Les jurés de la Cour d’assises spéciale pour les crimes économiques et financiers ont décidé de renvoyer, en octobre dernier, le dossier de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires devant la Chambre d’Accusation de la Cour Suprême pour complément d’informations.
Le ministère public avait fait savoir que les accusés pouvaient en attendant faire une demande de mise en liberté provisoire. Mais contre toute attente, l’ancienne ministre, Bouaré Fily Sissoko, et le Colonel Dabitao se sont vus refuser la liberté provisoire !
Le procès de l’affaire de l’avion présidentiel et des équipements militaires, qui était très attendu par les Maliens, s’est tenu à un moment où plusieurs protagonistes devant aider à trier le vrai de l’ivraie était abonnés, certains pour raison de décès (IBK, Soumeylou Boubèye Maïga), et d’autres pour refus de se soumettre à la justice, notamment les Sidi Mohamed Kagnassy, Amadou Kouma, Moustapha Ben Barka et bien d’autres. Mais il a été programmé quand-même dans le cadre de la session d’Assises spéciales sur les crimes économiques en septembre, avant d’être renvoyé devant la Chambre d’Accusation de la Cour Suprême pour complément d’informations. La Cour, tout au long des débats, s’est heurtée à des obstacles.
En effet, ni le ministère public encore moins le Contentieux de l’Etat n’a pu fournir de preuves probantes pour étayer la culpabilité des accusés.
Alors que pour la défense, Bouaré Fily Sissoko et coaccusés ne sont coupables de rien. «M. le président, en l’état, le parquet et le contentieux de l’Etat n’ont aucune preuve qui démontre la culpabilité de nos clients. Tout ce qu’ils avancent comme argument ressort de la pure spéculation. Il faut tirer vos conclusions de cet état de fait en déclarant que nos clients ne sont pas coupables en les acquittant purement et simplement. Le peuple saura que vous avez rendu une justice juste et équitable», avait plaidé l’un des avocats de Bouaré Fily Sissoko avant que la Cour prenne la décision de renvoyer le procès pour complément d’information.
A vrai dire, il s’est avéré nécessaire d’avoir les auditions des anciens Premiers ministres Oumar Tatam Ly et Moussa Mara, ainsi que Madani Touré, ex-ministre Délégué au Budget.
Si le parquet général et le Contentieux de l’Etat parviennent à apporter les documents introuvables au niveau du Trésor public et la comparution des personnalités mentionnées, le procès pourra alors reprendre. En attendant, le refus de la liberté provisoire affecte plus Mme Bouaré Fily Sissoko, elle qui, en dépit de son âge, est en prison depuis plus de trois ans. ■
MAÏMOUNA DOUMBIA
Le Soir de Bamako