La Commission de rédaction de l’avant-projet de Charte pour la paix et la réconciliation nationale a franchi une étape décisive en rencontrant les partis politiques et associations politiques, mardi dernier au Centre international de conférences de Bamako (CICB). Ce rassemblement, marqué par une participation massive, a permis de mettre en lumière les préoccupations pressantes de la nation, notamment la quête de sécurité et de paix.
Un engagement inclusif
Bamada.net-Présidée par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, la commission a été saluée pour son approche inclusive, en alignement avec les directives du président de la Transition qui, dans son adresse du 31 décembre dernier, avait annoncé l’appropriation nationale du processus de paix. Cette réunion s’inscrit dans une série de consultations avec les forces vives du pays, un processus crucial pour garantir que tous les Maliens se sentent concernés et contribuent activement à l’élaboration de la Charte.
Contributions et interrogations
Les débats ont été animés, les représentants des partis politiques exprimant sans détour leurs appréhensions et leurs attentes. Nouhoum Togo de l’Union pour la sauvegarde de la République (USR) a souligné la détresse des populations du pays Dogon, incapables de cultiver leurs terres en raison de l’insécurité. Pour lui, la priorité est de rétablir un environnement où les citoyens peuvent vivre et travailler en paix.
Moussa Koné de l’Alliance des forces démocratiques (AFD) a plaidé pour la libération des détenus politiques, condition préalable à toute véritable réconciliation, tandis qu’Issa T. Dembélé a insisté sur l’importance du pardon pour instaurer une paix durable. Aboubacar Diallo du Parti démocrate malien (Padem) a soulevé la question de l’inclusion des déplacés et réfugiés dans ce processus, soulignant la nécessité de tirer les leçons des précédents accords de paix.
L’importance de la justice et des causes profondes
Soumaïla Diakité a rappelé qu’il ne peut y avoir de paix sans s’attaquer aux causes profondes de la crise, mettant en avant l’injustice omniprésente dans le pays. De son côté, Djiguiba Keïta du Parti pour la renaissance nationale (Parena) a lié la paix et la réconciliation nationale à la libération des responsables politiques détenus, tandis que Younous Hamèye Dicko du Rassemblement pour le développement et la solidarité (RDS) a exprimé ses doutes sur l’efficacité d’une nouvelle charte, au vu des échecs passés.
L’ancien ministre Oumarou Diarra a questionné la possibilité de décréter la paix, soulignant le décalage entre les initiatives prises à Bamako et la réalité sur le terrain.
Une étape vers l’unité nationale
Cette consultation marque une étape importante vers l’élaboration d’une Charte qui servira de référence pour toutes les initiatives visant la sécurité, la paix, la réconciliation nationale, et la cohésion sociale. La remise d’un questionnaire aux participants a permis de recueillir leurs opinions, assurant que les divers points de vue soient pris en compte.
Ousmane Issoufi Maïga a reconnu les difficultés profondes que traverse le Mali, appelant les Maliens à s’unir pour surmonter ces défis. La mobilisation des partis politiques et la franchise des échanges montrent une volonté collective de participer à la reconstruction nationale. Cependant, les questions soulevées et les attentes exprimées rappellent que le chemin vers la paix et la réconciliation est parsemé d’obstacles, nécessitant des actions concrètes et inclusives pour restaurer la confiance et l’espoir dans le futur du Mali.
Moussa Keita
Source: Bamada.net