Le Premier ministre Soumeylou Boubèye MAIGA s’est adressé à la société civile de Gao, avec un ton de fermeté et de vérité dans la salle de conférence du gouvernorat de la région. Selon lui, au moment venu, l’Etat mettra en exécution les décisions qu’il estime bonnes à Gao, une région réputée pour son opposition aux initiatives.
Accompagné des ministres Mohamed Ag ERLAF, Salif TRAORE et des membres de son cabinet, le chef du gouvernement a effectué une mission de quelques heures dans la Cité des Askia. Au cours de cette mission, la délégation du Premier ministre a tenu une conférence avec des acteurs de la société civile dans la salle de conférence de la région. Les échanges ont porté principalement sur la sécurité dans la région et le projet de réorganisation administrative et territoriale du pays.
Sur le deuxième sujet, le Chef du gouvernement, sans langue de bois, s’est adressé à la population de sa région tout en leur rappelant les bien-fondés de l’initiative. Selon lui, le projet de redécoupage territorial, contesté par des acteurs politiques, vise à prendre en compte les préoccupations de développement des localités. Il s’agit, en outre, de faire en sorte que les actions de l’Etat soient plus proches des communautés. C’est cela qu’il faut voir dans le souci de réorganisation administrative, contrairement à des rumeurs colportées par certains.
« Si on applique la loi actuelle, il faut un député pour 60 000 habitants. Et quand c’est moins de 60 000 habitants, c’est aussi un député. Ça veut dire que Founaiba, une commune de Taoudenit, avec 1200 habitants disposera du même nombre d’élus au même titre que Kangaba qui a 80 000 habitants. Cela n’est pas démocratique», a expliqué le Premier ministre. C’est pourquoi, poursuit Soumeylou Boubèye MAIGA, la réflexion a été initiée pour revoir les modalités d’élection des députés à l’Assemblée nationale.
Parmi les pistes de solutions, envisagées pour corriger cette injustice, il a été suggéré d’adopter un système où ce sont des listes par région et à la proportionnelle. Ce système permettra, a-t-il soutenu, à chaque région d’être représentée à l’Assemblée nationale, proportionnellement à sa population. Du coup, le débat sur la réorganisation territoriale et la représentativité des communes à l’Assemblée nationale sont deux choses différentes, contrairement à des rumeurs propagées par certains autour de ce sujet, a déclaré Soumeylou Boubèye MAIGA.
En même temps, pour répondre à des accusations de certains hommes politiques soutenant que l’Etat veut offrir une partie du territoire à des communautés, s’insurge SBM : « C’est eux qui cherchent des territoires pour des communautés et qui veulent nous amener dans un système où on va donner un territoire à chaque communauté».
Réaffirmant la volonté de l’Etat à aller à cette réforme, le Chef du gouvernement a prévenu qu’à Gao ou « ailleurs, l’Etat fera ce qu’il doit faire sans hésitation sans reculer devant les obstacles ». De même, il a déploré le boycott des concertations régionales, sur initiative par des habitants qui ont également empêché la tenue de ces échanges. Mais il pense que Gao continuera à s’opposer tant que la population ne réfléchira pas d’elle-même, en fonction de son intérêt. Ainsi, le Premier ministre soupçonne des populations de Gao de mener une lutte interposée.
« J’ai beaucoup de respect pour la marche du 22 novembre (NDLR : manifestation contre le projet de redécoupage territorial à Gao). C’est aussi une marche d’une partie de la population. Je ne peux pas comprendre que des gens qui sont tellement sûrs de leurs idées, ne peuvent pas s’asseoir devant tout le monde pour les dire. Au lieu de cela, ils empêchent d’autres de s’exprimer librement», a condamné le chef du gouvernement. Une attitude jugée « inadmissible et totalement inacceptable » par SBM.
Ce jour-là, selon le Premier ministre, l’Etat pouvait agir, mais il a préféré éviter le piège de la provocation. Maintenant il faut rechercher à savoir qui a intérêt à ce que la violence et l’insécurité persistent à Gao, demande Soumeylou Boubèye MAIGA. En tous cas, ce n’est pas l’Etat, a-t-il affirmé. « Mais si les gens continuent de respirer avec les narines d’autres personnes, vous n’arriverez jamais à ce qui vous arrange », a assené SBM, en répétant à plusieurs reprises qu’il faut à un moment donné se dire la vérité.
« Dans tous les cas, au moment venu, les décisions que je crois bonnes pour le pays et la population vont s’appliquer. Et ça, personne ne pourra empêcher le gouvernement d’avancer », a martelé le chef du gouvernement.
Par ailleurs, il a affirmé que la mise en œuvre de certains projets de développement comme réclamés par la société civile, ne peut pas se réaliser dans l’insécurité. Et l’Etat ne peut aussi prendre le risque de s’investir dans une zone où il n’y a pas de sécurité. Or, selon lui, la dégradation de la situation sécuritaire est en partie due à la population.
Par Sikou BAH
Source: info-matin