En dépit de l’intransigeance du Gouvernement et de la communauté internationale à aller aux élections en juillet prochain, l’épineuse question de Kidal continue de tarauder l’esprit de plus d’un observateur. A seulement quelques semaines des dates indiquées par les autorités transitoires pour la tenue de la présidentielle, l’on en est toujours à se demander si Kidal sera libéré avant cette échéance.
L’armée française à Kidal dans l’Adrar des Iforas
A la faveur de l’interpellation dont il fut l’objet le mardi dernier, le Gouvernement malien, par la voix de son ministre en charge des élections, s’était encore une fois montré intraitable sur le respect du calendrier électoral, conformément à la Feuille de route de la transition. «Les élections se tiendront à date indiquée», avait insisté Moussa Sinko Coulibaly. Ainsi, le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de l’aménagement du territoire avait donné des précisions sur la démarche du Gouvernement pour apporter des réponses aux préoccupations des députés. Celles-ci sont relatives notamment au choix du fichier électoral, le redéploiement de l’Administration dans les zones libérées, la situation des déplacés, la disponibilité des ressources logistiques et financières, entre autres.
Si toutes ces interrogations avaient trouvé des réponses plus ou moins satisfaisantes auprès du Gouvernement, l’autre équation, pas des moindres, sur laquelle l’équivoque n’a pu être levée, c’est bien la situation de la région de Kidal qui demeure jusque-là hors de portée des forces armées maliennes. Les débats à l’Assemblée nationale, mardi dernier, pouvaient logiquement paraître comme la meilleure occasion pour édifier le peuple malien sur ce sujet sensible et d’intérêt national. Malheureusement, les réponses données par le ministre en charge de la Défense, l’un des interpellés, en avaient plutôt ajouté à la confusion et au flou. En effet, interrogé sur les raisons de l’absence de nos forces armées à Kidal, le général Yamoussa Camara a réaffirmé que cet état de fait s’expliquait par l’incapacité opérationnelle de nos hommes à suivre les manœuvres de l’opération Serval et les troupes tchadiennes. Dès lors, plusieurs observateurs se demandent de nos jours si notre armée aura cette capacité un jour, même si lors de sa traditionnelle conférence de presse, lundi dernier, la Direction de l’information et des relations publiques des armées miroitait, pour la énième fois, l’arrivée de nos militaires à Kidal.
De toutes les façons, avait estimé le général Camara lors de son interpellation, il y a d’autres voix de recours et l’armée n’est que le dernier recours, évoquant par ailleurs des préoccupations de nos partenaires par lesquelles nous sommes, dit-il, tenus. En voici des propos qui laissent entrevoir que la voie militaire n’est pas l’option privilégiée pour la reprise de Kidal, toujours sous contrôle du Mnla. A preuve, une mission gouvernementale qui devrait être conduite par le Premier ministre prévoit de se rendre dans les jours à venir à Kidal, pour poser les jalons de la négociation avec le Mnla, en convaincant ce mouvement de déposer les armes et de revenir ainsi dans la République.
Comme pour donner raison au ministre français de la Défense qui, à la faveur d’une visite qu’il a effectuée au Mali, les 25 et 26 avril derniers, avait indiqué que le dialogue doit permettre de régler le cas de Kidal. Or le Mnla, préalablement à toute idée de désarmement, réclame un statut juridique et politique pour son territoire imaginaire de l’Azawad. Un préalable auquel le Mali, encore moins la communauté internationale, pourrait difficilement adhérer.
En tout cas, la complexité et le flou qui entourent la situation de Kidal sont tels que les Maliens sont nombreux aujourd’hui à se demander si cette partie de notre territoire pourra revenir dans notre giron avant la tenue des élections, bien que les autorités transitoires affichent leur détermination à les tenir sur toute l’étendue du territoire nationale. C’est pourquoi, des voix s’élèvent de plus en plus, celle du Coren en est une belle illustration, pour montrer leur opposition quant à la tenue des élections en juillet, si Kidal n’était pas libéré avant cette échéance. Car en le faisant, nous aurions ainsi cautionné la partition de notre territoire.
Bakary SOGODOGO