A la veille de la conférence internationale qui s’ouvre à Amsterdam, des experts lancent un avertissement sur les difficultés à financer la lutte contre ce virus
La lutte contre le sida a besoin de milliards de dollars supplémentaires, faute de quoi l’épidémie risque de repartir de plus belle, ont averti des experts dimanche 22 juillet à Amsterdam, à la veille de l’ouverture de la conférence internationale sur cette maladie. « Nous allons avoir des problèmes si nous n’avons pas davantage d’argent », a estimé Mark Dybul, un chercheur et diplomate américain, lors d’un colloque organisé avant la grand-messe de la lutte antisida, de lundi à vendredi.
M. Dybul est un ancien dirigeant du Fonds mondial de lutte contre le sida, fondation qui investit dans la lutte contre cette maladie. Le pire scénario selon lui : que le manque de financement se conjugue avec le risque d’une explosion des nouvelles infections à cause de la démographie galopante dans certains pays durement touchés, particulièrement en Afrique. « Mélangez ces deux éléments et vous aboutirez à une crise majeure », a-t-il mis en garde, craignant que « le monde ne perde le contrôle de l’épidémie ».
Sept milliards de dollars par an
Aujourd’hui, 36,9 millions de personnes vivent avec le virus VIH, en espérant qu’il ne s’aggrave pas en sida. Le nombre d’infections baisse et pour la première fois depuis le début du siècle, le nombre de morts annuel est passé sous un million en 2016 (990 000) puis 2017 (940 000). Mais l’Onusida, l’instance de lutte contre le sida de l’ONU, estime à 7 milliards de dollars par an les financements manquants pour que cette maladie ne soit plus une menace pour la santé publique mondiale en 2030.
La communauté des chercheurs et des associations craint surtout une baisse des dotations américaines. Depuis l’élection de Donald Trump, les Etats-Unis, le premier contributeur historique de la lutte contre le sida, ont prévu des coupes budgétaires, qui n’ont pour l’heure pas été adoptées par le Congrès.
« A moins de prendre des mesures drastiques, nous ne parviendrons même pas à nous approcher » du but fixé pour 2030, a souligné Nduku Kilonzo, du Conseil national kényan de contrôle du sida. « Nous sommes très, très loin de notre but, non seulement en termes d’élimination du sida, mais simplement de prévention », a-t-elle martelé, en soulignant que les fonds dédiés à la distribution de préservatifs avaient fortement baissé.
Le Monde