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Face à la presse étrangère à Gao: Macron dévoile le binôme de la politique

Dans la mouvance de sa visite aux troupes de l’Opération Barkhane, le vendredi 19 mai dernier, le Président Emmanuel MACRON s’est adressé à la presse étrangère. Il a été question au cours de cette conférence la mission de l’Opération Barkhane ; la coopération militaire entre l’Europe et l’Afrique dans la lutte contre le terrorisme ; l’application de l’Accord pour la paix dans notre pays. C’était l’occasion pour le président français d’annoncer également le maintien des troupes de Barkhane au Sahel jusqu’à l’éradication du terrorisme dans cette région.

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Déclaration préliminaire d président Emmanuel MACRON

Je suis aujourd’hui à Gao, près de nos Forces comme je n’en avais fait la promesse, comme j’en avais pris l’engagement durant la campagne présidentielle. Comme vous l’aviez vu, j’ai eu un échange bilatéral avec le président du Mali. Avec lui, nous avons évoqué l’application de l’Accord d’Alger ; la situation actuelle sur le plan militaire, sur le plan politique, sur le plan économique ; ainsi que les actions à conduire côté français, côté malien.
Le président du Mali m’a indiqué son intention en tant que président du groupe G5 Sahel de réunir le G5 dans les prochaines semaines et je participerai évidemment à cette réunion pour qu’on puisse préciser encore la feuille de route et améliorer les coopérations politiques et opérationnelles, en la matière.
J’ai ensuite pu être auprès de nos forces guidées par notre général, commandant de force de Barkhane. Échange durant lequel, j’ai pu voir d’abord l’engagement de nos forces armées qui sont là avec nous ; l’abnégation parce que c’est une mission qui est très difficile, difficile pour nos femmes et hommes, difficile pour les équipements compte tenu des conditions d’intervention, difficile parce que depuis plusieurs semaines on a des terroristes islamistes qui se réorganisent, qui sont en train de se fédérer, qui nécessite une action coordonnée, résolue de nos forces. Donc, c’est dans ce cadre que j’étais venu leur dire ; d’abord, le plein soutien de la nation, la reconnaissance et le plein soutien du Chef suprême des armées et l’engagement à la fois d’apporter le soutien qu’ils sont en droit d’attendre en terme d’équipements et d’engagements. Puisqu’on voit ici la nature des équipements sauvent des vies. Quand on a un véhicule blindé de la dernière génération, on évite d’avoir 3 de nos soldats tués. Si c’était un véhicule de la génération précédente, ils ne seraient plus là. Dans le même temps, une conduite des opérations exigeantes parce que nous aurons dans les prochaines semaines et les prochains mois un travail important à mener ici sur le terrain. Le travail n’est pas terminé, je crois que toutes et tous savent ici.
Enfin, le message que j’étais venu porter c’est que si nous voulons réussir au Sahel, nous avons besoin de poursuivre et d’accroître notre engagement, mais en lien très fort avec le G5 et donc les Etats concernés. Nous avons besoin à côté de cela de développer la coopération européenne en termes de formation principalement et le travail au sein de la MINUSMA pour le maintien de la paix. Je salue d’ailleurs l’ensemble des militaires et forces armées ici présents avec nous dans le cadre de la MINUSMA et le général de la MINUSMA qui est venu me saluer et le Représentant spécial des Nations Unies au Mali.
L’autre pilier est politique qui suppose des réformes indispensables pour le Mali et la réforme institutionnelle qui est attendue au titre des accords d’Alger et les éléments de stabilisation interne.
Enfin, c’est la politique de développement que je souhaite accroître. C’est pourquoi j’ai souhaité que le Directeur général de l’AFD soit à mes côtés aujourd’hui, parce qu’il faut dans le même temps gagner la guerre et gagner la paix. Donc, réussir à développer les conditions de bon développement des infrastructures, de conditions minimales de santé, d’éducation qui sont indispensables dans la région, je pense, en particulier à tout le nord du Mali où le terrorisme se nourrit justement de la grande pauvreté, des famines, de l’isolement. C’est la stratégie qui je conduirai dans les années à venir pour ce qui est du Mali et que je compte intensifier dans les prochaines semaines. Maintenant je peux répondre à toutes les questions que vous vous posez.

Bruno de ‘’Sud-Ouest’’ : « est-ce que le Mali a été un sujet de conversation lors de votre entretien avec François Hollande le dimanche dernier ? Est-ce qu’il vous a fait part de ses inquiétudes ou de son optimiste? »
Macron : Bien entendu la situation du Mali, l’engagement de nos forces, en particulier dans le cadre de l’Opération de Barkhane ont fait partie de nos échanges avec mon prédécesseur. Je n’en dirai pas davantage parce que la nature de ces discussions est à la fois couverte par une partie pour le secret de défense et, pour l’autre, relève du genre de discussion qu’il ne convient pas de rendre compte publiquement.

Matthieu ‘’BFM TV’’ : « on a bien entendu aujourd’hui que vous placez l’Europe au cœur de cette mission contre le terrorisme au Sahel. Vous avez parlé de l’Allemagne qu’est-ce que vous demandez concrètement aux Allemands aujourd’hui de plus que ce qu’ils ne font ? »
Macron : D’abord l’Allemagne est depuis 2 ans dans un changement profond de sa stratégie et de sa philosophie militaire. La Chancelière Merkel a pris des décisions uniques depuis la seconde guerre mondiale de réengagement, d’investissement dans le militaire et d’engagement d’ailleurs de ses forces armées. Dans les théâtres d’opérations, l’Allemagne était peu, voire pas présente. C’est pourquoi aujourd’hui, dans la MINUSMA, vous avez des militaires allemands et je viens d’ailleurs d’en saluer quelques-uns qui sont présents et qui sont engagés. Au total sur ces théâtres d’opérations, il y a environ 1000 soldats allemands qui sont déjà engagés. Donc, l’Allemagne est déjà très présente aujourd’hui. Je souhaite qu’on renforce en effet la coopération avec l’ensemble de pays européen, en particulier l’Allemagne, mais le faire en étant conscients de nos forces et de nos spécificités. Aucune armée européenne n’a la capacité d’intervenir aussi vite que l’armée française. Ce qui s’est passé, ici, pour le Mali, aucune armée européenne ne sait le faire. Le commandement, la prise de décision, sa rapidité ne sont pas permis dans les pays voisins. L’Allemagne est un régime parlementaire où il faut plusieurs semaines de débats pour pouvoir d’enclencher une opération de ce type.
Ensuite, la nature de notre armée, sa complétude, les investissements qui sont faits, le savoir-faire des hommes font qu’il n’y a pas de comparable aujourd’hui à mes yeux en Europe. Par contre, nous avons besoin d’une coopération très forte de nos partenaires européens qui investissent beaucoup. L’Allemagne est en passe d’investir davantage dans le militaire que nous. Sur le plan du soutien, des équipements et de la coopération dans l’équipement, ici, c’est absolument vital. Il y a besoin d’hélicoptères de dernière génération, il y a besoin de véhicules blindés de dernière génération. C’est dans ce cadre que la coopération avec l’Allemagne renforcée peut nous rendre collectivement plus efficaces quand elle ne sauve pas la vie de nos soldats. C’est donc cette stratégie que je souhaite développer avec l’Allemagne et d’ailleurs j’ai indiqué à la Chancelière que nous allons reparler de ce sujet. Que dans les prochains mois nous puissions envisager d’avoir des déplacements communs sur des théâtres d’opérations.

Nathalie du ‘’Monde’’ : « les Américains sont également ici. Je crois que Barkhane ne pourrait pas fonctionner en termes de ravissement et de renseignement notamment sans eux. Quelles demande ou réassurance vous avez vis-à-vis de ce partenaire ? Et quelle inquiétude vous avez aujourd’hui, compte tenu de l’attitude peu lisible du Président TRUMP en matière de décision politique extérieure ? »
Macron : Je rencontrerai jeudi midi le Président TRUMP avec lequel il est prévu, après notre Sommet de l’OTAN, un déjeuner de travail. Donc, nous aurons un échange dont une bonne partie traitera de sujets de défense et de sécurité.
Aujourd’hui, vous avez raison de le dire, sans la coopération avec les USA, en particulier, en matière de renseignement, nous ne pourrions pas opérer de manière efficace dans cette région comme dans beaucoup d’autres.
En parlant à notre général, mais également au Chef d’état-major des armées, on a pu constater que les relations avec les forces américaines étaient exemplaires et enviées, en particulier dans le cadre de l’Opération Barkhane. Et plus largement dans toutes les opérations qui sont aujourd’hui conduites en Afrique. Mon souhait c’est que cela se poursuive. Je ne doute pas d’ailleurs de l’engagement américain en la matière.
Les échanges récents qui se sont tenus entre nos conseillers diplomatiques, entre nos ministres, eh bien, manifestent le fait que les États-Unis ont une envie de poursuivre cela.
Et quand je vois les prises de position récentes, du Président TRUMP, dans l’engagement, pour justement éradiquer le terrorisme islamiste, je ne doute pas qu’il maintiendra ce type de coopération qui est la condition d’efficacité pour nos troupes en la matière.
Il est évident par contre qu’en termes d’interventions et d’opérations militaires, traditionnellement, nous sommes plus présents que les Américains. Mais leur place en termes de renseignement, principalement, est décisive pour nous.

Chamal : « on a plusieurs conflits en même temps, le Mali, la Centrafrique, on n’a pas l’impression qu’aucun n’est en train de se terminer, il y a-t-il une inflexion particulière à donner pour parvenir à la fin de ces conflits ? Est-ce que vous allez changer quelque chose dans la stratégie qui a été appliquée jusqu’à présent, si ce n’est un peu plus de développement ? »
Macron : Alors, la fin d’un conflit militaire, c’est quand l’ennemi se rend, ou est neutralisé ou quand il y a une feuille de route politique.
Chacun des sujets que vous avez évoqués est différent. Pour ce qui est de l’Opération Barkhane, elle ne s’arrêtera que le jour où il n’ y aurait plus de terrorisme islamiste dans la région, et où la souveraineté pleine et entière des Etats de la région sera restaurée, pas avant.
Parce que décider de s’arrêter avant que, justement, l’ensemble de ces groupements, de ces terroristes soient éradiqué, c’est créer les conditions d’une reprise dans quelques années.
Donc, je ne fais pas partie de ceux qui considèrent qu’on peut ab missio fixer un terme. Ce n’est pas possible. Ce qu’on peut fixer, c’est une détermination complète, un engagement résolu, et continuer à soutenir nos forces, de les équiper comme il se doit.
C’est ce que nous allons continuer de faire. Je renforce en particulier sur certains aspects, et c’est d’être exigent avec nos partenaires sur le respect de la feuille de route politique.
Moi, ce que je veux en ce début de mandat, c’est une exigence, sans doute, renforcée à l’égard des États du Sahel et de l’Algérie, pour que, tout ce qui est inscrit dans les Accords d’Alger soit appliqué, et pour que la responsabilité de toutes et de tous soit prise.
On ne peut pas manifester quelque faiblesse que ce soit, à l’égard des groupements terroristes. Quelles que soient les raisons politiques domestiques.
C’est simple, je ne suis pas plus compliqué ; moi j’ai nos hommes qui sont là, j’ai la responsabilité, j’en réponds devant les Français et leurs familles. Je n’enverrai pas nos soldats se faire tuer si tous les gouvernements qui sont responsables de la situation, localement, ne prennent pas l’intégralité de leur responsabilité. C’est cela, ce que je dirai à chacun. Donc, s’il y a une réflexion, elle est dans cette exigence renforcée.
Pour le reste, nous avons d’autres théâtres d’opérations qui évolueront dans les prochains mois, les prochaines années, nous le savons bien.
La clé de tout cela, c’est de construire la paix. Si on veut désengager nos forces armées, c’est d’avoir une feuille de route diplomatique qui permet la stabilisation.
Et je veillerai, en particulier, sur deux sujets diplomatiques: la Libye où il est indispensable de construire avec les forces en présence, mais en associant tous les Etats de la région. Eh bien, une feuille de route diplomatique qui évitera une intervention militaire. Et la Syrie où je souhaite qu’on puisse trouver une sortie de crise par, justement, une négociation diplomatique et politique inclusive. Toutes les forces en présence seront autour de la table, et où les Nations Unies auront repris, d’ailleurs, le rôle qui doit être le leur.
Maryse BURGO, pour ‘’France2’’ : « Monsieur le président, vous avez passé beaucoup de temps aujourd’hui à parler, discuter, avec ces militaires. Est-ce qu’il y a une conversion qui vous a particulièrement touchée, frappée aujourd’hui, ici ? »
Macron : Oui, il y en a plusieurs, il y a les témoignages (parce que j’ai été, tout à l’heure, en Hélicoptère, NH90) du danger subi, vécu, au quotidien, en même temps, du sens du devoir qui habite nos soldats dans cette mission. L’évocation des missions passées et de la dangerosité croissante à laquelle ils sont exposés.
Ce qui m’a beaucoup frappé à la lumière de cette discussion, c’est vraiment ça.
Le fait qu’aujourd’hui, nous sommes face à de nouveaux types de guerres, où l’ennemi est beaucoup plus mobilisé, parfois mieux équipé, où la nature des missions est encore plus dangereuse. Ça m’a frappé, parce que je suis responsable de ça. Parce que je suis responsable, non seulement de sécurité collective, mais de leur vie. Et donc, de choisir à chaque instant, qu’on les envoie sur un théâtre d’opérations, qu’on les expose pour de bonnes raisons, et dans les conditions de sécurité qui sont aussi les meilleures.
Il y a eu une deuxième discussion, celle que je viens d’avoir avec nos soldats qui étaient dans le véhicule blindé et qui a été attaqué par un engin explosif, par l’explosion d’un engin, il y a quelque temps, et que s’ils n’étaient pas dans un véhicule de dernière génération, ils ne seraient plus là pour nous parler.
Ils ont vu qui était leur risque au quotidien et leur témoignage montre qu’être engagé dans des conflits armés, se battre pour la sécurité de notre pays, et pour notre pays, ce ne sont pas des mots, ce sont des vies, ce sont des réalités. C’est ça qui m’a frappé…
Boisbouvier de ‘’RFI’’ : « vous dit exigence renforcée à l’égard des États du Sahel et de l’Algérie. Beaucoup pensent qu’Iyad Ag Ghaly qui revendique les terribles attentats du 18 janvier à cet endroit précis est protégé par l’Algérie. Est-ce que vous souhaitez que cela cesse ? »
Macron : Rien ne permet de confirmer ce que vous venez de dire.
Par contre, je peux prendre ici des engagements.
Le premier, c’est que j’ai eu hier au téléphone le Président BOUTEFLIKA avant de survoler l’Algérie et de me rendre sur le sol malien, par courtoisie, après le message de félicitation qu’il m’avait envoyé ; je lui ai fait part de ma détermination sur ce sujet, de ma volonté de pouvoir en parler avec l’Algérie de manière très franche.
La deuxième, c’est que partout où nous sommes en situation d’agir, nous agirons avec une détermination accrue, ni plus ni moins.
Je vous remercie pour votre attention.

traduction libre

 

Source: info-matin

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