La relecture de la Charte des partis politiques, amorcée récemment au Centre international de conférences de Bamako, est bien plus qu’un simple exercice institutionnel : c’est un moment clé de notre histoire politique. Initiée par le Congrès National d’Initiative Démocratique Faso-Yiriwa Ton (Cnid-FYT), cette rencontre a réuni les principaux acteurs politiques du pays pour réfléchir sur le système multipartite, ses forces, ses faiblesses, et la manière dont il pourrait évoluer pour mieux servir les intérêts du Mali et de ses citoyens.
Un Multipartisme à Réinventer
Bamada.net-L’une des propositions majeures issues de cette rencontre concerne le principe du multipartisme intégral. Un principe qui, à première vue, semble évident pour une démocratie moderne, mais qui, dans le contexte malien, peut devenir un frein à l’efficacité politique. Me Mountaga Tall, président du Cnid-FYT, a fait part de son souci d’éviter un éclatement excessif des partis, un phénomène qui fragilise notre paysage politique et complique la gestion des affaires publiques. Le multipartisme, selon lui, ne doit pas être un principe sacré, mais un outil qui doit être rationalisé et encadré par l’État pour éviter son dysfonctionnement.
Il est nécessaire de repenser la manière dont les partis se structurent et interagissent. Le nombre de formations politiques en compétition n’a pas d’intérêt en soi si ce pluralisme se transforme en dispersion des voix et des énergies. Le pluralisme doit être un atout pour la démocratie, pas un obstacle à son efficacité.
Réduire, mais pas par la Force
La question de la réduction du nombre de partis a également occupé une place importante dans les discussions. Il ne s’agit pas ici de forcer une fusion des partis par des mesures coercitives, mais de promouvoir un regroupement volontaire et incitatif, fondé sur des principes communs et des idéaux partagés. Il est évident que l’éparpillement excessif des partis ne sert ni les intérêts du pays, ni ceux de la démocratie. Cependant, cette rationalisation doit se faire de manière responsable, avec des encouragements et non des contraintes. L’objectif est de rationaliser sans effacer la diversité des idées.
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Il est grand temps que nos partis politiques comprennent que leur rôle est d’abord au service de la nation et non d’intérêts purement personnels ou corporatistes. Cette réforme doit permettre une concentration des efforts et une véritable homogénéisation des partis autour des grands enjeux nationaux, afin de faciliter la gestion de notre pays.
Une Aide Publique Conditionnée par la Responsabilité
Autre proposition importante : le maintien de l’aide publique aux partis politiques, mais sous conditions strictes. Cette aide doit être un levier pour encourager la moralisation de la politique, et non un outil de perpétuation de pratiques douteuses. Le contrôle et la sanction doivent accompagner cette aide publique afin d’assurer une transparence totale dans la gestion des ressources allouées. C’est un principe de responsabilité qui doit guider toute action politique.
Il ne suffit pas de distribuer des fonds publics aux partis. Il est crucial de garantir que cet argent soit utilisé de manière transparente et dans l’intérêt du peuple. À défaut, l’aide publique pourrait bien finir par alimenter les dérives et les déviations qui ont trop longtemps marqué la politique malienne.
Un Dialogue Réussi, Mais des Enjeux à Venir
Il est encourageant de constater que, malgré les divergences politiques, les partis ont su trouver un terrain d’entente autour des questions essentielles concernant la réforme de la Charte des partis politiques. En dépit des tensions et des différences idéologiques, le consensus a prévalu sur l’intérêt national. Un signe de maturité et de responsabilité. Mais au-delà de ce dialogue, il reste encore beaucoup à faire.
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Le ministre délégué chargé des Réformes politiques, Mamani Nassiré, a demandé aux partis de soumettre leurs propositions finales d’ici le 14 mars 2025. Il est impératif que cette date ne soit pas seulement un point de passage, mais un véritable tournant dans le processus de réforme.
L’Indispensable Réflexion Politique pour l’Avenir
La révision de la Charte des partis politiques ne doit pas être perçue comme une simple formalité, mais comme une occasion de repenser en profondeur le système politique malien. C’est un processus qui doit aboutir à une véritable refondation de notre paysage politique, plus cohérent, plus responsable et plus efficace. Les partis politiques doivent se réinventer pour incarner des forces de proposition et de gouvernance, et non de division et de confrontation stérile.
Le rôle des partis dans la construction de la démocratie est irremplaçable. C’est en rassemblant leurs forces et en dépassant leurs intérêts individuels que nous pourrons construire un Mali plus fort, plus stable, et plus prospère. La politique doit être au service de la nation, et non l’inverse.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net