L’ONG « Avocat sans frontières » ouvre un nouveau chantier dans notre pays. Il s’agit d’un projet appelé « Justice, prévention et réconciliation » (JUPREC) destiné à faciliter l’accès à la justice des personnes affectées par la crise dans le nord du Mali et à renforcer les droits dans un contexte de restauration de la paix et de la stabilité. Le projet consiste à former des jeunes avocats stagiaires et s’étendra sur 5 ans. Son lancement officiel a eu lieu mardi au siège d’Avocats sans frontières à Kalaban-Coura en Commune V du District de Bamako.
La cérémonie a été présidée par le président de l’ONG au Mali, Me Seydou Doumbia, et en présence du président de JUPREC Gervais l’Heureux, d’un représentant de la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP), Jérémie Coulibaly, du directeur adjoint de la Cellule de planification et de statistique (CPS) du ministère de la Justice et des Droits de l’homme, Bazanni Dembélé, et de la responsable du volet « Aide juridique et assistance judiciaire » (AJAJ) de l’ONG, Mme Oumou Bolly Diallo.
Initié par un consortium formé par Avocats sans frontières Canada (ASFC), le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) et l’École nationale d’administration publique (ENA), le projet JUPREC est financé par le ministère des Affaires extérieures, du Commerce et du Développement du Canada.
La première activité est un stage formation de 11 mois pour 12 jeunes diplômés de la FSJP. Ceux-ci seront placés auprès de trois cabinets d’avocat à Bamako. Les stagiaires sont âgés de 20 à 35 ans, voire un peu plus. Ils sont détenteurs d’une maitrise en droit et suivront différents modules. Le premier trimestre sera consacré au système judiciaire malien, notamment l’organisation et le fonctionnement judiciaires, le rappel de la hiérarchie des normes juridiques et celui des principes généraux du droit pénal.
Le deuxième trimestre sera dédié d’abord aux instruments et aux mécanismes juridictionnels et non juridictionnels, régionaux et internationaux, à la promotion et la protection des droits de l’homme et ensuite à l’étude et aux recherches thématiques, à des travaux de groupe, exposés et débats. Le troisième trimestre va parachever la formation à travers des cas pratiques, des enquêtes sur le terrain, des montages d’actes de procédures (requêtes, plaintes, lettres, mémorandum, etc.). Les 2 mois restants seront axés sur le rapport de stage et l’évaluation afin de s’assurer que les stagiaires répondent effectivement aux attentes de la formation.
Le projet JUPREC adopte « une approche d’accompagnement et de subsidiarité qui place les partenaires maliens au cœur des orientations du projet et en fait les maîtres d’œuvre de la plupart des activités », a expliqué son président soulignant que la stratégie d’égalité entre homme et femme est structurée autour de deux axes : la promotion, la protection et la défense des droits des femmes et la participation des femmes aux processus décisionnels liés à la lutte contre l’impunité, la réconciliation, la prévention des conflits, y compris la justice transitionnelle.
Selon Me Seydou Doumbia, c’est la toute première fois que de jeunes diplômés en droit ont cette opportunité. Il a souhaité que ces 12 jeunes stagiaires réussissent ensuite le concours d’entrée au barreau et accèdent à d’autres professions juridiques ou judiciaires de manière à donner le meilleur rendement au Mali. « Cela est un signal fort pour le changement », a estimé le porte-parole des jeunes stagiaires, Abdoulaye Madiougué.
« C’est notre contribution à l’émergence des ressources humaines qualifiées ayant pour vocation l’aide juridique et l’assistance judiciaire en vue d’un meilleur accès des populations vulnérables, notamment des mineurs et des femmes à des services de justice au Mali », a précisé le directeur de JUPREC, Gervais l’Heureux, avant de citer Nelson Mandela : « priver les gens de leurs droits fondamentaux revient à contester leur humanité même ».
Diadji DIARRA
source : Essor