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Relecture de la Charte des partis : plus de 100 formations politiques disent non

Le climat politique malien traverse une zone de turbulence. À la veille des consultations nationales lancées par le gouvernement de transition sur la relecture de la Charte des partis politiques, une large coalition regroupant plus d’une centaine de formations politiques tire la sonnette d’alarme. En conférence de presse, mardi 15 avril 2025, les leaders de l’Initiative des Partis Politiques pour la Charte (IPAC) ont exprimé leur rejet catégorique de cette démarche, qu’ils perçoivent comme une tentative d’étouffement de la vie politique pluraliste au Mali.

Des consultations sans les principaux concernés ?

Bamada.net-Prévue pour s’étendre du 16 au 29 avril, la série de consultations lancée par le gouvernement entend rassembler les « forces vives » du pays pour discuter de la relecture de la Charte des partis politiques. Mais l’IPAC dénonce une mascarade démocratique. Pour ses membres, il est inconcevable que cette initiative se tienne sans une implication directe des partis politiques eux-mêmes, premiers acteurs concernés.

« On ne peut pas parler de l’avenir du pluralisme politique sans les partis », a martelé Dr Youssouf Diawara, président du parti Yelema. Une indignation reprise en chœur par Oumar Ibrahim Touré, président de l’APR : « C’est avec une profonde stupéfaction que nous avons appris le lancement de ces consultations, alors même que nous avions sollicité, en vain, un dialogue direct avec les autorités ».

L’ombre d’une dissolution ?

Derrière la colère des partis se cache une crainte bien plus profonde : celle de leur suppression pure et simple. Les bruits de couloir évoquent en effet une volonté des autorités de transition d’imiter le Niger et le Burkina Faso, où les régimes militaires ont suspendu, voire interdit, les activités des formations politiques.

« Il se dit que le véritable objectif de cette opération est de vider de leur substance les partis politiques maliens, voire de les faire disparaître », a dénoncé Me Mountaga Tall, figure emblématique de la scène politique nationale. Un scénario inquiétant que les opposants à la démarche gouvernementale jugent incompatible avec la Constitution malienne de 2023.

Et pour cause, l’article 39 de cette loi fondamentale, adoptée par référendum, stipule clairement que « les partis politiques se forment et exercent librement leurs activités dans les conditions déterminées par la loi ». En d’autres termes, toute tentative de mise à l’écart ou de dissolution des partis entrerait en collision frontale avec la légalité constitutionnelle actuelle.

Les leçons de l’histoire récente

La classe politique rappelle également que les Assises Nationales de la Refondation (ANR), tenues en 2021, ont déjà abordé en profondeur la question de la réforme de la Charte des partis politiques. À leurs yeux, relancer le débat aujourd’hui, sans respecter les mécanismes de consultation légitime, ressemble davantage à une manœuvre de légitimation qu’à un processus démocratique sincère.

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« Pourquoi reprendre un débat déjà tranché ? Et surtout, pourquoi ignorer ceux qui y ont activement contribué ? », interroge la déclaration commune de l’IPAC. En plus de dénoncer une perte de temps et de ressources publiques, les signataires pointent un calendrier douteux, à quelques mois seulement de la fin annoncée de la transition.

Une transition de plus en plus verrouillée ?

Au-delà du cas spécifique des partis politiques, c’est la trajectoire générale de la transition malienne qui suscite désormais des inquiétudes. Après avoir prolongé la période transitoire, consolidé l’emprise des militaires aux plus hauts niveaux de décision, et durci les conditions de création des partis, le pouvoir semble vouloir restreindre encore davantage l’espace politique.

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Le Dialogue inter-Maliens, tenu en mai 2024, avait déjà jeté les bases de cette dérive. Plusieurs recommandations controversées y avaient été formulées : suppression du financement public des partis, restriction de leur création, voire leur suspension temporaire. La réactivation de ces propositions, par le biais des consultations actuelles, donne le sentiment d’une mise en œuvre progressive d’une stratégie de marginalisation des forces politiques traditionnelles.

Une classe politique marginalisée mais combative

En dépit de cette mise à l’écart, les partis politiques ne comptent pas se taire. Leur déclaration commune insiste sur leur volonté de contribuer à une transition réussie, mais dans le strict respect des principes républicains.

Ils exigent, notamment, un dialogue franc et direct avec le Premier ministre, le Général Abdoulaye Maïga, ainsi que le report immédiat des consultations en cours. Un appel lancé au nom de la légalité, de la cohérence institutionnelle, mais aussi de la paix sociale. Car selon eux, « ignorer les acteurs politiques, c’est ouvrir la voie à une instabilité durable ».

Un avenir politique à construire… ensemble ?

Dans un Mali en quête de refondation, la participation des partis politiques reste cruciale. Leur exclusion du débat sur leur propre existence menace l’essence même de la démocratie malienne. Plus que jamais, le dialogue entre la classe politique et les autorités de transition s’impose, non comme une option, mais comme une nécessité impérieuse.

À défaut, le risque est grand de voir le pays basculer dans une gouvernance autoritaire, où la pluralité d’opinion ne serait plus qu’un lointain souvenir.

 

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Fatoumata Bintou Y

 

Source: Bamada.net

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