Après la mise en sursis du projet de révision constitutionnelle par le Président de la République, dont elle était vent débout contre, la Plateforme ‘’An tè a banna-Touche pas ma Constitution’’ est en pleine mue devant aboutir à une nouvelle structuration et un nouveau Directoire. Ce qui devrait marquer un tournant décisif dans son histoire.
En Assemblée générale, le samedi dernier, au siège de la Confédération des travailleurs du Mali (CSTM), les membres de la Plateforme se sont prononcés sur l’avenir de leur mouvement et de leur combat qui se traduit par des attentes spécifiques. Ainsi, en conclusion, la Plateforme a décidé de l’adoption d’un Manifeste, un document devant faire l’état des lieux de la vie de la Nation et contenir des recommandations qui seront la réponse à autant de préoccupations.
On le sait, depuis la fin des manifestations anti-révision constitutionnelle, la question du Directoire se posait de plus en plus. En toile de fond de cette demande, les divergences de vues qui sont rapidement apparues entre acteurs politiques (bras financiers du mouvement) et ceux de la société civile qui aspirent, au-delà du confort de la démocratie dans notre pays, en réalité à de meilleures conditions de vie. En effet, les seconds craignaient une récupération de leur mouvement à des fins politiciennes. A voir l’agitation de certains leaders politiques, au moment des marches contre la révision constitutionnelle, tout porte à croire que le plan machiavélique de détournement de l’objectif initial était en pleine exécution. Un changement de Directoire, explique-t-on, c’est pour séparer la bonne graine de l’ivraie.
Désormais la démission du Directoire n’est plus évoquée sous cape : l’Assemblée générale de samedi dernier a pris le taureau par les cornes et s’est prononcée ouvertement pour la démission du Directoire installé à l’issue de l’AG constitutive et dont la présidence est confiée à Mme SY Kadiatou SOW. Cela devrait avoir l’avantage de sortir de l’amalgame savamment entretenu par des hommes politiques notoirement incapables par eux-mêmes de mobiliser et qui voient dans ce mouvement de la société civile, une occasion inespérée de parvenir à leur fin. Il s’agissait, selon les observateurs avisés de la scène politique, de créer une instabilité au Sud à telle enseigne qu’une transition s’imposera. Ainsi, ceux qui sont incapables d’accéder au pouvoir par la voie des urnes, y accéderaient par le diktat de la rue. Autrement renter dans la maison par la fenêtre au lieu de la porte. Visiblement la mise en sursis du projet de révision constitutionnelle a fauché l’herbe sous les pieds de plus d’un. C’était tout sauf le scénario prévu qui reposait sur un préjugé sur le Président de la République. Connaissant son caractère, il ferait la sourde oreille aux protestations, était-on convaincu, dans le camp de ceux qui ont été qualifiés de putschistes politiques.
Pour l’atteinte des objectifs fixés, il a été convenu, au cours de l’Assemblée générale de samedi dernier, de la mise en place d’une Commission de travail de 29 membres. Elle devra s’occuper des tâches essentielles que sont : mener des concertations avec les différentes composantes pour convenir de la structuration du Directoire ; collecter des propositions des différentes composantes pour mettre en place un nouveau Directoire ; convoquer une Assemblée générale pour adopter la nouvelle structuration et élire un nouveau Directoire.
À travers l’Assemblée générale de ce week-end, la Plateforme ‘’Antè a banna-Touche pas ma Constitution’’ amorce indéniablement un tournant décisif de son histoire épurée des intentions pernicieuses de ceux-là qui luttent uniquement pour leurs agendas cachés sous le manteau vertueux de la démocratie. Le tournant, il est également décisif parce qu’il ne devrait plus être question d’une fixation sur un projet de révision constitutionnelle ou sur un homme, le Président de la République, une voie dévoyée dans laquelle se sont employés à entraîner la Plateforme des hommes politiques en mal de popularité.
En définitive, il est attendu que le mouvement de contestation se mue en mouvement de consolidation de la démocratie, à travers des propositions pertinentes. Parce que c’est de cela que le pays a besoin et non de déchirures au moment où il fait face à une grande insécurité au Nord et au Centre. Autant dire qu’il s’agira de réaliser l’union sacrée autour d’un pays qui sort péniblement d’une grave crise multidimensionnelle.
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin