Ce ne sont pas les seules déclarations d’intention du président intérimaire qui permettront d’organiser les élections présidentielles en juillet 2013. Et pour cause.
Au delà des déclarations de foi, rien ne permet, à l’heure actuelle de confirmer la tenue effective des élections présidentielles maliennes en juillet 2013. A l’origine de ce constat, le marché relatif à la carte du numéro d’identification national communément appelée NINA. C’est seulement en fin de semaine dernière que le dossier d’attribution dudit marché a été ficelé. Reste à être exécuté par l’opérateur choisi sur appel d’offre à concurrence.
Bien entendu, ce n’est pas à Bamako que l’opération sera menée, mais bien ailleurs, où existe l’expertise en la matière. En clair, le facteur temps sera déterminant dans la suite des opérations. Ajouter à cela, l’impérieuse nécessité des corrections à effectuer sur le fichier avant l’attribution des cartes aux titulaires.
Outre les contraintes techniques liées à cette opération (seulement un peu plus de trois mois nous séparent de la date butoir de juillet 2013), le processus de distribution des cartes en question risque, à son tour, d’accentuer le retard.
Pour des raisons de transparence, le gouvernement a décidé procéder à la distribution des cartes (NINA) à titre individuel et non par personnes interposée, par village, fraction, quartier, ambassade ou consulat. En clair, la présence physique du citoyen est exigée pour l’accès au document.
Pour la petite histoire, à la date du 15 février 2013, ce sont 6,8 millions de personnes qui avaient leurs photos dans la base de données du RAVEC sur la base duquel, la carte NINA sera conçue. Et il restait celles de 350.000 autres personnes. Bref, ce sont presque 7 millions de maliens auxquels, l’ont doit individuellement remettre les cartes dans un délai minimum de 3 mois. Et ne parlons pas les éventuelles corrections consécutives aux réclamations et omissions. Et dire que les fameuses cartes ne sont même pas encore confectionnées.
Aussi, ces cartes dites biométriques donc fiables, laissent cependant apparaître des failles: le bureau de vote du détenteur n’y est pas identifié; le support juridique, qui est un élément indispensable est faible (nationalité, identification et l’adresse des parents)… Toutes choses susceptibles de constituer des marges d’erreurs à corriger éventuellement.
Nul n’ignorant la situation actuelle dans le sahel, l’on se demande alors comment le gouvernement parviendra, dans un délai aussi court, à concevoir, corriger et remettre individuellement lesdites cartes à leurs titulaires. Les distribuer par personnes interposées (chefs de famille, de quartiers, de fraction, etc.) ne sera pas sans risque de détournement, de trafic et à l’origine d’éventuelles fraudes lors des scrutins. Et Signalons à propos, que plus 800.000 maliens sont aujourd’hui réfugiés dans les pays voisins (Burkina, Niger, Mauritanie, Algérie…). Il est question de les retrouver et leur remettre physiquement leur document à titre individuel.
A la lumière de toutes carences, nombreux sont parmi les acteurs et partenaires qui émettent désormais des réserves sur le respect des délais du juillet 2013.
A la faveur de la réunion du Groupe de contact et de suivi en fin de semaine dernière à Bamako, le ministre des Affaires étrangères du Niger, M. Mohamed Bazoum, après l’annonce de la date de juillet 2013, par le président intérimaire du Mali, a tout simplement laissé paraître un certain doute : « Aujourd’hui, il y a eu une certaine substance dans l’information, relativement aux élections, qui nous a été donnée, pas plus. Mais évidemment, entre les exposés que l’on peut faire et la situation réelle, il se peut qu’il y ait un décalage. »
Pour sa part, le premier ministre Django Cissoko, a, dans son discours du 25 Mars 2013, à l’occasion de la première réunion du comité de suivi de la mise en œuvre de la feuille de route pour la transition, indiqué que « le Gouvernement est déterminé à organiser ces élections à la période (juillet 2013)… Toutefois, je crois ne contrarier personne ici en disant que la libération totale des zones occupées et leur sécurisation, dans un délai très court, ainsi que la mobilisation à temps des ressources financières nécessaires à la tenue de ces élections restent des défis majeurs à relever… ».La subtilité est, ici, de mise.
Et quant au président par intérim de l’Assemblée Nationale, le prof. Younous Touré, dans son discours d’ouverture de la session parlementaire de ce mois d’avril, il dira : «Pour nous, l’organisation des prochaines élections ne peut être un facteur de paix et de stabilité que si celles-ci concernent l’ensemble du territoire national et qu’il n’y ait pas un seul pan de notre territoire aux mains des assaillants».
Il nous revient que la CENI non plus, n’est pas optimiste quant au respect de la date de juillet 2013. En définitive, tout porte à croire que la date indiquée sera revue.
B.S. Diarra
Source: Maliba Info