Comment être citoyen, un bon citoyen, un citoyen responsable, soucieux et consciencieux de l’avenir de la cité, de l’humanité ? Le cas du Mali est mis en scène par Alioune Ifra N’Diaye à travers le spectacle musical Horon.
A partir d’un essai sur la citoyenneté ou « plutôt le manque de citoyenneté au Mali » préfère-t-il dire, Alioune Ifra N’Diaye tente d’expliquer l’émergence généralisée de la « Banyengoya », cet égoïsme pénétrant qui participe, depuis un moment, à la construction du type malien.
Dans le spectacle, l’auteur fonde son raisonnement sur une philosophie fondamentale mandingue qui stipule que l’être humain a été doté par la Nature, le Créateur, de trois facultés fondamentales que les Mandingues symbolisent par les trois œufs suivant leur forme et leur consistance: l’amour vulgairement appelé sexe (ko kili en mandingue pour signifier les testicules d’où réside le liquide procréateur qui, injecté en la femme, permet la procréation heureuse et épanouie, le cerveau (ha kili) pour réfléchir à ses actes et le savoir (don kili) la graine de la connaissance pour avoir de la morale, de la conscience. Ce troisième kili est un détournement contextuel par l’auteur sinon en réalité la philosophie mandingue parle des Yeux (nya kili) qui permettent de voir, de regarder et donc de distinguer le jour et la lumière, le clair et l’obscur, le bien du mal, le vrai du faux.
Le spectacle est donc construit sur ce triptyque entre tableaux contés, racontés avec des mots forts, pleins de sens et des scènes chorégraphiques d’une délicieuse gestuelle évocatrice comme si l’auteur voulait nous faire un dessin simple afin de nous faire comprendre notre situation d’une société allant à vau-l’eau, se perdant dans « la banyengoya, ce vice de jaloux incapables de se donner de grandes ambitions et déterminés à empêcher les autres d’en avoir ».
Alors il interpelle. Qu’avons fait pour mériter cela ? Allons-nous rester dans cette attitude stérile du spectateur face à notre destin ? Sûrement que non. Il faut agir, trouver en nous les ressorts de cette reprise pour participer à la marche du monde qui aux yeux de l’artiste se fait maintenant en termes de connexion, d’interconnexion et de réseau grâce l’informatisation, l’Internet, Facebook, Google et tutti quanti des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Alioune Ifra N’Diaye nous propose une comédie musicale destinée au milieu scolaire et universitaire et fait de ce spectacle musical un outil de construction citoyenne avec des conférences-débats sur les enjeux de la crise au Mali.
Le principe de cette action, explique-t-il, est d’utiliser la tradition du récit comme vecteur de la construction de la paix, de la confiance et de l’harmonie en trois axes : capter l’attention, stimuler le désir de changement, emporter la conviction par l’utilisation d’arguments raisonnés. Voilà ce qu’est Horon un spectacle magistral à voir et revoir absolument pour construire d’abord notre propre personne, notre conscience, notre être afin de bâtir une nation malienne fière et digne, un monde responsable et heureux.
C’est le prétexte, le texte et le contexte du spectacle Horon qui dure une heure et dix minutes, un appel à la réflexion et à l’action à travers chants et danses du Mali qui ne peut laisser le public indifférent. Avec Horon Alioune Ifra N’Diaye inaugure l’ère du théâtre d’intervention citoyenne.
HORON est un spectacle musical HÓRON imaginé, écrit et mis en scène par Alioune Ifra NDiaye assisté par Ramses Damarifa. Il est interprètés par : Ramses Damarifa, Diamy Sacko, Sikadie Samake, Badri, Betty Choco Deen Mandi, Tyson Att Traoré, le fortune club de Bolibana et les Pipi de Kati
Durée 70 minutes
En tournée nationale et représentations populaires à travers les 6 communes de Bamako. Prochaine représentation à Bamako au Blonba le samedi 11 novembre à 22h00.
Oussouf Diagola
Journaliste indépendant
Source: lesechos