Souleymane Drabo, directeur général de l’AMAP (Agence malienne de presse et de publicité), cède enfin son fauteuil pour une autre destination, inconnue pour le moment, au lendemain de l’annonce de la décision prise en Conseil des ministres mardi, le 12 Mars 2014.
Tout compte fait, la vie bat son plein, de plus belle, à l’Agence malienne de presse et de publicité pour donner en temps réel l’information juste et vraie. Les uns chantent les bienfaits du directeur sortant. Les autres crachent sur son ombre.
Quoi que disent les langues pendues, l’œuvre journalistique de Souleymane Drabo rappelle justement un bel itinéraire à indiquer aux générations de journalistes en gestation !
Souleymane Drabo, alias Solo, connu sous le sobriquet de Sana pour les fans (entendez San Antonio), découvre le monde le 7 Novembre 1951 à Ho Chi Minh ville. Travailleur méticuleux, au parcours atypique, serviable et discipliné, en perpétuelle quête de perfection sur la base de l’organisation et la méthode, à force d’user sa culotte au contact des bancs de l’école primaire et secondaire, Solo entre en 1969 au Ciesj de l’université de Strasbourg (France) pour se retrouver, après succès bien sûr, au Centre d’étude des sciences et techniques de l’information (Cesti) de Dakar (Sénégal) où, il décroche une licence en journalisme. C’était en 1974.
Il débarque successivement au Centre audiovisuel de l’université de Montréal (Canada) et à l’Institut français de presse de l’Université de Paris II (France) pour affuter ses armes. Bardé de diplômes, il dépose son baluchon à l’AMAP où, de 1974 à 1978, il donne plus de punch au Desk international du journal L’Essor, quotidien national d’informations du Mali. Très vite, il devient secrétaire général de la rédaction de 1978 à 1989.
Inlassable Solo Drabo
Au cours de son ascension fulgurante, Sana occupe respectivement, en un laps de temps, en 1989, les postes de rédacteur en chef, ensuite directeur des publications en français de l’AMAP. En 2002, l’inlassable Souleymane Drabo, pour ne pas dire le robot type de la presse moderne ouest africaine, opte pour travailler le premier et le dernier en qualité de directeur général de l’ AMAP.
Chevalier de l’Ordre national du Mali, amateur insatiable en foot, jogger à ses rares heures perdues, cinéphile et mélomane insoupçonné, Souleymane Drabo lit et relit plus qu’il n’écrit. Marié et père d’un enfant, il embrasse, à n’en pas douter, une nouvelle carrière afin de faire comprendre, au finish, à la grande famille de l’Agence malienne de presse et de publicité, environ 192 employés en majorité intarissables en éloges, que : «Plus le vin est vieux, plus il est bon».
Voilà en bref le beau parcours du professeur en secrétariat de rédaction de votre fidèle serviteur. Grâce à sa pédagogie répétitive, il peut se targuer d’avoir maîtrisé la technique rédactionnelle et l’écriture journalistique. La preuve est entre vos mains, entre autres journaux made in Mali !
Qui peut remplacer ce grand professionnel de la communication ? Il s’appelle Ousmane Mahalmoudou Maïga, alias Pelé, né en 1953 à Gao. Dès le bas âge, il allie école et métier. Tel est d’ailleurs la tradition dans sa communauté. A l’instar de son père, il coupe sur mesure et coud pour perpétuer la tradition. C’est d’ailleurs la règle d’or dans la communauté Sonrhaï. Sauf changement –modernité oblige- chez eux, le père vertueux transmet à son fils l’outil de travail de l’aïeul. Il lui revient également le soin de l’inscrire à l’école coranique dès qu’il sait parler.
A l’âge de sept ans, plus précisément en 1960, Ousmane Mahalmoudou Maïga fréquente assidument l’école fondamentale et décroche en 1969, avec brio, le Def (Diplôme d’études fondamentales). Ses études le conduisirent au lycée franco-arabe de Tombouctou.
Pelé du ballon et de la plume !
Là-bas, en plein désert, en terrain neutre, il réussit haut la main, en 1973, à l’examen du baccalauréat en série philosophie et langues. Alors, il entre avec fierté à l’Ecole normale supérieure de Bamako en 1973 sans bomber la poitrine. En 1977, Pelé –le maître du ballon- y empoche avec succès une maîtrise en Philosophie.
Sans détour, l’autorité de tutelle le met à la disposition de l’AMAP pour tout juste chasser les coquilles dans les textes des journaleux. Sur ce, il brûle les étapes et devient journaliste sans passer par la voie normale. En raison de son talent en écriture, il bénéficie d’une bourse et pénètre en Octobre 1979 à l’Académie Stéfan Gheorghiu de Bucarest, en Roumanie, pour y décrocher avec mention, ès qualité de bûcheur, une licence en journalisme et réalisation. Sans ambages !
Alors, professeur de philosophie au lycée des jeunes filles de Bamako de 1977 à 1978, il prend sur la lourde responsabilité de se frotter aux têtes brûlées de l’AMAP entre 1982 et 1998, de desk en desk (société, économie sports et culture), pour enfin devenir secrétaire de rédaction et maquettiste avant d’être nommé chef de division de la presse quotidienne en 1986.
Toujours égal à lui-même, il marque une fois de plus la vie des pro de l’AMAP. Ce qui lui valut de jouer, entre janvier et février 2003, successivement, le rôle rédacteur en chef adjoint et directeur de la rédaction de L’Essor jusqu’à sa nomination au poste de directeur général de l’AMAP. Que de chemins parcourus par l’enfant prodige de Gao !
Dans un autre contexte, Ousmane Mahalmoudou Maïga, effectuera de 1994 à 2013 cinq voyages d’étude, dont trois en Chine, aux Etats Unis et en Corée du Nord. Entre Octobre et Décembre 1990, il séjourne à Paris pour les besoins d’un stage de perfectionnement au Centre de formation des pratiques journalistiques. Dans un autre registre toujours lié à sa profession, Pélé intègre le Comité de pilotage de la Maison de la presse en 1994 au nom de l’Unajom (Union nationale des journalistes du Mali), dont il fut le président de 1992 à 2003.
A propos de Maison de la presse, c’est lui qui en géra les sous à partir de 2010 sans coup férir en qualité de trésorier (général). Auparavant, Ousmane Mahalmoudou Maïga occupa en 2007 le poste de membre du comité de pilotage de la Maison de la presse pour y représenter l’Agence malienne de presse et de publicité.
A ce jour, Maïga Ousmane Mahalmoudou, au bout du rouleau, est un homme heureux et comblé. Après trente-six ans d’expérience, il prend enfin les commandes de l’Agence malienne de presse et de publicité.
Marié et père de six enfants, employé de classe exceptionnelle, 3e échelon, Pelé ne marche pas sur les cadavres pour se faire voir ou se faire respecter contrairement à beaucoup d’hommes de presse.
Dans sa discrétion légendaire, il demande toujours pardon, fut-il son neveu. C’est pour demeurer un homme pieux, un homme de Dieu. La prière s’entend ici !
Directeur général, bon vent !
Par Goor MAG
SOURCE: Le Challenger