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ÉDITORIAL – Le Mali face à son trop-plein de partis politiques

Dans le Mali d’aujourd’hui, les réformes politiques ne sont plus un luxe, mais une nécessité. Parmi elles, la révision de la loi n°05-047 du 18 août 2005 portant charte des partis politiques, désormais au centre des attentions, pourrait bien être le coup de pied salutaire dans la termitière. Loin d’être une simple retouche juridique, cette réforme questionne en profondeur la crédibilité de notre démocratie et le sens même de l’engagement politique.

     

Derrière les débats techniques sur les articles à modifier, une interrogation fondamentale se pose : faut-il continuer à tolérer un paysage politique saturé de partis sans ancrage, sans vision, sans boussole idéologique ?

Un trop-plein qui étouffe le débat démocratique

Bamada.net-En matière de pluralisme, le Mali a voulu frapper fort : plus de 250 partis politiques, tous officiellement reconnus. Sur le papier, cela sonne comme une victoire du multipartisme intégral. Mais dans les faits, c’est une autre histoire : ce foisonnement a engendré un désordre institutionnalisé, une cacophonie où les voix sérieuses se noient dans le vacarme des ambitions personnelles.

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Il ne s’agit pas de remettre en cause le droit de se constituer en parti politique – un droit fondamental dans toute démocratie –, mais de réinterroger le sérieux et la sincérité de cette prolifération. Car à quoi bon multiplier les sigles si les idées sont absentes, les militants invisibles, les propositions creuses et les engagements temporaires ? Trop de partis ne servent aujourd’hui que de tremplins électoraux ou de relais de clientélisme.

Limiter ou filtrer ? Le vrai débat

Limiter le nombre de partis par une décision administrative serait une erreur et un retour en arrière démocratique. Ce serait nier la diversité d’opinions qui peut légitimement exister dans une société. En revanche, instaurer des critères exigeants pour l’existence et le maintien d’un parti politique, voilà une réforme de bon sens.

Cela pourrait inclure :

  • Une représentativité minimale prouvée lors des élections ;

  • Des activités politiques régulières et publiques ;

  • Des états financiers transparents et contrôlables ;

  • Une base idéologique claire et un programme politique structuré.

Ce type de filtre qualitatif ne restreint pas la liberté d’expression, il élève simplement le niveau d’exigence vis-à-vis des acteurs politiques. La démocratie ne peut être un champ de ruines occupé par des structures dormantes qui ne survivent que grâce aux subsides de l’État.

L’argent public au service de la démocratie ou d’un système de rente ?

C’est l’un des points les plus sensibles de la charte actuelle : l’aide publique accordée aux partis, indexée à 0,25 % des recettes fiscales. Une somme non négligeable dans un pays où les priorités budgétaires sont énormes, et les ressources limitées. Peut-on continuer à financer indistinctement des entités dont la contribution à la vie politique est quasiment nulle ?

La vérité est crue mais nécessaire : le financement public tel qu’il est aujourd’hui favorise la survie artificielle de partis sans substance. Il encourage même, parfois, la création opportuniste de nouvelles formations dans l’unique but de bénéficier de cette manne. Il ne s’agit plus d’un soutien à la démocratie, mais d’un mécanisme pervers qui entretient l’illusion d’un débat pluraliste.

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Supprimer cette aide, ou du moins la conditionner strictement, ne serait pas un recul démocratique. Ce serait un acte de salubrité politique. Seuls les partis actifs, structurés, porteurs d’un véritable projet de société devraient pouvoir prétendre à une aide de l’État. Et encore, sous surveillance citoyenne et institutionnelle.

Moins de partis, mais plus de politique

Le Mali a besoin de formations politiques fortes, enracinées dans la société, capables de porter des projets de transformation et de servir de courroie entre le peuple et les institutions. Pas d’une galaxie de partis fantômes. La révision de la charte ne doit pas être l’occasion d’un partage de gâteau entre les acteurs actuels du système, mais un moment de refondation de l’espace politique.

Il faut en finir avec le quantitatif vide, pour aller vers le qualitatif fécond. Cela implique de repenser la façon dont on s’engage, dont on construit un parti, et surtout, dont on rend des comptes aux citoyens.

Conclusion : Réformer pour reconstruire

Le chantier de la réforme de la charte des partis politiques est une opportunité. À condition d’avoir le courage de poser les vraies questions, et la lucidité de proposer des réponses à la hauteur des attentes populaires.

Il ne s’agit pas de punir les partis, mais de redonner du sens à leur existence. Un parti politique n’est pas un simple nom sur une liste électorale. C’est une institution de la République, un instrument de transformation sociale, un relais d’idées, un ferment de démocratie.

Pour que le Mali sorte enfin de la confusion politique qui l’empêche d’avancer, il faut oser réformer sans trembler. Et cette fois, sans maquillage ni compromis.

 

NB : Toute reproduction, intégrale ou partielle, sans une autorisation explicite de notre part est strictement interdite. Cette action constitue une violation de nos droits d’auteur, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter ces droits.

 

BEH COULIBALY

 

Source: Bamada.net

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