L’Agence de développement régional offre l’opportunité à chaque Région de se développer dans tous les domaines à travers les collectivités et autres structures, en vue d’accompagner le processus de décentralisation et maximiser la réussite de la régionalisation
Les communes de la première région administrative du Mali perçoivent l’Agence de développement régional de Kayes (ADR) comme un levier pour assurer leur développement socioéconomique. Les Agences de développement régional ont été créées par l’ordonnance n°017/P-RM du 2 avril 2015 dans chaque Région du Mali et le District de Bamako dans le but de promouvoir la décentralisation et la régionalisation. Elles bénéficient du statut d’EPA (Etablissement public à caractère administratif). Initiées par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, les ADR donnent l’opportunité à chaque Région de se développer dans tous les domaines à travers les collectivités et autres structures, en vue d’étayer le processus de la décentralisation et maximiser la réussite de la régionalisation.
Le renforcement du rôle de la Région a été retenu, lors des Etats généraux de la décentralisation, comme moyen prioritaire pour approfondir la décentralisation au Mali. Cette orientation a été traduite dans le Document cadre de politique nationale de décentralisation qui a été adopté le 6 septembre 2017 par le gouvernement. Ainsi, le gouvernement a créé les Agences de développement régional pour afficher sa volonté de donner un coup d’accélérateur à la décentralisation. Il s’agit des structures techniques d’appui, avec un portefeuille d’actions, de ressources identifiées et des partenaires stratégiques pour assurer la pérennité de l’appui à la maîtrise d’ouvrage des collectivités territoriales.
Parmi les missions qui sont assignées à l’Agence de développement régional de Kayes, figurent la planification des opérations de développement et leur mise en cohérence avec les politiques publiques de l’Etat. De ce fait, cette Agence œuvre pour la consolidation des acquis des intercommunalités en vue d’asseoir une plus grande autonomie de celles-ci. Ces activités rentrent dans le cadre du programme de gouvernance citoyenne des territoires du GRDR. L’ADR a participé à la démarche DIO/PRIO de 2 intercommunalités (Benkadi et Gadiaga) et accompagne la création d’une nouvelle intercommunalité à Kita (Kita Kourou).
De sa création en 2016 à nos jours, l’ADR de Kayes a formé 30 communes dans le processus d’élaboration du PDSEC. Cette formation est destinée aux conseillers et agents communaux, à la société civile, aux services techniques déconcentrés et aux animateurs villageois. L’intervention de l’ADR a permis une diminution significative du coût d’élaboration du PDSEC (350 000 à 600 000 Fcfa par commune. S’agissant de la préparation et de la programmation des opérations de développement, le Conseil régional de Kayes a réalisé 8 études de projet dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de développement régional, des projets qui ont été validés par le CROCSAD et qui ont enregistré la participation de l’ADR.
Cette Agence est aussi engagée dans la définition du périmètre des collectivités minières et des types de ressources concernées. Il y a eu des discussions préliminaires avec 3 communes (Sadiola, Sitakily, Kéniéba) qui sont favorables à la mise en place d’un tel réseau dans la région de Kayes. Ces communes sont aussi disposées à participer au financement du processus. Il faut souligner que l’idée du réseau est partagée avec le GRDR, le SNGP (Sub-National Governance Program ou Programme de gouvernance locale) et le Projet d’Appui à la Gouvernance des Industries Extractives de la coopération technique allemande (PAGIE/GIZ).
Concernant la gestion des services des collectivités territoriales, la commune rurale de Karakoro a bénéficié de l’assistance de l’ADR pour la réalisation des études de faisabilité pour la construction de 3 marchés hebdomadaires à Teichibé, Boutinguisse et Kalinioro. L’Agence a aussi accompagné les 12 communes du Cercle de Yélimané, les communes de Sadiola et Kéménétambo dans l’élaboration de leurs comptes administratifs 2016.
Des efforts sont en cours pour aider les communes dans la mobilisation des ressources pour le financement du développement régional et local. Un forum régional sur la mobilisation des ressources fiscales et financières des CT a été organisé du 30 novembre au 2 décembre 2017 avec l’appui du SNGP. Lors de ce forum, les participants ont identifié des pistes de solutions pour l’accroissement et la diversification des recettes, la limitation des évasions fiscales, les exonérations octroyées par l’Etat et les mécanismes de compensation. «La Politique nationale de la décentralisation fait des collectivités territoriales, les premiers responsables du développement régional et local. Cependant, force est de reconnaître que ces collectivités territoriales disposent de peu de ressources pour le financement des actions de développement planifiées dans leurs Plans de développement économique, social et culturel (PDESC) et budgets. En outre, les collectivités territoriales ont d’énormes difficultés pour mobiliser les ressources disponibles. C’est donc en réponse à un cri du cœur que l’Agence de développement régional de Kayes, à travers son Programme d’appui à la gouvernance locale, soutient le forum », a assuré Mme Touré Kadidia Dienta, directrice générale de Mali SNGP.
L’ADR accompagne les négociations entre la commune de Sadiola et Yatela pour la délégation de la maîtrise d’ouvrage des projets initiés dans le cadre de la fermeture de la mine d’or de Yatela. L’Agence appuie également le Conseil de cercle de Kéniéba dans l’appropriation du Centre de formation de Gounkoto. L’objectif recherché est de réduire le chômage et promouvoir l’agro-business dans la zone. Par ailleurs, le directeur général de l’Agence de développement régional de Kayes, Séga Sow, a effectué une mission en France pour la réalisation du projet de gare routière de Lambatra avec la commune de Choisy.
Au chapitre des perspectives, l’Agence de développement régional de Kayes se propose de finaliser les PDESC des communes ; de prioriser la mobilisation des ressources financières dans les collectivités territoriales pour une exécution efficace de ces programmes. Elle entend favoriser le développement économique local à travers les financements innovants (PPP, financement participatif, migrants, bancaire, intercommunalité, parmi tant d’autres) et renforcer les capacités d’intervention et d’investissement. «Nous remercions le président de la République pour sa clairvoyance. Mais, nous souhaitons qu’il accompagne l’ADR, en renforçant ses activités, pour plus d’efficacité. Nous avons aussi besoin de l’appui des partenaires», a déclaré Séga Sow, directeur général de l’ADR.
En juin 2017, Séga Sow, avait indiqué à la presse, que l’Agence appuyait les collectivités dans le financement et le montage de projets. Elle a assisté 66 communes dans l’élaboration de leurs PDSEC, et favorisé la création de 15 intercommunalités regroupant 136 communes sur les 137 de la région. «L’ADR n’a que la subvention de l’Etat (194 millions de Fcfa) pour assurer son fonctionnement et appuyer les collectivités territoriales (42). Nos moyens ne nous permettent pas d’accompagner toutes les communes de la Région. Nous misons beaucoup sur la contribution de la population qui doit être sensibilisée sur le paiement des TDRL, dont le niveau de recouvrement n’atteint pas 10% dans certaines collectivités territoriales», assure-t-il.
L’ADR a doté la commune rurale de Gory Gopela de documents qui permettront au maire Yoro Dembélé et à l’ensemble de son Conseil communal de faire leur auto-évaluation, notamment dans l’exécution de leur budget. Grâce au concours de l’ADR, cette commune de 9 800 habitants s’est dotée le 12 septembre 2018, d’un nouveau PDSEC. Ce document contient les besoins prioritaires (construction d’une salle de conférence, approvisionnement des populations en eau potable) de la commune rurale de Gory Gopela. «La première chose que j’ai sollicitée de l’ADR, c’est l’élaboration du PDSEC. L’ADR ayant les ressources humaines compétentes nous a répondu favorablement. Elle nous a accompagnés durant tout le processus (enquête et élaboration) en 2017», a indiqué le maire Yoro Dembélé, en présence de Bakary Coulibaly, son 3ème adjoint.
La commune de Gory Gopela, selon son maire, s’attend à un appui technique de l’ADR. «Nous voulons avoir des ressources humaines qui pourront satisfaire nos besoins. On a trop souffert des sollicitations des bureaux d’études, dont les prestations sont coûteuses, pour l’élaboration de nos projets, surtout ceux destinés à l’ANICT», a assuré le maire Yoro Dembélé.
Bandé M. SISSOKO
AMAP-Kayes
Source: Essor