La campagne agricole 2016-2017, qui s’annonçait prometteuse, dans notre pays, a été malheureusement handicapée, les zones du Sahel occidental (Cercles de Nara, de Dièma et de Nioro du Sahel), à cause de l’insuffisance de la pluviométrie, d’une part et de l’apparition d’insectes ravageurs, d’autre part. Le constat a été fait, les 10 et 11 octobre dernier, par le ministre de l’Agriculture, Kassoum DENON, accompagné d’une forte délégation de son département et de ses services techniques chargés de la protection des plantes et de la lutte contre les criquets.
La mission a également enregistré la présence du directeur général du Centre national de lutte contre les criquets pèlerins, Fakaba DIAKITE ; du directeur de l’Office de protection des végétaux, Lassana Sylvestre DIARRA.
Cette mission ministérielle avait pour objectif de se rendre dans les champs sinistrés et de constater les dégâts causés par les sauteriaux et autres insectes ravageurs. Malgré que plus de 6 500 ha soient déjà traités par les services compétents dépêchés par le ministère de l’Agriculture, le constat qui se dégage est qu’il n’y aura pas de récolte dans la plupart des champs visités à Nara, Dièma et Nioro du Sahel cette année.
La visite a commencé par des champs du village de Mourdiah où les agents locaux de l’agriculture et les paysans ont fait le point sur la situation devant le ministre DENON et sa délégation. Ils ont indiqué que les sauteriaux et les autres insectes ravageurs avaient fait leur apparition en grand nombre au mois de septembre dernier.
Aussi, ont-ils souligné qu’après avoir fait remonter l’information au niveau du ministère, les services compétents ont dépêchés sur les lieux des missions de supervisions avant de procéder, très rapidement au traitement des champs investis par les bestioles. Selon les spécialistes, les types d’insectes présents dans ces cercles infestés sont entre autres les sauteriaux, les Kraussaria, les auguilifera, les Diabolo, les Catanthops, les coléoptères…
Les assurances du ministre DENON
Le ministre DENON a expliqué aux paysans qu’il a été dépêché sur le terrain par le Président de la République pour constater le niveau des dégâts et rassurer en même temps les paysans quant au soutien des autorités nationales à l’endroit des victimes, dans le sens d’une éventuelle prise charge en matière de fourniture de semences et d’appuis alimentaires.
« Nous avons pu constater que les parcelles ont été sévèrement touchées par les sauteriaux et quelques fois par les criquets pèlerins. Nous avons visité les champs et échangé avec les paysans sur leurs préoccupations », a confié le ministre à la presse.
Il a rassuré que des missions seront diligentées sur le terrain pour faire un recensement exhaustif des victimes en vue de chercher les voies et moyens de les secourir. À ce niveau, il a fortement interpellé les responsables administratifs locaux et les agents de l’encadrement pour plus de sérieux et d’impartialité pour la réussite de ce travail de recensement et pour l’utilisation efficiente des dons qui seront acheminés en guise d’appui semencier et alimentaire.
« Il y a eu trop de dégât et beaucoup de paysans risquent de ne pas faire de récolte cette campagne. La zone du Sahel occidental est endémique à la prolifération des insectes. Ces sauteriaux ne sont pas venus d’ailleurs, ils ont pondu et se sont multipliés ici sur place. Désormais, il s’agirait de tout mettre en œuvre pour étouffer le risque dès en début d’hivernage. Nous demandons aux paysans d’être vigilants et de signaler rapidement les cas constatés. Nous avons les produits et les équipements nécessaires pour faire face à la situation si elle est signalée à temps. La situation est actuellement presque sous contrôle avec le travail abattu par les structures compétentes qui sont à pied d’œuvre » a laissé entendre le ministre.
Les paysans se confient au gouvernement
Dans les champs, la délégation ministérielle, sous la conduite des agents de l’encadrement et des paysans, ont constaté le l’état des dégâts casés sur les cultures par les insectes ravageurs. Selon les explications des paysans, en temps normal, la production de mil est estimée à environ 2 tonnes à l’hectare, dans la zone. Ils ont indiqué avec amertume qu’avec cette invasion des bestioles, rares sont les paysans qui dépasseront les 2 sacs à l’hectare.
Néanmoins, avec ce geste de solidarité et de compassion des autorités, les paysans se sont montrés confiants.
« Cette initiative du Président de la République nous soulage, car nous n’avons d’autres sources de revenus en dehors de l’Agriculture. Cette mission de supervision nous rassure que le gouvernement songe au monde rural. Avec cette catastrophe, dont nous avons été victimes cette année, nous ne pouvons que nous remettre au Bon Dieu et au gouvernement pour nous venir en aide », s’est lamenté Cheick Hamalla MANGARA, un vieux cultivateur à Mourdiah.
Les paysans ont sollicité auprès du ministre de l’Agriculture d’être leur porte-parole auprès de qui de droit afin de les aider à faire face à la famine qui s’annonce déjà.
Le monde rural au cœur du programme présidentiel :
Dans les différentes localités visitées, le ministre a échangé avec les autorités locales et les agents de l’encadrement en vue de faire passer des messages de sensibilisation et de donner des consignes pour pouvoir contrecarrer le fléau afin qu’il ne s’installe pas comme un sigle éternel. Le ministre Kassoum DENON a insisté sur la vision du président de la République à faire du secteur agricole l’une de ses priorités en mettant le monde rural au cœur de son projet de société. Il a indiqué que cette vision présidentielle était en train d’être concrétisée avec l’allocation de 15 % du budget au monde rural ; la subvention des intrants et des équipements agricoles pour qu’ils soient à la portée de tous les paysans ; l’aménagement de 100 000 hectares pour intensifier davantage la culture du riz ; la mise en valeur de retenues d’eau et beaucoup d’autres projets.
Le ministre a saisi l’occasion pour appeler ses structures compétentes, l’encadrement et les paysans à s’orienter de plus en plus vers l’Agriculture intelligente en vue de mettre les localités du Sahel occidental à l’abri de la péjoration des pluies. Il a également indiqué qu’il ferait son mieux pour orienter les projets qui s’occupent de l’Agriculture vers ces zones. Pour le ministre, ces localités doivent aller au-delà de la monoculture du mil en tablant sur d’autres cultures plus rentables. Il a largement sensibilisé les paysans à commencer les travaux champêtres à temps et à prioriser les variétés de semences précoces.
Le directeur de l’Office pour la protection des végétaux, Lassana Sylvestre DIARRA, a souligné que cette campagne agricole en cours avait été exceptionnelle par rapport à la façon dont les sauteriaux ont fait leur apparition. Pour lui, c’est la période de grande sécheresse qu’a connue la zone qui a aggravé la situation. La végétation naturelle ayant séché et les sauteriaux se sont migrés vers les champs. Le directeur de l’OPV a soutenu que les traitements ont débuté tout juste après l’annonce de l’invasion. Il a informé que des brigades villageoises ont été formées et chargées de faire remonter l’information à temps.
Le directeur du Centre national de lutte contre les criquets pèlerins, Fakaba DIAKITE, a sollicité l’implication des populations locales à travers les techniques de lutte mécanique si bien que les structures compétences ne peuvent pas couvrir tout le territoire. M. DIAKITE a insisté à dire que l’ambition de sa structure était de se battre en vue de tuer les populations de sauteriaux présentes en vue de faire en sorte que la prochaine campagne ne soit pas menacée. Selon lui, il est très difficile de pouvoir couvrir tout le territoire en même temps. Toute chose qui nécessite une révision, une réorganisation de la stratégie d’intervention, en impliquant la population locale.
PAR MODIBO KONE ENVOYE SPECIAL
Source: info-matin