’’Déconstruire les narratifs’’ contre les ONG internationales est l’un des objectifs du Le Café des ONG tenu ce mardi 24 juin à l’ACI 2000 de Bamako.
Lors de ce cadre, organisé par le Forum des ONG internationales au Mali (FONGIM), son président Mahmoud DIOP a affirmé qu’en 2024, ils ont investi plus de 240 milliards de FCFA au Mali dans le domaine de la santé, de l’éducation, de la protection, de l’humanitaire, entre autres.
Plusieurs directeurs-Pays, des coordinateurs des organisations non gouvernementales internationales ont participé à cette rencontre visant à briser les stéréotypes et à valoriser les actions humanitaires et de développement menées dans le pays.
« Aujourd’hui, nous sommes réunis pour désacraliser l’image qu’on peut se faire d’une organisation, qu’elle soit humanitaire ou de développement, nationale ou internationale. Souvent, on a une vision éloignée de la réalité, pensant que les ONG adoptent des postures contraires aux intérêts des communautés », a expliqué le président Mahmoud DIOP.
Aucun agenda caché
En dépit de leur engagement qui a permis de sauver de nombreuses vies à travers le pays, les ONG souffrent de certaines perceptions négatives. Face auxquelles, le président DIOP reconnaît la nécessité de communiquer en langage simple : « Nous devons montrer et dire ce que nous faisons réellement sur le terrain, nous ouvrir aux médias, aux influenceurs, pour qu’ils comprennent notre métier et partagent leurs perceptions. »
Pour lui, cette démarche vise à établir un dialogue franc, permettant de clarifier la valeur ajoutée des ONG et leur complémentarité avec les autorités locales et nationales.
« C’est seulement ainsi qu’on arrivera à s’expliquer concrètement notre travail et notre communion avec les communautés », a-t-il ajouté.
Malgré le contexte sécuritaire difficile, le personnel des ONG, au risque de leur vie, donne le meilleur d’eux-mêmes en vue de soulager ces communautés qui expriment leur désarroi à l’absence notamment des services sociaux de base.
« Nous sommes présents partout dans le pays, partout où le besoin se fait ressentir, où l’accès aux services sociaux de base est réduit et où on a des besoins spécifiques qui concernent les communautés spécifiques comme les communautés qui sont déplacées. Nous nous devons d’être là, d’accueillir ces communautés déplacées et de leur donner le minimum d’assistance pour qu’elles puissent, sur un délai très court, avoir de quoi se nourrir, de quoi se vêtir, de quoi s’abriter… », a expliqué M. DIOP ; avant de préciser : « Nous intervenons dans la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire, les moyens d’existence, l’eau, l’hygiène, l’assainissement et la protection. Là où les services techniques font défaut, nous sommes là pour répondre aux besoins. »
Il a également tenu à rappeler que les ONG opèrent dans un cadre légal strict et sur autorisation du gouvernement, tout en affirmant : « Chaque projet est soumis à son approbation (le gouvernement), et les organisations non conformes sont sanctionnées. Si nous sommes encore là, c’est parce que notre travail est reconnu. »
Par ailleurs, le président du FONGIM a réfuté les idées reçues concernant une éventuelle ingérence des ONG dans la déstabilisation du pays. « Nous sommes des êtres, nous sommes des combattants pour l’accès des services sociaux et des droits fondamentaux. Il n’est pas dans nos intentions de nuire. On n’a rien à cacher. On n’a pas d’agenda caché. Notre motivation, ce sont les communautés », a-t-il insisté.
Des milliards mobilisés
Lors de la cérémonie, Fanta KONÉ, directrice adjointe du FONGIM, a présenté un bilan chiffré de certaines actions menées par les ONG internationales membres en 2024, témoignant de leur impact sur la vie des Maliens.
Sur le plan de l’éducation, 880 écoles ont été soutenues, 122 851 enfants scolarisés dans le système classique, 10 925 enfants inscrits dans les centres de Stratégie de scolarisation accélérée passerelle (SSA/P), et 295 salles de classe construites ou réhabilitées.
Concernant la santé, plus de 556 centres de santé appuyés en médicaments, vaccins et équipements ont été rendus possibles grâce à l’investissement des ONG, contribuant à la réduction de la mortalité infantile et maternelle.
Abordant la question de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance, elle a affirmé que les ONG ont aidé 868 789 personnes et apporté une assistance financière à 67 271 personnes.
En outre, elle a révélé que le FONGIM, fort de plus de 110 membres, contribue à la lutte contre le chômage dans le pays.
Ainsi, les ONG, a-t-elle précisé, ont créé plus de 3 801 emplois locaux directs, stimulant l’autonomisation et le développement économique local.
« Ces chiffres ne sont pas que des statistiques : ils représentent des vies transformées, des espoirs restaurés », a affirmé Fanta KONE, insistant sur l’engagement des ONG envers la transparence et la redevabilité vis-à-vis des populations servies et des partenaires.
Appuyant ces chiffres, le président DIOP a déclaré que le FONGIM, à travers seulement 69 de ses membres sur plus de 110, a investi dans notre pays en 2024 plus de 250 milliards de FCFA dans de nombreux secteurs.
Imaginons le gap à combler pour l’État si toutes les ONG devaient quitter le pays ?
PAR SIKOU BAH