Le 29 août prochain, la Fédération malienne de Football devrait, en principe, avoir un nouveau Comité Exécutif. Trois candidats sont en lice pour briguer la présidence. Après Alassane Souleymane et Salaha Baby, le troisième prétendant, Mamoutou Touré dit »Bavieux » s’est également confié dans les colonnes de L’Indépendant. Dans un entretien, il a présenté son projet pour le développement du football malien pour les quatre prochaines années. Un programme de quatre axes qui prône la réconciliation.
‘Indépendant : Pourquoi avez-vous décidé d’être candidat encore ?
Mamoutou Touré :Pour moi, c’est la suite logique des choses. Ceux qui me connaissent savent ma passion pour le football. Je respire football, je vis football et je dors football. Depuis ma tendre enfance à nos jours, je n’ai connu que le football. Le football constitue pour moi une véritable passion. C’est donc au regard de mon parcours dans le domaine du football et la complexité de la crise du football malien que je me dois de soumettre ma candidature pour aider mon pays. Voilà la motivation essentielle qui m’a poussé à déposer ma candidature.
Pouvez-vous présenter votre projet de développement à nos lecteurs ?
M.T: Mon programme s’articule autour de 4 grands axes : la Réconciliation, la Réforme de l’administration de la FEMAFOOT, la Refondation de nos compétitions et l’Appui à nos structures déconcentrées et à nos clubs. A travers notre slogan » agir pour rebâtir « , nous voulons que les acteurs du football malien se retrouvent. Trop de temps a été perdu dans de querelles de personnes et dans des détails subjectifs, qui ne devraient pas avoir lieu. Nous avons dit qu’il faut réunir les acteurs du football. Cette unité d’action ne peut se faire que dans un cadre consensuel. Que l’on se retrouve entre nous et qu’on parle le langage du football dans la plus grande sportivité, comme notre jargon l’indique, dans le Fair-play. Il faut que les gens sachent qu’aujourd’hui le football a trop souffert. Même si nous engrangeons des trophées au niveau des compétitions de jeunes, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, il y a un grand problème au niveau du football. Il faut qu’on s’asseye pour discuter. Notre première coupe d’Afrique va être la réconciliation, qui sera le socle de notre action auprès de tous les acteurs. C’est dire qu’on ne laissera personne en dehors de cette gestion.
Le deuxième axe, qui est l’organisation de l’Administration, est une exigence aujourd’hui. Depuis l’ère de nos aînés, l’administration de la FEMAFOOT est restée dans un état qui, aujourd’hui, ne sied pas avec les exigences du développement actuel du football. Le football est rebâti sur une notion de professionnalisme. Il faut donc permettre aux clubs, aux ligues et à la FEMAFOOT d’avoir des compétences sur l’outil informatique afin de travailler très rapidement sur toute information.
Aussi, il faut qu’on arrive à asseoir la ligue professionnelle au Mali. C’est une nécessité indispensable. Si, par la grâce de Dieu, nous étions confirmés le 29 août comme président de la Fédération, cela sera l’une de nos priorités. Aussi, nous allons mettre en place une vraie Direction technique et des directions décentralisées jusqu’au niveau des ligues et districts. Cela, pour permettre au mieux la détection des jeunes talents et procéder à la formation des acteurs techniques du football aux niveaux régional et national.
Le troisième point de notre programme, la réorganisation de nos compétitions, vise à amener nos clubs dans des championnats réguliers. Chaque fois qu’on démarre un championnat au Mali, il est très généralement arrêté pour des petits motifs. Alors que pour nous, la régularité d’une compétition est une exigence. A cet effet, il s’agit de tenir un Championnat national senior professionnel et un Championnat de deuxième division professionnel. Egalement, assurer une régularité aux championnats nationaux juniors et cadets. Sans oublier le football féminin sur lequel nous allons mettre un accent particulier. Il s’agit pour nous de mettre à disposition de grands techniciens pouvant aider le football féminin à atteindre le podium africain.
En ce qui concerne le dernier point, l’appui à nos structures déconcentrées et à nos clubs, nous estimons que la manne financière que la FIFA met à disposition de la FEMAFOOT ne suffit pas pour le développement du football malien. Il est évident que la FIFA donne un grand appui, mais il revient aux acteurs maliens de se débattre pour chercher des fonds supplémentaires. Et ces ressources vont nous aider, en grande partie, à appuyer nos ligues régionales et nos clubs. Pour la petite histoire, pendant le mandat, nous nous proposons de construire des sièges flambants neufs pour chacune de nos ligues régionales. De l’indépendance à nos jours, aucune des ligues n’a pu avoir son siège à elle. Donc, nous disons qu’il faut très rapidement des infrastructures au niveau régional avec les commodités et toutes les civilités.
Il en est de même pour les clubs. En plus de l’appui au Championnat, il faut trouver d’autres sponsors qui vont venir nous aider à ce qu’en retour chaque contrat signé au cours de notre mandat puisse profiter aux clubs et aux ligues.
Si vous êtes élu, allez-vous tendre la main à vos adversaires ?
M.T : Ce jargon » tendre la main « me paraît beaucoup plus politique. Pour moi, c’est aller auprès de mes frères et leur dire que le football c’est notre affaire à tous. Si je gagnais, que j’aie le courage et l’humilité d’aller voir mes jeunes frères Salaha Baby et Alassane Souleymane ainsi que tous ceux qui sont avec eux qu’ils nous retrouvent pour qu’on arrive à bâtir quelque chose de grand pour ce pays. Ce n’est pas une affaire de »Bavieux » seul, c’est l’affaire de nous tous.
La crise a créé de fractures à beaucoup de niveaux : entre nous responsables, entre les journalistes et même entre les supporters. Donc, pour réussir un mandat, il faut que ceux-ci se mettent ensemble. Nous avons cette chance que le Mali est un grand pays et nous sommes tous frères. Quoi qu’on dise, on se retrouve obligatoirement. Cette particularité malienne doit nous amener à nous surpasser et à oublier nos égos si nous voulons le développement du football. Plaise à Dieu que je sois élu le 29 août, mais si sa volonté était de choisir une autre personne, je me mettrais immédiatement à la disposition du gagnant pour dire qu’il n’y a plus de problème. Le football malien est au dessus de tout, je me soumettrais à la volonté divine.
Avez-vous un dernier mot ?
M.T : Je l’adresse particulièrement aux journalistes, qui ont l’art d’écrire, l’art de parler et d’orienter les gens. Je ne dirai jamais à un journaliste d’écrire des propos désobligeants, déshonorants sur mes adversaires. A cet effet, je leur demande humblement de savoir raison garder. Il faut qu’ils amènent les acteurs du football, par leurs plumes, leur verbe et les plus belles phrases, à se retrouver. S’il y a une grande passion dans la vie, cette passion, en grande partie, réside dans le football. C’est là où les gens se retrouvent, venant souvent de divers horizons, mais pour parler le même langage.
Interview réalisée par Sory Ibrahima COULIBALY
Source: l’Indépendant