Depuis une décennie, les dirigeants du continent multiplient les appels à une meilleure présence de l’Afrique au sein des instances onusiennes, notamment dans son instance suprême, le Conseil de sécurité avec raison. Alors que le continent compte 27 des États membres des Nations unies, il ne dispose que de trois sièges de membres non permanents au Conseil de sécurité. Il n’a aucune place de membre permanent dans cette institution, dont la composition est restée pratiquement inchangée depuis la création de l’ONU au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.
Pour mettre fin à la marginalisation dont souffre le continent africain, pour qu’elle puisse participer d’une voix claire et forte à la prise de décision politique et économique au niveau international, les dirigeants africains ont souhaité obtenir, depuis plusieurs années, au moins deux sièges de membres permanents au sein du Conseil de sécurité. Mais en vain, et ce, malgré le fait que tout le monde convient, y compris la communauté internationale, de la nécessité de reformer la composition de l’instance décisionnelle de l’ONU.
Dans leur combat pour obtenir une meilleure représentativité dans la gouvernance mondiale, notamment au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, les chefs d’État africains viennent de trouver en Shinzo Abe un avocat majeur.
Le Premier ministre japonais a plaidé, samedi dernier, à Nairobi (Kenya), en faveur de l’adhésion permanente d’un pays africain qui représenterait toute l’Afrique au sein du Conseil de sécurité de l’Afrique avant 2063.
«Il faut que l’Afrique dispose d’un pays membre permanent au Conseil de sécurité en 2063 au plus tard. Cette réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies est bien un objectif commun pour le Japon et l’Afrique» a-t-il soutenu.
L’Afrique avance avec un objectif, a rappelé le Premier ministre japonais, parlant de «l’Agenda 2063». Pour M. Abe, «il n’existe pas d’autre exemple de concept aussi ambitieux».
«Dans cet immense continent, il n’y a aucun pays membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’Agenda doit corriger cet état de fait d’ici à 2023. (….) Nous avons, de toute évidence, le droit de réclamer à la communauté internationale qu’elle prenne mieux en compte vos revendications», a-t-il plaidé.
Le Japon, a poursuivi Shinzo Abe, est «désireux de résoudre avec vous les problèmes auxquels est confrontée l’Afrique est un pays qui ne relâchera pas ses efforts». Il a, à cet effet, rappelé la présence de 70 entreprises japonaises à la TICAD VI.
«Les potentialités qu’offre l’Afrique vont certainement constituer un puissant levier de croissance pour le Japon et pour les entreprises japonaises», a-t-il relevé, estimant que le temps est venu «de partager le savoir-faire du Japon et des entreprises japonaises».
Dans cette perspective, M. Abe a annoncé la création d’un «Forum économique public-privé nippo-africain». Cette rencontre entre industriels japonais et africains permettra, selon lui, d’»identifier, du point de vue du monde des affaires, les défis et de les dépasser par une coopération public-privée entre entreprises japonaises et africaines».
Par Mohamed D. DIAWARA