Des policiers marocains sont venus prêter main-forte à leurs collègues de la police française pour identifier des mineurs marocains, en errance, dans la capitale française. Ce sont des enfants des rues, souvent incontrôlables, des jeunes sans-papiers, parfois source de troubles, dans le quartier multiculturel de la Goutte d’Or, dans le nord de Paris.
Depuis le 18 juin, ce sont six agents des ministères marocains de l’Intérieur et des Affaires sociales qui ont été déployés à Paris. C’est dans le cadre d’un accord administratif signé entre la préfecture de police et l’ambassadeur du Maroc en France Chakib Benmoussa, ex-ministre marocain de l’Intérieur, que cette équipe a été dépêchée au début du mois de juin. Sa mission doit prendre fin dans quelques jours et sera peut-être renouvelée.
Ces policiers doivent aider à l’identification des mineurs marocains placés en garde à vue. En 2017, ils étaient 813. Ce sont des jeunes qui, selon le ministère français de la Justice, refusent en général les prises en charge et fuguent des dispositifs de placement.
Ces jeunes Marocains, souvent abîmés par la drogue, vivent de larcins et dorment dans des squares de la capitale.
Quelle perspective au retour au Maroc?
D’après la chancellerie, cette mission tentera de « rétablir les liens familiaux, voire d’envisager le retour de ces jeunes au Maroc, s’il est établi que ce retour correspond à l’intérêt supérieur de l’enfant ». Ces policiers marocains devraient procéder à des auditions après des interpellations de la police française. Si le jeune mineur fait l’objet d’un signalement de la part de sa famille au Maroc, il pourra alors être rapatrié. Si l’enfant n’est pas signalé, les ministères marocains et français de la Justice tentent de trouver un accord pour garantir « la protection des mineurs » tout en procédant à leur éloignement jusqu’au Maroc.
L’envoi de ces fonctionnaires marocains dans la capitale française suscite néanmoins de vives critiques dans les rangs des défenseurs des mineurs étrangers. Ils s’interrogent, en effet, et en particulier, sur le devenir de ces enfants et adolescents si ces derniers retournaient chez eux. Selon les associations, certains de ces jeunes auraient été victimes de violences dans leur famille, voire victimes de réseaux de traite d’êtres humains.
La présence de cette équipe en France suscite des réactions mitigées de la société civile au Maroc qui compte 25 000 enfants des rues, la plupart dans les grandes villes. Isolés après un drame familial, le décès des parents ou une misère profonde, ces enfants arrivés en ville se déplacent en bande et se laissent peu approcher. Le tissu associatif marocain a bien du mal à les réinsérer, souvent violents, toxicomanes et sans aucune attache.
RFI