Le Premier ministre malien, Dr. Choguel Kokalla Maïga, a exprimé, lors d’un meeting au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), son mécontentement face à la gestion de la transition par les militaires. Devant une foule dense réunie le samedi 16 novembre, il a dénoncé son isolement dans la prise de décisions clés, suscitant des interrogations sur l’avenir de la collaboration entre son mouvement, le M5-RFP, et les autorités militaires.
Une critique ouverte de la gestion militaire de la transition
Bamada.net-Dans un discours de près de deux heures, le Premier ministre a abordé des sujets sensibles, notamment le report unilatéral de la fin de la transition initialement prévue pour le 26 mars 2024. Selon lui, ces décisions ont été prises sans concertation ni débat au sein du gouvernement. “Il n’est pas normal que le Premier ministre apprenne dans la presse que des élections sont reportées”, a-t-il martelé, dénonçant le manque de transparence et de collaboration.
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Choguel Maïga a également critiqué la prolifération des partis politiques, signalant que, contrairement aux résolutions des Assises Nationales de la Refondation (ANR) visant à réduire leur nombre, plus de 100 nouveaux partis ont vu le jour depuis 2021. Selon lui, cette multiplication des formations politiques pro-militaires complexifie davantage la gouvernance.
Des tensions grandissantes avec les militaires au pouvoir
La déclaration de Choguel Maïga met en lumière une fracture au sein des institutions de la transition. “Cela fait plus de deux ans que je demande à rencontrer les militaires pour discuter de l’avenir politique du pays, sans succès”, a-t-il déploré.
Le Premier ministre a également remis sur le tapis la controverse autour de la création de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE), qu’il considère comme un contournement des normes en vigueur. “Ce sont les pratiques que le peuple malien a combattues hier et qui refont surface aujourd’hui”, a-t-il fustigé.
Un appel à la clarification et à la réorientation
Malgré ses critiques, Dr. Choguel Maïga a rappelé l’importance de préserver l’unité nationale et la stabilité du Mali. Il a appelé à une réorientation de la transition, en insistant sur l’urgence de restaurer la confiance entre les institutions.
“Nous étions bien partis, forts de l’appui de la Nation. Aujourd’hui, ne sommes-nous pas en passe d’être dépassés ?” s’est-il interrogé, soulignant que les dissensions internes minent l’efficacité gouvernementale.
Quelle suite pour la transition ?
Cette sortie inattendue du Premier ministre a suscité de vives réactions, y compris dans l’entourage des militaires. Un proche du général Assimi Goïta, président de la transition, a qualifié cette prise de parole de “pure agitation”.
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Dans un contexte de tensions croissantes, la réaction des autorités militaires sera déterminante pour l’avenir de la transition. Le fossé entre le Premier ministre et les militaires semble se creuser, alimentant les spéculations sur une possible rupture au sommet de l’État.
Un avenir incertain
Alors que la transition malienne devait être une opportunité pour refonder le pays sur de nouvelles bases, les divergences internes risquent de compromettre cet objectif. Le Premier ministre a affirmé sa volonté de rester fidèle aux idéaux du Mali Kura (Nouveau Mali), tout en avertissant que “les pratiques du passé ne doivent pas ternir notre quête de renouveau”.
Transition malienne : le Premier ministre dénonce l’opacité et les dysfonctionnements des responsables militaires
Le débat est désormais ouvert : la transition malienne peut-elle encore atteindre ses objectifs dans un contexte de désaccords profonds entre civils et militaires ? Seul l’avenir nous le dira.
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Moussa Keita
Source: Bamada.net
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