On se souvient que SERPENT avait quitté le RPM d’Ibrahim Boubacar Touré. Mais apparemment, son respect pour l’homme n’a jamais faibli, si l’on s’en tient à ses déclarations sur radio Klédu, avec Kassim Traoré dans le Débat Politique du 20 avril dernier.
La langue mielleuse
Il y a quelques mois de cela, sur cette même antenne, Amadou Koïta de PS Yélen Coura se débarrassait de son ‘’esprit chagrin’’ (expression que Tiéman Hubert Coulibaly avait lancée implicitement à ses ex compagnons du FDR, dont justement Amadou Koïta) pour enfiler un vrai habit de griot et vanter les mérites du président IBK. Peu de temps après, il devenait ministre. Peut-être suivait-il en cela la voie d’un autre ex compagnon du PDES puis de l’UMAV, Jeamille Bittar, qui était passé par le même chemin court, le même raccourci pour bénéficier gracieusement des faveurs du régime d’ATT, notamment le transport des élèves et étudiants dont le marché avait fait couler beaucoup de salive. Salive qui avait fini par s’assécher sans que le marché soit remis en cause.
Aujourd’hui, c’est un autre militant du PDES (mais il est passé un peu partout, faut-il reconnaître) qui se lance dans une véritable « déclaration d’amour » pour l’actuel Chef de l’Etat que l’on dit sensible à ce genre de discours.
Serpent encense IBK mais déverse son venin sur son entourage
« IBK est un homme sincère, quelqu’un qui fait ce qu’il dit…IBK est esclave de sa sincérité dans l’amitié…Une fois il m’a fait remettre de l’argent destiné aux vacances de Karim, pour m’aider à faire face à un problème…IBK est un homme bon, sincère, mais c’est son entourage qui n’est pas bon, il faut le chasser…je remercie IBK car c’est grâce à lui que l’Assemblée nationale n’a pas retenu de charges contre ATT… » n’a cessé de scander Serpent dans un « poème » assez long dont on vous épargnera le leitmotiv. Ce qu’on peut ajouter à cela, c’est qu’une telle bonté mériterait qu’on y sacrifie son orgueil et rester dans la formation politique qu’il a fondée. Malgré cet entourage que Serpent diabolise et qui a accompagné IBK durant toute sa traversée du désert. Jusqu’au bord du Djoliba dans lequel tout le monde veut se baigner maintenant, y compris ceux qui l’avaient laissé à quai. Drôle d’amour ! Le pire est justement que ces mêmes personnages accordent une prime à la trahison. Mais c’est cela aussi la politique qui ne connaît pas d’éternel ennemi, et où compte seul l’intérêt personnel, peu importe par qui il passe.
Par ailleurs, en remerciant IBk pour le geste de l’AN, Serpent dessert plutôt le président, car il l’accuse implicitement d’avoir interféré dans un dossier relevant du pouvoir législatif. La langue du serpent a été un peu loin sur ce point. Lorsqu’il se « demande s’il y a un homme politique qui ne l’ait pas trahi » (à moins que ce ne soit le contraire, le voleur criant au voleur) il ne devrait pas épargner IBK non plus.
Main tendue à l’opposition ?
Au moment où Serpent dit soutenir sans réserve IBK, il tient des propos quelque peu controversés : « L’opposition gagne sur tous les terrains…Ceux qui sont aujourd’hui dans l’opposition, ce sont des gens sincères… ». Ces propos sont à mettre dans leur contexte. En effet, Serpent ne peut concevoir, comme il l’a laissé entendre, que le président soit « soutenu » par autant de partis politiques et que les réflexions et autres critiques de l’opposition politique sur le régime s’avèrent toujours justes. Devrait-on appeler cela de l’objectivité ou de l’impartialité chez un personnage souvent volatile politiquement, mais qui, présentement, ne se situe ni dans un camp ni dans l’autre ? Mais avec Amadou Toumani Touré. A l’image d’un vrai serpent, il est assez voire impossible de saisir Hamane Touré. En tout cas, difficile de trouver que ‘’tout ce que le président fait est bon’’ et au même moment estimer que ‘’l’opposition gagne sur tous les terrains’’. S’il n’y a pas de contradictions dans ces propos, alors il y a forcément une subtilité qui échappe à la raison. Mais il est vrai que politique ne rime pas toujours avec rationalité. Elle relève parfois de la métaphysique, de la foi aveugle pouvant pousser jusqu’à l’extrémisme verbal. Ce pourrait être le cas de Serpent. Reste à savoir si la mayonnaise va prendre, comme elle a pris chez Amadou Koïta avec IBK, et avant lui, chez Bittar avec ATT. Sans compter que la sournoiserie d’un vrai serpent vise souvent à se préserver. Notamment des lendemains incertains dont pourrait sortir vainqueur cette même opposition que le ‘’Serpent humain’’ encense en même temps qu’il encense IBK. Tout est désormais possible en politique, comme viennent de nous le démontrer Donald Trump aux USA et Emmanuel Macron en France. Des illustres inconnus. Alors pourquoi pas l’opposition en 2018 ! Auquel cas, tout est dans le verbe…
La Rédaction
Source: Le Point