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Kidal: financement occulte de la CSMAK

Non prévue par l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la source financement de la Coordination sécuritaire des Mouvements de l’Azawad à Kidal (CSMAK) intrigue.

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Cette Coordination sécuritaire est en réalité une police locale qui ne dit pas son nom. La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, alliance des trois groupes armés, le MNLA, le HCUA et le MAA) pilote les opérations de la CSMAK, apprend-on. C’est elle qui a mis en place cette ‘’police’’ en juin 2014. Formellement, la CSMAK n’est pas prévue dans l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, signé en 2015 par le Gouvernement, la CMA et la Plateforme du 14 juin ainsi que la communauté internationale.
Selon Ilad Ag Mohamed, porte-parole de la Coordination sécuritaire des Mouvements de l’Azawad à Kidal (CSMAK), c’est la Coordination qui finance de sa poche les 200 hommes qui composent la CSMAK et a investi dans du matériel de maintien de l’ordre différent de celui utilisé pour les combats (des boucliers, des matraques…). « La CSMAK a pour missions essentielles, la sûreté publique, la Police Judiciaire et la Police Administrative », explique Ag Mohamed.
Pourtant, il n’y a pas que le banditisme qui inquiète les populations dites de l’Azawad. Le terrorisme reste une préoccupation majeure. L’état-major français le reconnaît sans peine : « La CSMAK est une police de la CMA avec laquelle [l’opération militaire française au Sahel] Barkhane travaille régulièrement à Kidal », sans plus de précisions.
Selon la porte-parole de la MINUSMA, à Kidal, la Minusma « assure sa propre sécurité », mais « encourage tout partage d’information utile au renforcement de la protection de la population et du personnel et biens de l’ONU ».
Si pour une fois la Mission onusienne est hors de cause, il n’en est pas de même d’une autre Force étrangère qui opère à Kidal. L’on apprend en effet, contrairement aux allégations du porte-parole de la CMA, que cette Force qui a défrayé la chronique, il y a quelques jours, du fait de sa partialité, a financé à maintes reprises la fameuse police locale qu’est la Coordination sécuritaire des mouvements de l’Azawad à Kidal.
D’ailleurs, un responsable d’un groupe armé porte clairement cette accusation, sans que le mis en cause ne daigne se défendre. Alors, en vertu de quelle disposition cette Force étrangère finance-t-elle une ‘’police’’ locale ? De toute évidence, il n’y en a pas. C’est donc, en toute logique d’ingérence qu’elle se donne le droit de financer la Coordination sécuritaire des mouvements de l’Azawad à Kidal. Ce, quand bien même cette Coordination est censée maintenir l’ordre à Kidal.
Quant à la CMA elle-même, son affirmation selon laquelle elle ‘’finance de sa poche les 200 hommes qui composent la CSMAK’’ n’est pas sans interpeller. Elle pourrait même être extrêmement grave. Et pour cause ce mouvement armé n’a pas de source de revenu légale connue à ce jour. Alors avec quoi renfloue-t-elle ses caisses pour pouvoir équiper et entretenir 200 homme de sa ‘’police’’ ?
Pour un Etat, il y a les impôts, les taxes, les ressources minières et minérales, l’aide des partenaires techniques et financiers pour faire face aux charges régaliennes. Ce qui n’est naturellement pas le cas d’un mouvement armé. Alors faut-il privilégier la piste du trafic de substances illicites, d’êtres humains, des impôts indus et des taxes imposées aux pauvres populations ?
Il faut également souligner que la Coordination sécuritaire des mouvements de l’Azawad à Kidal n’a aucune existence légale jusqu’à preuve du contraire. En effet, contrairement au Mécanisme opérationnel de coordination (MOC), la CSMAK n’est pas prévue par l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Or, c’est le document de référence. Aussi, participer au financement d’un tel mouvement est une gageure.
Une autre question que l’on est en droit de se poser est de savoir si la Force étrangère, si généreuse, serait-elle prête à en faire de même pour Plateforme ? Parce qu’en le faisant, on pourrait au moins lui reconnaître un sens de l’équité. Mais elle ne peut pas le faire, parce qu’elle a, de longue date, choisi son camp, à savoir celui de la Coordination des mouvements armés (CMA). La preuve est son intervention scandaleuse visant à prendre les armes lourdes de la Plateforme devenue ainsi vulnérable. Une autre preuve plus nauséeuse, c’est l’attaque d’une position de la Plateforme, par la même Force, dans le secteur de Tabankort, le 13 août dernier. Toute chose qui a eu pour conséquence, une réaction du Mouvement ‘’Waati sera’’ qui a organisé un sit-in devant l’ambassade du pays d’origine de la Force en question qui prend carrément ses aises par rapport à sa seule et unique mission de lutte contre le terrorisme.
En finançant une police illégale qui pourrait être coupable d’exactions sur des civiles, elle a poussé trop loin sa partialité qui ne faisait du reste l’ombre d’un doute au sein de l’opinion nationale.

Par Bertin DAKOUO

 

Source: info-matin

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