Le 14 mars 2025 marquait une échéance importante pour la scène politique malienne. En effet, suite à l’appel lancé en décembre 2024 par le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des réformes politiques et du soutien au processus électoral, une large partie de la classe politique a répondu présente en formulant des propositions pour la relecture de la Charte des partis politiques en vigueur depuis 2005.
Une mobilisation en ordre dispersé mais vers un consensus
Bamada.net-L’initiative gouvernementale a suscité une mobilisation intense au sein des formations politiques maliennes. Deux blocs majeurs se sont particulièrement distingués : d’une part, le Forum des Partis et Mouvements politiques conduit par Mamadou Oumar Sidibé et, d’autre part, l’Initiative des Partis pour la Charte dirigée par Me Mountaga Tall.
Après des travaux de concertation, ces deux groupes ont réussi à établir une déclaration commune comportant des « propositions consensuelles ». Ce document, signé par 105 partis politiques, a été officiellement remis au ministre délégué Mamani Nassiré le 14 mars dernier, symbolisant ainsi l’unité des partis autour de questions fondamentales.
La question du financement public en débat
L’un des points centraux du document concerne le maintien du financement public des partis politiques. Les signataires prônent la continuité de la subvention étatique tout en adaptant les conditions d’éligibilité aux réalités actuelles. Cette position entre cependant en contradiction avec les recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR), qui avaient préconisé une réduction de ce financement.
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Lutter contre le nomadisme politique et réduire le nombre de partis
Le phénomène du nomadisme politique est également dans le viseur des signataires, qui proposent des sanctions strictes contre les élus changeant d’appartenance en cours de mandat. Ils suggèrent des mesures telles que la perte du mandat électoral, l’inéligibilité pour les scrutins suivants et l’interdiction de créer un parti politique pendant au moins un an.
Concernant la prolifération des partis, les signataires plaident pour une réduction de leur nombre à travers des mesures incitatives, tout en garantissant le multipartisme inscrit dans la Constitution. Actuellement, le Mali compte 399 partis politiques, un chiffre jugé excessif par de nombreux observateurs.
Vers un statut renforcé du Chef de file de l’opposition
Autre demande clé : l’intégration du statut du Chef de file de l’opposition dans la Charte des partis politiques. Bien que cette fonction ait été officialisée en 2015, elle ne figure pas dans le texte actuel. Les signataires réclament aussi une reconnaissance protocolaire et sécuritaire alignée sur celle des présidents d’institutions, ainsi que l’octroi de passeports de service aux leaders de formations ayant atteint un seuil d’élus défini.
Participation active au processus électoral
Les partis politiques souhaitent également être impliqués dans l’audit du fichier électoral, dans un souci de transparence et de crédibilité des futurs scrutins. Ils insistent sur la nécessité de maintenir un dialogue constant avec les autorités afin de garantir des réformes inclusives et consensuelles.
Un consensus presque total, avec quelques absences notables
Parmi les signataires figurent des partis influents comme le RpDM, CNID-FYT, EDR, URD, PRVM-Fasoko, PSR, CODEM, APR, YELEMA, PDES, PARENA, PACP, ADEMA-PASJ, ASMA-CFP et RDS. En revanche, le RPM, ancien parti au pouvoir, bien que non signataire de la déclaration commune, a formulé des propositions similaires qu’il a soumises directement au gouvernement.
Désormais, le gouvernement devra examiner ces suggestions et trancher sur les amendements à apporter à la Charte des partis politiques, une étape cruciale dans l’évolution du paysage politique malien.
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Moussa Keita
Source: Bamada.net