral », a-t-il prévenu, tout en dénonçant les intimidations contre les leaders politiques, dont l’arrestation abusive de onze d’entre eux l’année dernière.

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Comparant la situation du Mali à celle du Burkina Faso et du Niger, où le pluralisme est gelé, Mountaga Tall a rappelé que Bamako dispose d’une Constitution protégeant explicitement la diversité politique, contrairement à ses voisins de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Une colère amplifiée par les consultations jugées illégitimes

La contestation s’est également cristallisée autour des consultations régionales initiées par le ministre délégué aux Réformes électorales.
Pour les partis, ces rencontres ne sont qu’« une mascarade » déconnectée de la réalité nationale : « 1 500 participants contre 76 000 lors des Assises Nationales de la Refondation, c’est une imposture démocratique », ont-ils martelé.

Ils s’insurgent également contre la proposition d’imposer une caution de 200 millions FCFA pour la création de nouveaux partis, une mesure jugée discriminatoire et excluante pour la majorité des Maliens.

Prisonniers politiques et exclusions : lignes rouges posées

Outre la défense du pluralisme, les leaders politiques exigent la libération immédiate des détenus politiques, notamment Mamadou Traoré dit « Le Roi », président du parti Alternance, arrêté récemment par la cyber-police nationale.

« La violation répétée de la Constitution et de la Charte de la transition conduit notre pays au bord du précipice », a prévenu Oumar Ibrahim Touré dans une déclaration officielle.
Les partis rappellent qu’ils furent parmi les acteurs ayant soutenu le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta en 2020, et refusent aujourd’hui d’être marginalisés.

La fracture générationnelle : des jeunes favorables à la dissolution

Parallèlement, une coalition de jeunes leaders, réunis également à la Maison de la Presse, a exprimé son soutien aux autorités de la transition et à la dissolution des partis.
« Nous appelons à l’application stricte des recommandations finales de la phase nationale, y compris la dissolution des formations politiques traditionnelles », a déclaré Ibrahim Traoré, membre du Réseau des jeunes leaders du Mali.

Ces jeunes leaders mettent en garde contre toute tentative de « manipulation de l’opinion » par les partis traditionnels, qu’ils accusent de « fossoyer la démocratie depuis 1991 ».

Vers une phase décisive

La phase nationale des concertations sur la réforme de la Charte des partis politiques s’est ouverte ce lundi 28 avril 2025 au Centre International de Conférences de Bamako (CICB).
D’ores et déjà, les lignes de fracture sont nettes : d’un côté, une classe politique vent debout pour défendre le multipartisme ; de l’autre, une transition qui semble prête à redessiner en profondeur l’architecture politique du pays.

Le Mali se dirige-t-il vers une refondation politique sans partis traditionnels, ou vers un nouveau bras de fer historique ?
Le rendez-vous est pris pour les prochains jours, où chaque camp jouera une partie cruciale de l’avenir politique du pays.

 

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Moussa Keita

 

Source: Bamada.net

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