Dans l’entretien qu’il a accordé hier à notre confrère Christophe Boisbouvier de RFI, le président du parti YELEMA (Changement) et candidat de cette formation politique à l’élection présidentielle de juillet prochain, Moussa Mara n’abdique pas dans sa volonté d’ériger la transparence en règle d’or de la politique et de la gouvernance au Mali. Il souhaite vivement que les candidats à la conquête du palais de Koulouba déclarent aux yeux du monde leur patrimoine
En expert-comptable, très averti sur les questions financières, le président du parti du changement, Moussa Mara, se veut le chantre de la transparence. Le maire de la commune IV du district de Bamako, qui s’est imposé l’obligation de rendre public son patrimoine se réjouit de l’actualité politique récente en France marqué par la publication du patrimoine des ministres.
Pour lui, en rendant public ses biens et son avoir financier, le cadre de l’Etat, l’homme public sera moins tenté de s’enrichir illicitement à travers la corruption et autres voies malhonnêtes. » Je souhaite vivement que tous les élus, mais aussi tous les candidats à des postes électifs puissent non seulement déclarer leur patrimoine, mais aussi leurs revenus.
La loi exige que le président de la République et les membres du gouvernement publient leur patrimoine pendant leur mandat… « . Mais, déplore-t-il, cela n’est pas encore mis en pratique. Il est le seul maire qui, chaque année publie son patrimoine. Les ministres, encore moins les députés n’ont cure de cette disposition législative.
Pour le fils de Joseph Mara, beaucoup de milliards sont dépensés lors des campagnes électorales, surtout à l’occasion de l’élection présidentielle. Il urge d’expliquer à l’opinion d’où viennent ces fonds.
La manière d’arriver au pouvoir conditionne la manière dont ce pouvoir sera géré. Si cet argent provient par exemple de trafiquants de drogue, c’est avec eux que le pouvoir sera géré.
Et Moussa Mara de dénoncer chez les gouvernants » l’enrichissement sans cause, les détournements, les vols et la volonté de maintenir les populations dans une certaine infantilisation« . Il a mis l’accent sur l’importance de la sanction. L’impunité envers les délinquants à col blanc, dira-t-il, ne doit plus avoir droit de cité dans le pays.
A la question de savoir si le changement apporté par le coup d’Etat a permis de diminuer cette corruption, Moussa Mara s’est montré plutôt déçu. Il a toutefois indiqué qu’il faut sortir du putsch pour permettre aux Maliens de choisir les dirigeants à même de changer les choses. A l’en croire, »aujourd’hui, la popularité des putschistes de l’année dernière s’est largement estompée ; puisqu’il a fallu que la France vienne nous délivrer… « .
Il a en outre cité le modèle de gouvernance qu’il a instauré à la mairie de la Commune IV pour éviter que les usagers des services municipaux ne corrompent les agents. Une charte de l’usager permet aux administrés de connaître les coûts et la durée des différents services rendus par la municipalité.
Rappelons que Moussa Mara est, sur la scène politique malienne, est l’un de ces jeunes acteurs qui, après la crise, veulent jouer un rôle de premier plan pour mettre à la retraite ceux qui gouvernent le pays depuis la révolution de 1991. A trente-huit ans, le candidat du parti YELEMA a publié récemment dans nos colonnes » Les dix commandements du leader honnête « .
Bruno D SEGBEDJI