L’amour rend aveugle, a-t-on coutume de dire. Aba était aux anges ces temps-ci avec ces vacances. Même s’il ne passait pas plus de Dika, il était content de la présence de celle là à coté de lui. Cette seule présence le rassurait car il pensait que Dika est hors des prédateurs.
Mais seulement un nouvel élément s’invite dans la danse. Il s’agit d’Elizabeth. La première rencontre d’Aba avec la toubab a marqué le jeune étudiant. Il a apprécié l’accueil que la toubab lui avait réservé. Aba n’avait jamais compris cette amitié à son égard même s’il pensait souvent que c’est par devoir de reconnaissance envers son oncle qui s’est bien occupé d’Elizabeth quand elle était en visite chez l’oncle.
Le premier cours d’Aba chez la toubab était prévu pour ce samedi. Il était très motivé pour deux raisons. La première est que c’était sa première expérience pour enseigner un étranger, et la deuxième parce que ça allait lui permettre d’avoir un peu d’argent. Quarante minutes ont suffit pour qu’Aba soit chez Elizabeth. Elle l’attendait aussi avec impatience dans son salon. C’est d’ailleurs là-bas que les cours se sont tenus. Mais auparavant ils bavardent une quinzaine de minutes.
Aba, demanda Elizabeth avec son accent particulier, ça fait longtemps, je croyais que tu allais reporter les cours d’aujourd’hui aussi parce que c’était la troisième fois que Aba repoussait la date.
Elizabeth avait une notion élémentaire en bambara. Elle savait déjà comment saluer, se présenter et se dire au revoir. Même si c’était avec un accent particulier. Elle posa pas mal de questions à Aba. Des questions qui mettaient souvent mal à l’aise le jeune. Elizabeth est même allée à demander à Aba s’il sortait avec quelqu’un et Aba s’est contenté d’un sourire. Il n’a pas dit à Elizabeth sa relation avec Dika parce qu’il avait honte. Elizabeth avait certainement honte, mais ses questions avaient leur sens. Si c’était une malienne Aba allait vite comprendre que réellement la fille est amoureuse de lui mais comme c’était une étrangère, c’était difficile pour lui à cause de la diversité culture.
Après les cours qui ont duré 1h 30 minutes, Elizabeth paye les honoraires et demanda à Aba de rester pour prendre un peu de verre. Aba voulait décliner l’invitation mais Elizabeth insista. Tu sais Aba, mes parents me manquent beaucoup et tu sais que je me sens bien avec toi. C’est vrai que nous nous sommes connus il y a juste quelque moment mais j’avoue que quand je suis avec toi au téléphone je me sens en sécurité. Aba resta jusqu’à une heure avancée. Ensemble ils ont regardé la télé, écouté de la musique et Elizabeth a préparé la macoroni. Elizabeth n’a pas bu cette soirée, elle a juste pris du jus de mangue et du thé malien qu’Aba a fait.
Tout au long de la soirée, Elizabeth ne cessait de regarder Aba. A chaque fois les yeux se croisaient et elle souriait. Elle fixait Aba à chaque fois qu’elle lui adressait la parole. Regarder quelqu’un dans les yeux pour les européens entraîne ce que l’on appelle une activation. Cette personne va augmenter son niveau d’excitation émotive. Elle se sent plus impliquée, comme si on allait lui poser une question ou lui demander quelque chose. C’est pourquoi, quand vous voulez que votre échange prenne un tour personnel, regarder l’autre dans les yeux est une attitude bien adaptée. D’ailleurs, les gens qui s’aiment, qui sont à l’aise ensemble, se regardent beaucoup plus dans les yeux. Pourquoi ? Parce que se regarder ainsi signifie : « je suis prêt à accepter ce que tu me demanderas. » Et quand on s’aime, on est prêt à accepter avec plaisir de répondre à une demande. Quand il s’agit de quelqu’un de moins proche, ce regard plutôt intime peut être intéressant. Si vous avez une demande à faire à l’autre, faites-le directement et rapidement à partir du moment où vous le regardez dans les yeux. Le fait de l’avoir fixé ainsi augmente vos chances qu’il accède à votre demande. Au contraire, les personnes timides qui n’osent pas vous regarder dans les yeuxont moins de chances de voir accepter leurs demandes. Mais regarder l’autre dans les yeux peut aussi le mettre mal à l’aise, dans le cas où vous tardez à lui exprimer votre demande. Votre interlocuteur réagit par une gêne comme s’il s’interrogeait : « Que cherchez-vous ? » ; « Qu’allez-vous bien lui demander ? » Il se sent dans le flou et cela génère une tension désagréable.
Il se faisait tard et Aba devrait rentrer, mais auparavant, Elizabeth lui proposa de partir en boite la semaine suivante. Cela coïncide avec un jour des cours.
On en discutera le samedi à la fin du cours , souligna Aba avant de se rendre à la maison.
A suivre…