La scène politique malienne s’est encore illustrée par un événement aussi spectaculaire qu’énigmatique : la passation de pouvoirs entre le Dr Choguel Kokalla Maïga et le Général de Division Abdoulaye Maïga, orchestrée dans une atmosphère où le sourire des acteurs n’aura trompé personne. Sous les projecteurs de la cérémonie officielle, un échange de courtoisies feintes camouflait à peine les fractures profondes entre les deux hommes, désormais symboles d’un équilibre fragile au sommet de l’État.
Un duel politique sous le vernis institutionnel
Bamada.net-La Transition malienne, marquée par ses défis sécuritaires, institutionnels et sociaux, repose aujourd’hui sur un remaniement au sommet, lequel illustre davantage des luttes d’influence que des convergences idéologiques. En effet, le Dr Choguel Kokalla Maïga, dont la verve a souvent été acérée à l’égard de ses détracteurs, quitte la Primature après avoir dénoncé, parfois publiquement, une marginalisation au sein de l’appareil de décision. Ses critiques à l’égard des militaires au pouvoir, notamment lors du meeting du 16 novembre dernier, résonnent comme une tentative ultime de défendre un legs qu’il juge menacé.
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Face à lui, le Général Abdoulaye Maïga, stratège discret mais redoutablement efficace, revient sur le devant de la scène. Déjà éprouvé à ce poste lors de l’intérim, il incarne une continuité pragmatique voulue par les autorités de transition. Ce choix, loin d’être anodin, consacre la mainmise des figures militaires sur les arcanes du pouvoir. En d’autres termes, ce remaniement n’est pas seulement un ajustement technique, mais le reflet d’une redistribution des cartes dans un jeu où alliances et rivalités s’entrelacent.
Des enjeux bien plus vastes que les hommes
Au-delà des personnalités, c’est l’avenir de la Transition qui se joue. Le renvoi de sept ministres proches de Choguel, parmi lesquels des figures emblématiques de la refondation et des réformes, semble marquer une rupture nette avec une orientation civilo-militaire qui peinait à trouver son harmonie. Le nouveau gouvernement, allégé des influences du M5-RFP, se veut homogène et résolument orienté vers la gestion des priorités actuelles, notamment l’organisation des élections et la réforme institutionnelle.
Cependant, cette apparente stabilité masque des turbulences latentes. Le Dr Choguel, fort de sa base politique et idéologique, ne restera certainement pas en retrait. Son repositionnement stratégique au sein du M5-RFP et du MPR montre qu’il compte bien peser dans les futurs débats nationaux. D’un autre côté, le Général Abdoulaye Maïga, dans son double rôle de Premier ministre et de ministre de l’Administration territoriale, aura la lourde tâche d’orchestrer des élections inclusives et crédibles, tout en consolidant la confiance de la population.
Un tournant décisif ou une impasse prolongée ?
Le Mali traverse une période critique où chaque décision politique a des répercussions profondes sur la cohésion nationale. Alors que le pays est scruté par ses partenaires et son peuple, la Transition doit se recentrer sur les véritables priorités : la restauration de la sécurité, la relance économique et la réconciliation nationale. Les querelles d’égos et les rivalités de factions risquent de détourner l’attention des urgences, au détriment de l’intérêt général.
Pour réussir, le gouvernement de transition devra transformer cette lutte interne en une opportunité de dépassement. Il ne s’agit plus de savoir qui occupe quelle fonction, mais de démontrer une volonté collective d’œuvrer pour un Mali nouveau. Si les accolades de la passation de services masquent encore des rancœurs, elles doivent, à terme, céder la place à un véritable consensus au service de la nation.
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La transition n’est pas un exercice de style, mais un rendez-vous avec l’histoire. À chacun d’en faire une occasion de grandeur ou une simple parenthèse amère.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net