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Soixante ans après, le mythique African Queen de retour sur le Nil

Il y a soixante ans, dans le film du même nom, Humphrey Bogart manoeuvrait l’African Queen sur le Nil infesté de crocodiles. Aujourd’hui, le mythique bateau est de retour pour des croisières sur le fleuve.

african queen nil jinja ouganda

Restauré, l’African Queen, désormais propriété d’un amoureux du Nil, l’aventurier néo-zélandais Cam McLeay, a embarqué ses premiers passagers en décembre.

“L’African Queen appartient au Nil. Donc il était important que le bateau y revienne 60 ans après le tournage du film” éponyme, explique M. McLeay à l’AFP.

En 1950, Humphrey Bogart et Katherine Hepburn débarquent d’Hollywood en Ouganda avec une imposante équipe de tournage.

Le film, tourné en Ouganda et dans ce qui est aujourd’hui la République démocratique du Congo, raconte l’histoire d’une missionnaire américaine et d’un baroudeur canadien, capitaine de l’African Queen, qui, en dépit de tempéraments diamétralement opposés, finiront par tomber amoureux à l’issue d’une folle épopée sur le Nil.

Tiré d’un roman écrit en 1934 par C.S. Forester, le classique se déroule au tout début de la Première Guerre mondiale dans l’Afrique orientale allemande de l’époque, qui regroupe l’actuelle partie continentale de la Tanzanie et les actuels Rwanda et Burundi.

“En fait, il y avait deux bateaux, l’un au Congo, et celui-ci, l’African Queen du Nil”, explique M. McLeay. “Je suis très attaché au Nil. J’ai parcouru le fleuve dans toute sa longueur, de la Méditerranée à la source à Nyungwe” au Rwanda, poursuit-il, “j’ai descendu et remonté le fleuve pendant 16 ans”.

 

Recréer l’ambiance de l’époque

 

Tout commence dans les années 1990, quand il monte une entreprise de rafting et un gite écologique dans la région ougandaise de Jinja.

Très vite, il envisage un service de croisières en bateau, pour permettre aux touristes d’admirer levers et couchers de soleil sur le Nil, ainsi que le trésor ornithologique que la région recèle.

“Sur cette seule section (du Nil), nous avons plus de 100 espèces d’oiseaux. C’est magnifique d’être sur le fleuve, ici, sur l’Equateur, au moment du coucher du soleil”, glisse le Néo-Zélandais, père de trois enfants.

M. McLeay apprend l’existence de l’African Queen un peu plus tard, à l’occasion de vacances en famille sur l’archipel kényan de Lamu, connu pour ses traditionnels boutres de style arabe.

“Je cherchais un bateau africain authentique à faire naviguer sur le Nil et je pensais plutôt acheter un boutre swahili”, se souvient-il. C’est alors que le patron de l’hôtel où il séjournait lui a lancé : “Pourquoi n’achetez-vous pas l’African Queen? elle est ougandaise!”

Une semaine plus tard, M. McLeay prenait le thé chez Yank Evans, le septuagénaire qui avait retrouvé la coque abandonnée du bateau dans le parc ougandais de Murchison Falls (nord) 20 ans plus tôt, puis l’avait retapée. Le bateau, était désormais avec lui au Kenya.

Quand le Néo-Zélandais ramène à son tour l’African Queen sur les berges du Nil en Ouganda, il lui faut encore cinq ans pour démarrer son service de croisières. La coque avait beau avoir été restaurée, il fallait encore s’atteler au moteur à vapeur, vieux de plus de 100 ans.

Le bateau originel, spécialement construit pour le film de John Huston sorti en 1951, était doté d’un moteur diesel camouflé pour les besoins du tournage en moteur à vapeur.

C’est Yang Evans qui avait décidé d’un vrai retour aux sources, faisant venir un moteur à vapeur d’Angleterre. Mais quand M. McLeay en prit possession, la chaudière n’avait plus tourné depuis des lustres, se souvient Gavin Fahey, nouveau capitaine et mécanicien de l’African Queen. Le moteur a dû être entièrement démonté puis remonté.

Pour les croisières au soleil couchant, M. McLeay tente désormais de recréer l’atmosphère d’une époque où l’Afrique était encore, pour les explorateurs occidentaux, parsemée de vastes espaces vierges encore à découvrir.

“Gavin porte le même type d’habits qu’Humphrey Bogart. Les serveurs portent le fez, qui évoque le Soudan, où le Nil effectue la majeure partie de son voyage”, dit-il. “Et nous servons des gin-tonic, comme Humphrey Bogart les buvait dans le film”.

© 2014 AFP

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