Dans le cadre des activités de la lutte contre le VIH/Sida, l’ONUSIDA a organisé, hier, une conférence de presse sur le nouveau rapport mondial sur la lutte contre le Sida. Ce rapport, publié et présenté le 21 novembre dernier à Abidjan, est intitulé : «Savoir, c’est pouvoir». Il représente un outil de plaidoyer mais aussi un appel à l’action pour plus de charge virale indétectable dans les pays.
Selon le document, 36,9 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2017 et 21,7 millions d’entre elles avaient accès à la thérapie antirétrovirale. Pendant cette même période, 1,8 million de personnes étaient nouvellement infectées par le VIH. 940.000 personnes atteintes de la maladie sont décédées et 77,3 millions de personnes ont été infectées par le VIH depuis le début de l’épidémie. Ces sinistres statistiques attestent de l’urgence d’agir et de circonscrire la pandémie, en brisant la chaine de transmission du virus et en améliorant l’accès au traitement avec, notamment, une plus grande disponibilité des antirétroviraux (ARV).
Il faut également noter qu’environ 9,4 millions de personnes ignoraient leur statut et ne se savaient pas vivre avec la maladie. Le rapport souligne aussi des disparités entre les régions, en matière de charge virale mais aussi entre les pays d’une même région. Sur le plan mondial, c’est 47,4%. L’Afrique de l’Est et du Sud c’est 52% : Namibie 74% et Éthiopie 32%. Pour l’Afrique de l’ouest et du centre, c’est 29% : Burkina Faso 49% et le Mali 13%.
La représentante résidente de l’ONUSIDA a qualifié ce rapport de plaidoyer pour aller vers l’élimination du Sida. Pour Mme Félicité Ndimina Nsabimana, il y a deux principes pour atteindre cet objectif. Le premier est de faire en sorte qu’une personne dépistée positive soit mise sous traitement, bien suivie avec une charge virale indétectable pour qu’elle ne transmette plus le VIH. Le second exige qu’une personne dépistée négative se préserve du virus de la maladie. Mais la conférencière a précisé à ce niveau qu’il faudrait notamment accélérer la suppression de la charge virale car plus de la moitié des personnes vivant avec le VIH, environ 52%, n’en a en pas.
En outre, la patronne de l’ONUSIDA a précisé que les disparités entre les pays s’expliquaient par des obstacles qui handicapent la réalisation de la charge virale en général. Ce sont la faiblesse du dépistage du VIH dans les pays, due, entre autres, à la stigmatisation et à la discrimination, la faible couverture des services et des financements nationaux et internationaux. «Pour inverser cette faible tendance de charge virale indétectable et aider les pays à accélérer la réalisation des 3X90, il faut une volonté politique plus affirmée, davantage de financements domestiques et internationaux à mobiliser et l’utilisation efficiente des financements mobilisés», a-t-elle affirmé. De son côté, le secrétaire exécutif du Haut conseil national de lutte contre le Sida (HCNLS) a révélé que le profil du Mali par rapport à la pandémie était stable. Mais il a ajouté que c’est un profil marqué par une vulnérabilité très élevée chez la population des homosexuels 13%, et 5% pour les utilisateurs de stupéfiants et la population mobile. Ce qui lui a fait dire que notre pays est moins avancé dans la lutte.
Le Mali compte 109.000 personnes vivant avec le VIH mais seulement 40 000 d’entre elles sont sous traitement. Le reste par contre est méconnu ou ne bénéficie pas de traitement. Malgré ces difficultés, il a assuré que le pays garde le cap sur l’élimination de la pandémie d’ici 2030.
Pour ce faire, Pr Moussa Maïga a indiqué que le pays s’attaque puissamment au gap problématique. C’est pourquoi, il a été mis en place un plan de rattrapage qui consiste à accélérer le dépistage, le traitement, la recherche scientifique, la suppression de la transmission verticale et la mobilisation de ressources pour être au rendez-vous de l’élimination.
Fatoumata NAPHO
L’Essor