Le désenclavent de cette zone permet d’écouler facilement les produits locaux vers les grands centres urbains comme Bamako ou Sikasso
De 2013 à nos jours, le désenclavement intérieur de notre pays, qui est au centre des préoccupations de nos plus hautes autorités, se poursuit à grand pas. La réalisation de la route Yanfolila-Kalana en est l’illustration parfaite. Longue de 52 km, le tronçon Yanfolila-Kalana est actuellement en construction (en bitume) avec un revêtement en enrobés denses BB d’une épaisseur de 5 cm sur une largeur de 2 x 3,5 mètres incluant des bandes d’arrêt d’urgence de 2 mètres dans les centres urbains. Les accotements de cette route comprennent un revêtement en enduit superficiel monocouche sur une largeur de 2 x 1,5 mètres.
Sa réalisation va contribuer à faciliter considérablement la liaison entre les villes de la localité. A cela, il faut ajouter la réduction des coûts du transport et des délais de parcours, l’amélioration de la sécurité routière et du cadre de vie des populations et, de façon générale, la réduction de la pauvreté. Les travaux, lancés l’an dernier, sont entièrement financés par le budget national à hauteur d’environ 19 milliards de Fcfa. Ils doivent être réalisés par l’entreprise COVEC-Mali en 15 mois.
«Les travaux de la route Yanfolila-Kalana se poursuivent normalement et dans les délais à la satisfaction des populations», assure Tahirou Koté, le préfet du cercle de Yanfolila avant de déplorer un autre problème relatif au pont sur le fleuve Balé, vieux de plus de 50 ans et qui commence à s’affaisser par endroits. Cette dégradation est certainement due à la forte quantité de pluies enregistrées cette année, dans la localité. «Une telle quantité d’eau n’a pas été enregistrée depuis plus de 20 ans, et c’est ce qui a joué sur le pont » a expliqué le préfet. En plus, il a rappelé que trois sociétés minières, dont deux à Kalana et une du côté de la ville de Koumana, opèraient dans la zone. Ces sociétés très importantes font passer beaucoup de matériaux lourds sur le pont. Tout cela a joué sur la passerelle qui est aujourd’hui en train de céder », a- t-il regretté. En guise de solution, un bateau se trouvant au niveau du Sankarani a été réquisitionné pour provisoirement assurer le trafic.
D’IMPORTANTS CHANGEMENTS- La nouvelle route bitumée, quant à elle, va amener beaucoup de changements dans la vie des populations. «Nous sommes un cercle frontalier, et cette route va faciliter la communication entre nous et nos voisins, particulièrement ceux de la Guinée. Il y a un grand bassin de production de mangues dans les arrondissements de Kalana et environnants. Ces mangues pourrissent généralement parce que des difficultés empêchent pour leur acheminement à destination », ajoute notre interlocuteur tout en déplorant le bitumage tardif de cette route. Par ailleurs, le préfet a salué tous les efforts déployés pour le dé-senclavement de sa localité. Au nom des populations du cercle de Yanfolila, il a remercié les autorités qui ont eu l’initiative de faire la route Yanfolila-Kalana qui améliorera le cadre de vie des populations.
Pour Mme Sidibé Rokia Diakité, 2ème adjointe au maire de la commune de Wassoulou Balé, la route Yanfolila-Kalana va changer beaucoup de choses dans la vie des populations. « De l’indépendance au début des travaux de cette route, il n’y avait pas de goudron pour relier Yanfolila à la ville de Kalana. Maintenant que les plus hautes autorités ont décidé de bitumer ce tronçon, cela va changer beaucoup de choses, notamment faciliter l’écoulement des produits de Kalana à Yanfolila et jusqu’à Bamako. Les évacuations sanitaires seront aussi facilitées pour les malades se trouvant à Kalana», a-t-elle expliqué.
Au plan du développement du cercle, un grand pas sera franchi car tant qu’un pays n’est pas désenclavé les échanges commerciaux restent très faibles. Lorsque les routes sont praticables, les produits s’échangent très facilement. Si avant, il fallait faire une heure ou même deux pour rallier Yanfolila- Kalana, avec le goudron, cela ne prendra pas plus de 30 mn», s’est réjouie Mme le maire. Elle a salué l’initiative du chef de l’Etat pour le désenclavement de notre pays car dans un pays où les voies de communication ne sont pas développées, on ne peut pas parler de développement, a-t-elle estimé. « Ce que le gouvernement est en train de faire en terme de désenclavement est une très bonne chose», témoigne Sitan Ba, habitante de Kalana. Visiblement très contente, cette mère de famille cultive des produits maraichers pour joindre les deux bouts. « Nous ne pouvons qu’encourager ce genre d’initiatives du gouvernement et nous leur demandons de continuer sur cette lancée car nous avons vraiment besoin de routes », a-t-elle déclaré. Si on développe les routes, le pays sortira du sous-développement et de la pauvreté, nous sommes un pays agricole, les gens cultivent et n’ont pas les moyens d’écouler leurs productions parce que la route est mauvaise. Une fois le goudron terminé, nous exhortons les usagers à en prendre soin car nous avons attendu cette route trop longtemps, a-t-elle poursuivi.
Satigui Sidibé, sexagénaire et transporteur de la compagnie Balimaya, a affirmé exercer le métier de transporteur depuis plus de 30 ans. Avec un air très joyeux, il raconte toutes les années difficiles et les déboires qu’il a vécus à cause du mauvais état de la route. Selon lui, cette route va sauver non seulement les transporteurs, mais également les voyageurs. «Nos véhicules ne vont plus tomber en panne à cause de l’état désastreux de la route, les passagers aussi pourront voyager à l’aise et seront épargnés des secousses et de la poussière.
Inaugurée en 2008, la route Bougouni-Yanfolila, quant à elle, aura engendré un boom économique selon le maire de la commune urbaine de Bougouni. Des activités de tout genre se sont développées avec la fluidité du transport et les échanges commerciaux entre le Mali et les pays voisins. Avant la réalisation du tronçon Bougouni-Yanfolila, Mamourou Coulibaly se souvient qu’on ne pouvait pas fixer une heure d’arrivée à Yanfolila à cause du très mauvais état de la route. «Avec la réalisation du goudron en 2008, le trajet peut se faire de nos jours, en moins d’une heure », explique-t-il. Pour lui, le désenclavement est le premier dénominateur du développement d’un pays, car sans route, il n’y a pas de développement, conclut-il.
Abdoul Karim COULIBALY
Source: Essor