Le Mali est bâti sur un tas d’injustices touchant toutes les couches sociales.
La première des injustices touche à l’application de la loi, notamment les actes judiciaires contraires à la loi posés par les juges en faveur du pouvoir ou d’autres justiciables plus fortunés.
Récemment, un tribunal vient de dénoncer la nullité de la procédure relative à la détention du journaliste du Quotidien Le Républicain, alors qu’il avait été mis sous mandat de dépôt par le pouvoir.
D’autres de la presse, avant lui, avaient été entrainés dans les geôles pour avoir publié un fait de société, véritable fiction mettant en scène un Président et une maîtresse.
Les prisons sont pleines à craquer, en raison de l’injustice dans la délivrance des mandats de dépôt qui pourtant devaient être exceptionnels.
L’ancien PDG de BHM, bien que bénéficiant d’un acquittement explicite de la justice et blanchi par les rapports d’expertises, croupit depuis 6 ans en prison sans que cette injustice ne soulève aucune réprobation.
Les travailleurs compressés courent derrière des indemnités qui leurs sont dues depuis 2 décennies et la gestion des terres à l’Office du Niger débouche sur l’éviction des paysans au profit des citadins dont ce n’est pas le cœur de métier.
Les concours d’entrée à la Fonction publique et les promotions aux grades supérieurs dans d’autres corps de métiers sont organisés de la façon la plus injuste qui soit, les places étant réservées aux plus offrants et derniers enchérisseurs.
A l’école, la contrebande de notes est le jeu favori. C’est la plus grande injustice faite à la société que de mettre à sa disposition des cadres mal formés et nantis de diplômes issus de la contrebande de notes . Quid des faux diplômés qui s’accaparent de postes pour lesquels ils n’ont ni la formation ni le profil.
C’est une grande injustice que subissent les consommateurs lorsque les mercantiles commerçants ne répercutent pas sur les prix, le coût des subventions reçues.
Pendant ce temps, on exproprie à tour de bras les paysans dans la périphérie urbaine au profit de la construction de logements sociaux dont les bénéficiaires sont rarement la population cible. Une analyse de la liste des loyers impayés a permis de savoir que de nombreux bénéficiaires sont des nantis propriétaires de nombreux lots bâtis.
Cela ne choque personne, le pays vivant sur d’autres injustices plus criardes. Hé Mali !!!! ???.
Toutes les révoltes qui ont éclaté au Mali sont le fruit d’injustices intolérables.
Les coups de force de 1968, 1991 et 2012 sont la résultante d’injustices flagrantes, le premier et le second sont nés d’une injustice dans la gestion des aspirations d’une grande partie du peuple contre le régime, le dernier est né d’une mutinerie découlant de l’injustice dans la gestion des problèmes du Nord. Le régime, en offrant gite et couvert, à des forces rebelles alors que les troupes n’avaient pas accès à leur prime pour s’alimenter (PGA), a déclenché une foudre sur le palais du gouvernement.
La première justice rendue au peuple est la bonne gestion dans l’équité des maigres ressources issues de la sueur du front de chaque membre de la communauté. Autrement dit, nul n’a le droit de privilégier une communauté par rapport à une autre dans la distribution des prébendes d’une nation. Ce sont les faits d’injustice des gouvernants qui sont à l’ origine des sentiments de rejet et de répulsion du pouvoir et des bénéficiaires des passes droits.
La corruption dans le pays est la première injustice qu’endure les citoyens Elle capte les ressources destinées au plus grand nombre pour une minorité de citoyens. Elle désarticule la société en créant une couche sociale dont les revenus viennent de la contrebande et du trafic d’influence. Ses effets sont pervers sur la vie des couches affectées par la gangrène de la course à l’enrichissement illicite.
Ainsi naquirent des égoïsmes qui ont produit une fracture sociale profonde, génératrice d’instabilités chroniques. Le Mali se délite et perd ses valeurs ancestrales de probité morale et de justice.
Ibrahim M.GUEYE