Déjà plus de la moitié des emplois a été créée, et selon les services en charge du dossier, les perspectives incitent à l’optimisme. L’objectif seralargement atteint.
Les questions d’accès à l’emploi ont toujours été une priorité pour les différents dirigeants qui se sont succédé à la tête du Mali. L’actuel président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, alors candidat à l’élection présidentielle de 2013, avait promis de créer 200.000 emplois à l’horizon 2018. Trois ans après son accession à la magistrature suprême où en sommes-nous avec la matérialisation de cette promesse présidentielle ? A travers quelles actions concrètes l’engagement pris par le chef de l’Etat est traduit sur le terrain ? Quelles sont les difficultés rencontrées dans l’atteinte de cet objectif majeur du mandat d’Ibrahim Boubacar Keita ? Officiellement investi le 4 septembre 2013, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta a bouclé le 4 septembre dernier la troisième année de son mandat de cinq ans. Ce temps, certes relativement court, a néanmoins permis au chef de l’Etat d’ouvrir d’importants chantiers touchant différents secteurs de développement de notre pays : éducation, santé, agriculture, hydraulique, énergie, infrastructures routières, paix et réconciliation, emploi, etc. Dans le domaine de l’emploi, des progrès importants ont été accomplis dans le sens de la réalisation de la promesse de campagne du président Keita. Selon les données fournies par la Direction nationale de l’emploi et de la formation professionnelle, entre septembre 2013 et mai 2016, ce sont 121.000 emplois qui ont été créés, soit 60,58% des 200.000 emplois. La situation a évolué depuis car le président Keita lors de son interview à la télévision nationale à l’occasion du 3è anniversaire de son accession au pouvoir, a indiqué le nombre d’emplois déjà créés a atteint 125.592, soit 62,80% des 200.000 emplois. La même source nous renseigne que du 1er septembre au 31 décembre 2013, 15.189 emplois durables et décents ont été créés et 7.451 emplois privés dont 6.169 Contrats à durée déterminée (CDD) et 1.282 Contrats à durée indéterminée (CDI). Quant aux emplois publics, ils sont au nombre de 7.738, dont 1.306 au niveau du Centre national de concours de la Fonction publique, 85 à l’Ecole nationale d’administration (ENA), 2.132 au niveau de la Direction générale des collectivités territoriales et 4.215 recensés par la Direction des ressources humaines du ministère de la Défense et des Anciens Combattants, précisent les statistiques de la Direction nationale de l’emploi et de la formation professionnelle. Les mêmes statistiques indiquent que du 1er janvier au 31 décembre 2014, 32.618 emplois ont été créés, répartis entre 24.156 (soit 74,06%) emplois privés, 5.359 (soit 16,43%) emplois publics et 3.103 (soit 9,51%) emplois générés par certains projets et programmes. Sur ces 32.618 emplois collectés, on compte 21.752 (soit 66,69%) emplois durables. D’autre part, 24.156 emplois privés répartis entre 13.176 emplois constatés par des contrats à durée déterminée et 10.480 emplois constatés par des contrats à durée indéterminée. Fortunes diverses. Autres informations de taille livrées par les techniciens en charge de la question de l’emploi : du 1er janvier au 31 décembre 2015, 58.967 emplois ont été créés dans le secteur formel, répartis entre 24.896 (soit 42,22%) emplois privés et 34.071 (soit 57,78%) emplois publics. Néanmoins, 1.386 emplois ont été perdus, notamment dans les mines, reconnaissent-ils. Et d’annoncer que de janvier à mai 2016, 14.387 emplois formels ont été créés. En effet, rien que pour le premier trimestre (de janvier à mars 2016), 9.614 emplois ont été créés, dont 6.091 privés avec le plus grand nombre dans les mines (1.085 emplois). Mieux, 70% de ces emplois sont occupés par des jeunes, énonce la Direction nationale de l’emploi et de la formation professionnelle. Commentant ces données lors d’une récente rencontre, la Directrice nationale de l’emploi et de la formation professionnelle, Dicko Fatoumata Abdourahmane Dicko, a tenu à préciser : «C’est le dynamisme de l’économie qui crée de l’emploi. Si l’économie marche, l’emploi marche». Toujours selon Fatoumata Abdourahmane Dicko, l’objectif des 200.000 emplois sera atteint, sinon largement dépassé. Elle estime qu’il est nécessaire d’inverser la tendance actuelle où c’est le secteur tertiaire qui crée le plus d’emplois. Dans cette optique, il faudra favoriser l’émergence du secteur industriel avec les PME/PMI (Petites et moyennes entreprises / Petites et moyennes industries), adaptées à la structure et à la taille de notre économie. A cet égard, des structures comme l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ) sont à pied d’œuvre pour appuyer les initiatives des jeunes entrepreneurs. Le jeune Bouyé Sow a bénéficié de cet appui. Rentré de France pour ouvrir un pressing à Garantiguibougou en commune V du district, son activité a commencé à battre de l’aile après quelques années. C’est ainsi que le jeune entrepreneur a sollicité et obtenu, en 2014, le soutien de l’ANPE, à travers un prêt de la Banque malienne de solidarité (BMS) de 4,2 millions de Fcfa. Ce prêt est remboursable début 2018, précise-t-il. «Ce financement m’a permis d’agrandir, d’équiper et de rénover mon entreprise qui était devenue moribonde. Aujourd’hui, j’ai pu créer quatre emplois directs et permanents et un emploi indirect. Sans compter le deuxième pressing que j’ai ouvert à Niamakoro qui tourne avec trois personnes de manière continue », se réjouit notre interlocuteur, la mine épanouie. Bouyé Sow estime que ses affaires se porteraient mieux s’il n’était pas confronté à la concurrence déloyale, à la faible fréquentation du pressing, au poids des charges fixes (eau, électricité, salaire du personnel, etc). Mais le promoteur du pressing ‘’Nord-Sud’’ de Garantiguibougou se dit globalement satisfait car il arrive à satisfaire l’essentiel des besoins de sa famille avec les revenus que lui procurent ses deux pressings. À contrario, le jeune diplômé sans emploi Ousmane Coulibaly a du mal à apercevoir encore le bout du tunnel puisqu’il est toujours dans l’attente de la suite réservée à son projet soumis depuis février 2014 à l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (APEJ). Ousmane Coulibaly rappelle avoir demandé depuis plus de deux ans la somme de 2,7 millions de Fcfa afin d’agrandir et augmenter le nombre de ses kiosques de transfert d’argent situés à Niamakoro et à Hamdallaye. En effet, M. Coulibaly ambitionnait d’ouvrir un ma-gasin et d’en faire un multiservice qui créerait du coup plusieurs emplois. « Chaque vendredi, je me rends à l’APEJ, mais jusqu’à présent il n’y a pas de suite. On me dit chaque fois que mon projet se trouve à la BMS, je suis presqu’au bord du dé-sespoir», glisse-t-il, un brun désappointé. Si Ousmane Coulibaly n’a pas encore réussi à obtenir le financement, de nombreux autres projets ont déjà été financés. Le financement des projets rentre dans le cadre de la composante 3 de l’intervention de l’APEJ. A ce titre, au bout de 3 ans, l’Agence a déjà appuyé 1.973 projets pour un montant de 2,225 milliards de Fcfa. Au titre de la composante qui porte sur l’employabilité, plus de 3,1 milliards de Fcfa ont déjà été mobilisés. Pour la composante sur l’entrepreneu-riat, l’APEJ a dépensé un montant de 609,6 millions de Fcfa. M. SIDIBÉ
Source : L’ Essor