Les discussions autour de la relecture de la Charte des partis politiques ont franchi une étape cruciale hier, au Centre international de conférences de Bamako. À l’initiative du Congrès National d’Initiative Démocratique Faso-Yiriwa Ton (Cnid-FYT), un large éventail de partis politiques maliens s’est réuni pour dialoguer sur l’avenir du système multipartite du pays. Un moment décisif dans un contexte où la politique malienne cherche à se réinventer pour mieux répondre aux défis contemporains.
Le Multipartisme : Un Principe à Conserver, Mais à Réguler
Bamada.net-L’un des points centraux de cette rencontre a été la question du multipartisme. Dans une situation où le pays compte un nombre impressionnant de partis politiques, la question du pluralisme reste essentielle. Toutefois, Me Mountaga Tall, président du Cnid-FYT, a insisté sur le fait que ce pluralisme ne doit pas se traduire par un éclatement excessif du paysage politique. « Nous devons conserver le multipartisme intégral, mais en évitant l’éparpillement inutile qui fragilise notre système démocratique », a-t-il affirmé.
La position du Cnid-FYT prône un multipartisme structuré, avec une intervention étatique pour assurer la cohérence et la pérennité des partis politiques. Ce n’est pas une remise en question du pluralisme, mais plutôt un appel à une organisation plus fonctionnelle et rationalisée des partis.
Réduction du Nombre de Partis : Un Processus Volontaire
La réduction du nombre de partis a été un autre sujet majeur de débat. Mais ici, Me Tall a précisé que cette réduction ne doit pas être imposée d’en haut, mais doit résulter d’un processus volontaire et incitatif. Ce n’est pas la coercition qui doit guider la fusion des partis, mais la responsabilité et la nécessité de regrouper des formations politiques autour d’idéaux communs et non de conserver des structures politiques qui n’apportent pas une réelle valeur ajoutée au pays. « Nous n’imposons pas une réduction, mais encourageons une logique de rassemblement », a-t-il ajouté.
C’est un appel à l’unité, à la consolidation des forces politiques autour de projets communs. Un objectif qui semble être plus que jamais une nécessité pour éviter un éparpillement politique qui nuit à la gouvernance du pays.
L’Aide Publique aux Partis : Transparence et Responsabilité
L’autre proposition phare de cette rencontre a été le maintien de l’aide publique aux partis politiques. Mais là encore, ce soutien ne doit pas être un chèque en blanc. Me Tall a proposé des conditions strictes pour que cette aide soit moralement et financièrement justifiée : contrôle, moralisation et sanction. « Nous voulons que l’aide publique serve véritablement à la consolidation de notre démocratie, et non à alimenter des intérêts personnels ou des dynamiques partisanes », a-t-il précisé.
Cette position vise à assurer une gestion plus transparente et responsable des ressources publiques, tout en incitant les partis à se structurer et à travailler dans l’intérêt de la nation.
Le Dialogue : Une Réussite Malgré les Divergences
Si la réunion des partis a permis d’aboutir à des propositions communes, elle a aussi prouvé que le dialogue était possible même lorsque les intérêts divergent. En dépit des nombreuses divergences politiques, les acteurs présents ont trouvé un terrain d’entente. Selon Me Tall, « sur 100 % des points inscrits à l’ordre du jour, nous avons réussi à nous entendre ». Ce consensus démontre qu’au-delà des divisions, l’intérêt national prime, et que l’unité autour des grands enjeux du pays est possible.
Cet esprit de coopération politique est un signe de maturité et de responsabilité dans la vie politique malienne. Un message fort, prouvant que les partis peuvent dépasser leurs intérêts individuels au service du bien commun.
Une Contribution Importante aux Réformes
À travers cette rencontre, les partis politiques ont montré leur volonté d’accompagner les autorités dans la révision de la Charte des partis. Me Tall a même estimé que les partis avaient facilité à 80 % le travail des autorités, offrant ainsi une contribution significative au processus de réforme. Le dialogue entre partis politiques et autorités publiques est essentiel pour garantir que la Charte des partis politiques révisée soit en phase avec les attentes des citoyens et les réalités du terrain.
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Le ministre délégué chargé des Réformes politiques, Mamani Nassiré, a, quant à lui, invité les partis à soumettre leurs propositions d’ici le 14 mars 2025. Ce délai marque une nouvelle étape pour aboutir à une réforme définitive.
Une Réforme Nécessaire pour l’Avenir Politique du Mali
Le processus de relecture de la Charte des partis politiques est bien plus qu’une simple révision législative. Il est l’occasion de repenser en profondeur le modèle politique malien, de renforcer les fondements de la démocratie et de garantir un système plus efficace et plus harmonieux. Les partis politiques ont un rôle irremplaçable à jouer dans ce processus, et leur implication active est la clé pour réussir cette réforme.
Alors que le Mali traverse des périodes de turbulences, cette initiative de révision de la Charte des partis pourrait bien être le catalyseur d’un renouveau politique, plus unifié et plus structuré, capable de répondre aux enjeux de la gouvernance contemporaine.
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Ladji Djiga Sidibé
Source: Bamada.net