Lors d’un meeting organisé le samedi 16 novembre 2024 au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), le Premier ministre malien, Dr. Choguel Kokalla Maïga, a pris la parole devant plus de 1 000 partisans pour dénoncer les dysfonctionnements au sein de la transition dirigée par les militaires. Habillé en treillis militaire, symbole d’engagement, il a dressé un bilan critique de la gestion actuelle et mis en garde contre les risques d’instabilité.
Un isolement du gouvernement dénoncé
Bamada.net-Pendant près de deux heures, Dr. Choguel Maïga a pointé du doigt le manque de concertation et de transparence dans les décisions prises par des autorités au pouvoir . « La transition, censée s’achever le 26 mars 2024, a été prolongée unilatéralement sans débat au sein du gouvernement. Le Premier ministre ne peut pas apprendre de telles décisions par les médias », a-t-il déclaré.
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Le chef du gouvernement a également souligné l’exclusion de son équipe des discussions sur des sujets cruciaux, comme la mise en place de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections. « Cette structure, qui devait refléter les aspirations du peuple malien, a été instaurée en contournant toutes les procédures normatives », a-t-il déploré.
Une gestion opaque et des risques de reculs démocratiques
Choguel Maïga a critiqué la création récente de plus de 100 nouveaux partis politiques, une décision qu’il attribue au ministère de l’Administration territoriale. Selon lui, cette prolifération contrevient aux résolutions des Assises Nationales de la Refondation (ANR), qui recommandaient de réduire le nombre de partis pour renforcer la stabilité politique.
« Ces pratiques, héritées des anciens régimes que nous avons combattus, reviennent aujourd’hui en force. Elles augmentent les risques de manipulation politique et de graves reculs sociaux et démocratiques », a-t-il alerté.
Un appel à la réorientation de la transition
Se disant isolé et marginalisé, le Premier ministre a rappelé ses efforts infructueux pour engager un dialogue avec les militaires au pouvoir. « Depuis plus de deux ans, je demande une réunion avec les responsables de la junte pour discuter de l’avenir de la transition. Mais mes appels restent sans réponse », a-t-il révélé.
Conscient des tensions croissantes, il a exhorté ses alliés militaires à faire preuve de responsabilité. « Ce n’est pas ma personne qui est en jeu, mais l’avenir du Mali. Si nous continuons sur cette voie, l’espoir du Mali Kura risque de s’effondrer. »
Un avertissement pour l’avenir
Le Premier ministre a conclu son discours en posant des questions fondamentales : « L’efficacité de l’action gouvernementale n’est-elle pas compromise par ces dysfonctionnements ? Et à qui profite ce chaos institutionnel ? »
En plein cœur de ce contexte, marqué par une recrudescence de l’insécurité et un manque de perspectives claires, les paroles de Dr. Choguel Maïga résonnent comme un appel urgent à la réorientation de la transition. Il a promis de continuer à défendre les aspirations du peuple malien, même face aux obstacles internes.
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Cette prise de position marque un tournant dans les relations entre le M5-RFP, dont il est issu, et les autorités militaires. Reste à savoir si cette sortie permettra de relancer le dialogue ou aggravera les fractures au sein du pouvoir.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net