Quatre personnes ont été tuées et plus de 50 blessées vendredi dans un attentat à la voiture piégée visant la police au Caire, à la veille des célébrations du troisième anniversaire de la révolte ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir.
L’Egypte s’apprête à célébrer samedi l’anniversaire de la “révolution du 25-Janvier”, lancée en 2011 dans le tumulte du Printemps arabe. En préparation de cette journée qui s’annonce sous haute tension dans un pays profondément divisé, policiers et soldats se déploient à travers le pays et notamment dans le centre du Caire, où se trouve l’emblématique place Tahrir.
Les attaques contre les forces de l’ordre se sont multipliées depuis que l’armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet. Jeudi encore, cinq policiers sont morts dans l’attaque d’un poste de contrôle routier à Beni Suef, à une centaine de kilomètres au sud du Caire.
Des dizaines de policiers et de soldats ont été tués dans ces attaques, revendiquées pour nombre d’entre elles par des groupes jihadistes qui affirment agir en représailles à la sanglante répression des pro-Morsi par les autorités dirigées de facto par les militaires.
L’un de ces groupes, qui dit s’inspirer d’Al-Qaïda, a revendiqué les attentats les plus spectaculaires, dont le dernier en date, fin décembre, avait fait 15 morts dans l’explosion d’une voiture piégée devant un QG de la police dans le nord du pays.
Bien que revendiquée par ce mouvement basé dans le Sinaï et sans lien connu avec les Frères musulmans de M. Morsi, les autorités ont attribué cette attaque à l’influente confrérie, la déclarant dans la foulée “organisation terroriste”. Depuis, ses dirigeants encourent la peine capitale et ses centaines de milliers de membres risquent des peines d’emprisonnement s’ils manifestent ou possèdent des écrits ou enregistrements de leur mouvement.
Appels à manifester
Vendredi, peu après l’attentat, au milieu des débris de verre, de fer et de bois, des dizaines d’habitants se sont réunis pour conspuer les Frères musulmans, comme cela a été le cas lors des récentes attaques. Plusieurs brandissaient des portrait du chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, le très populaire homme fort du pays qui avait annoncé à la télévision la destitution de M. Morsi.
Sous leurs pieds, l’explosion de la voiture piégée avait creusé un profond cratère dans la chaussée, détruit en partie la façade du QG de la police et celle du musée islamique situé en face, dans le centre du Caire, a constaté un journaliste de l’AFP.
D’une part, les pro-Morsi, emmenés par les Frères musulmans, appellent à manifester durant 18 jours, soit la durée de la révolte populaire qui a mis fin, le 11 février 2011, à trois décennies de pouvoir absolu de Hosni Moubarak.
Aussitôt après le soulèvement et le départ du raïs déchu, l’armée prenait les rênes du pouvoir pour seize mois avant de les remettre à Mohamed Morsi. Un an plus tard, elle déposait le seul président jamais élu démocratiquement d’Egypte et depuis, les autorités qu’elle a installées répriment dans un bain de sang ses partisans.
Samedi, en plus des islamistes, les opposants à l’armée issus des mouvements de la jeunesse et des courants progressistes devraient également manifester.
Et le gouvernement intérimaire, cherchant à contrer le mouvement, a appelé ses partisans à manifester en masse samedi pour contrer “le plan des Frères musulmans de semer le chaos”.
Par ailleurs, des responsables du gouvernement, et même de l’armée, annoncent à demi-mot depuis plusieurs jours que les manifestations pro-régime de samedi serviront aussi à légitimer encore un peu plus la très probable candidature du général Sissi à l’élection présidentielle promise pour 2014.
© 2014 AFP