Depuis le début de la grave crise politico-institutionnelle et sécuritaire en 2012, le système éducatif, dans le Nord de notre pays, à l’instar des autres secteurs de la vie, a connu des perturbations profondes tendant à hypothéquer son avenir. Le cas de la région de Kidal est singulier du fait de l’inexistence des symboles de l’Etat que sont les autorités régionales et les autres services techniques.
Le lycée public « Attaher Ag Illy » de Kidal a fermé ses portes depuis les premières heures de l’occupation de la ville. Ses locaux ont même servi de quartier général pour les occupants. L’administration scolaire est restée dans la capitale de l’Adrar des Iforas jusqu’aux évènements douloureux survenus suite à la visite du Premier ministre, Moussa Mara, en mai 2014. Aujourd’hui, les battants des salles de classe du lycée, les bureaux, les mobiliers, les manuels et les autres équipements sont enlevés, saccagés, emportés ou brulés. L’équipe d’administration est repliée à Gao en attendant son redéploiement. Le corps professoral, au nombre de 32 agents, est en partie aussi à Gao. Pour la reprise, pense le directeur national de l’enseignement secondaire général, Koro Monzon Koné, le lycée « Attaher Ag Illy » doit être totalement remis en état. « L’établissement aura aussi besoin d’un professeur d’allemand et de philosophie pour son redémarrage », a ajouté le directeur. Depuis que la crise a éclaté dans notre pays en 2012, dira, de son côté, le chargé de communication du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), Ismael Ishaq Maiga, des efforts sans précèdent ont été consentis pour rouvrir les écoles et assurer l’accès à la scolarisation des enfants dans les régions touchées par la crise. Au cours de l’année scolaire 2015-2016, les partenaires techniques et financiers (PTF) de l’éducation, dont l’UNICEF, ont aidé 344.000 enfants à accéder à des services d’éducation formelle dans les Régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Mopti et Ségou affectées par la crise. Démarrée en octobre 2015, la campagne «Chaque enfant compte », de l’UNICEF est destinée à consolider les acquis positifs, déjà obtenus, depuis le début de la crise dans les régions touchées. « Elle a permis à plus de 51.000 enfants dans les zones touchées par la crise, dont quelques 5000 enfants à Kidal, d’accéder à l’éducation formelle et non formelle », a expliqué M. Maiga. La campagne intensifie les efforts dans le Nord et le Centre du Mali. Dans la perspective de la rentrée scolaire 2016-2017, la campagne « Chaque enfant compte » redémarrera. Elle aura lieu, du 25 août au 25 décembre 2016, et sera composée de trois éléments principaux: le plaidoyer, l’amélioration de la visibilité et la participation et l’engagement communautaires. La campagne s’est ouverte par une réunion de haut niveau à Bamako et une autre des experts à Gao, le 1er septembre dernier. Au cours ces deux rencontres, les autorités administratives, éducatives, coutumières, les PTF et les autres acteurs de l’école débattront de deux thèmes principaux : le retour des enseignants dans les régions post-conflit et l’alimentation scolaire. Pour le retour des enseignants dans les régions post-conflit, la plupart d’entre eux, explique le chargé de communication de l’UNICEF, ont à la fin du conflit refusé de reprendre leur fonction malgré les primes qui leur ont été octroyées. « Certains enseignants restent dans les zones post-conflit mais refusent de se rendre dans certaines localités prétextant l’insécurité. Des enseignants volontaires ont été recrutés par les communautés pour remplacer ces enseignants titulaires, afin d’assurer les enseignements », assure M. Maïga. Les discussions précédentes sur cette question ont recommandé le recrutement d’enseignants locaux pour éviter le départ de ceux-ci en cas de conflit. L’alimentation scolaire, pense Ismaël Maïga, apparait aussi comme cruciale pour la fréquentation et le maintien des enfants à l’école dans les régions du nord et du centre où se trouvent la plupart des communautés nomades. Elle est aussi une solution dans les écoles qui fonctionnent difficilement et sans cantines scolaires, car les parents ne sont pas à proximité des écoles. Dans de nombreux cas, les écoles qui avaient ouvert leurs portes en début d’année ont fermé vers les mois de février et mars, à cause du déplacement des familles et de l’absence de cantine scolaire. Les goulots d’étranglement de l’éducation dans le Nord et le Centre du pays ont pour noms : l’instabilité, l’insuffisance des infrastructures, l’absence d’enseignants, déplore le chargé de communication. A cela s’ajoute le manque d’engagement de la communauté pour favoriser l’enregistrement et le maintien des enfants à l’école. La résolution de la question du retour des enseignants et de l’alimentation scolaire contribuera, en grande partie, à favoriser l’accès des enfants à l’école dans les régions affectées par l’insécurité. A l’occasion de la campagne 2016 « Chaque enfant compte », le ministre de l’Education nationale, le Pr. Kénékouo dit Barthelemy Togo, les représentants de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), de la Coopération suisse et de l’UNICEF lanceront les activités de participation et d’engagement communautaires. Ce volet, note Ismaël Maïga, vise à renforcer tous les résultats engrangés au cours des trois dernières années. Il cherchera à obtenir l’engagement des communautés à inscrire et à maintenir les enfants à l’école « Il y aura ensuite le dialogue communautaire mené par les leaders religieux, les jeunes, les femmes et une formation des enfants « Ambassadeurs » sur la rentrée scolaire 2016-2017, les 1er et 5 septembre », a expliqué notre interlocuteur. Au cours de la campagne « Chaque enfant compte », une visite de presse est organisée pour accompagner le ministre de l’Education nationale, l’USAID, la Coopération Suisse et l’UNICEF. Une autre visite des hommes de médias a été organisée à Gao et Tombouctou, les 5 et 26 septembre 2016, afin de montrer quelques résultats de la campagne le jour de l’ouverture des classes. S. Y WAGUé