L’Organisme des Nations unies d’aide humanitaire a partagé, ce 28 janvier 2020, son rapport périodique sur la crise humanitaire au Mali. Cette année, la période de soudure sera très dure pour le Mali, a prévenu OCHA. Ainsi, 4,9 millions de Maliens risquent d’être frappés par insécurité alimentaire.
OCHA a rendu public les conclusions de son rapport sur la situation humanitaire au Mali, ce mardi 28 janvier. La mission onusienne a établi un tableau humanitaire très alarmant. Selon le rapport, la situation s’est très détériorée par rapport en 2019 par rapport à 2018.
« Environ 3,6 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire, dont près de 650 000 sont en insécurité alimentaire sévère et avaient besoin d’une assistance alimentaire d’urgence. A titre comparatif, 185 000 personnes étaient en insécurité alimentaire sévère à la même période en 2018 », indique le rapport.
Egalement, OCHA ajoute qu’en janvier 2019, environ 415 800 personnes (cadre harmonisé novembre 2018) avaient besoin d’une assistance immédiate contre 1,1 million de personnes à la même période en 2020 (cadre harmonisé novembre 2019).
Selon le document, cette hausse se justifie par un surplus de personnes dans le besoin dans six secteurs sur sept, à cause de la persistance des conflits dans le nord et de leur extension dans de nouvelles zones au centre du pays accroissant ainsi les besoins dans les secteurs des abris, de l’eau, de l’hygiène et l’assainissement, de l’éducation, de la nutrition, de la protection et de la santé.
Aussi, elle prévient que la situation ne change pas positivement, la période de soudure prochaine risque d’être difficile au Mali.
« Durant la période de soudure de juin à août 2020, près de 4,9 millions de personnes seront en situation de risque ou d’insécurité alimentaire dont 1,1 million en phase sévère », a alerté la Mission onusienne. Avant de commenter que ces chiffres représentent le niveau le plus élevé enregistré au cours des cinq dernières années.
Et les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et Ségou seront les plus affectées où le taux de violence ou de conflits sont encore élevé. Cette crise alimentaire sans précédent est favorisée par l’insécurité. Egalement, à cause de cette situation, les surfaces de culture ont diminué. A Mopti notamment, près de 20% des villages n’ont pas ou ont peu cultivé en 2019, la période de soudure s’étend sur presque toute l’année. Le besoin d’assistance alimentaire est continu dans ces zones.
En outre, le rapport constate le déplacement forcé de milliers de personnes et qui n’ont pas accès à leurs champs ou à d’autres activités génératrices de revenus. Selon les données de la Commission Mouvement de Populations publiées, au mois de novembre, le pays comptait plus de 201 000 personnes déplacées internes dont plus de 100 000 nouvelles personnes déplacées enregistrées en 2019.
« Ces déplacements ont eu pour conséquence, une baisse significative de la production agricole et la perte du bétail. De plus, le confinement de certaines communautés vivant dans les zones de conflit limite leur accès aux marchés et aux moyens de subsistance », indique le document.
De même, l’école n’est pas restée en marge des constats du rapport de l’Organisme onusien relevant que depuis plus de trois ans, elle subit les effets des conflits. En effet, selon OCHA, en 2019, l’année scolaire a été perturbée pour 333 900 élèves suite à la fermeture de 1 113 consécutivement à l’insécurité.
Par Sikou BAH
INFO-MATIN