Le 30 avril dernier, au cours de l’interpellation de quatre ministres à l’Assemblée nationale, la tenue de l’élection présidentielle au mois de juillet prochain a été réaffirmée par le ministre en charge de ce second volet de la feuille de route présentée par le Premier ministre Diango Cissoko, et adoptée le 29 janvier dernier. Si la libération totale du territoire nationale est presqu’acquise, le défi d’organiser des élections libres, transparentes et crédibles, reste encore entier.
La feuille de route qui a été adoptée dans un contexte particulier répondait à certaines exigences du moment, et de la satisfaction desquelles dépendait une forte implication de la communauté internationale, notamment des partenaires européens du Mali, pour une sortie rapide de la double crise sécuritaire et politique.
C’est dans les conclusions de sa 3199ème session sur le Mali (à Bruxelles, le 19 novembre 2012) que le Conseil Affaires étrangères de l’Union européenne a posé quatre conditions, pour la reprise de la coopération européenne avec le Mali. Parmi ces quatre conditions, la feuille de route figurait en bonne place pour le rétablissement de l’Etat de droit et surtout la reprise de contrôle des civils sur l’armée, en ces termes : « L’UE renouvelle son appel aux autorités maliennes pour qu’elles présentent dans les plus brefs délais une feuille de route crédible et consensuelle pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel et démocratique, y compris le contrôle civil des forces armées. Elle souligne que les actions dans le domaine de la sécurité doivent appuyer des objectifs politiques et venir en complément du processus politique malien ». Les autres conditions étaient que des « élections soient organisées au plus tôt » et que soit mis en place dans les meilleurs délais un cadre de dialogue national « ouvert » avec toutes les forces du pays, et notamment avec les « groupes armés, non terroristes, qui reconnaissent l’intégrité du territoire malien ». Enfin, l’UE demandait aux autorités « de faire toute la lumière sur l’ensemble des exactions commises depuis le début de la crise, au nord comme au sud du pays ». Compte tenu de ces exigences de l’Union européenne en novembre 2012, la feuille de route adoptée en fin janvier a annoncé les élections pour avril à juillet 2013. La déclaration faite par le président de la République française, François Hollande, selon laquelle, il serait « intraitable » sur cette date de juillet n’est que consécutive et conforme à celle précédemment annoncée par le gouvernement malien devant l’Assemblée nationale qui l’a adoptée à l’unanimité. Cependant certaines composantes de la classe politique malienne ont émis des réserves sur la possibilité de tenir des élections libres et transparentes en juillet. Me Mountaga Tall du CNID-FYT souhaitait un report de ces élections pour permettre de mieux les organiser. De son côté, Soumana Sako de la CNAS-FH conditionne sa participation à ces élections à la libération de Kidal. A ce jour, des indices clairs présagent de la volonté des hautes autorités à donner l’assaut pour la prise de Kidal. En plus de la nomination par Bamako d’un gouverneur pour Kidal, la visite du chef d’état major des armées aux bérets rouges à Gao est assez éloquente. Ses déclarations également rassurantes, évoquent la fin de la crise des bérets (verts et rouges) et s’engageant à payer l’intégralité des salaires des bérets rouges qui ne leur avaient pas été versés depuis plusieurs mois. Le chef d’état major général a également déclaré que la Nation fondait beaucoup d’espoir sur la mission confiée aux bérets rouges qui est celle de libérer Kidal dont l’assaut ne serait qu’une question d’heures.
Le FDR dans une déclaration en date du 4 mai a pris acte de la détermination du Gouvernement de Transition « à organiser l’élection présidentielle au mois de juillet, confirmant ainsi l’engagement solennel contenu dans la Feuille de route adoptée le 29 janvier dernier par le Parlement ». Un engagement pris devant le peuple malien et la communauté internationale. Prenant position, le FDR a exhorté le Président de la République et le gouvernement « à redoubler d’efforts pour tenir les délais, malgré les difficultés qui ne manqueront pas ». Pour le FDR, « tenir les élections en juillet, c’est contribuer à la stabilisation de la situation, donc au retour de la paix, des réfugiés et des déplacés internes dans leurs foyers. Le contraire reviendrait à tomber dans le piège des groupes armés qui veulent prendre en otage la Nation et le processus électoral », soutient le regroupement politique. (Lire le communiqué du FDR en encadré).
B. Daou