Le Gouvernement du Mali et la Coordination du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) sont parvenus, mardi soir, à un Accord après 11 jours de rudes tractations. Considéré comme préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali, cet Accord permet d’engager des discussions pour une sortie honorable de crise pour les deux parties. L’Accord est loin d’être définitif, il est plutôt intermédiaire. Il sera mis en route en deux phases: la première portera sur la période pré-électorale et la seconde post-électorale (voir en page 4 l’intégralité de l’Accord et en page 5 le compte rendu de notre entre envoyée spéciale).
A ce stade des négociations, cet Accord doit être salué, de même que les différentes parties de la médiation et, bien sûr, à commencer par le médiateur du Faso, qui prend beaucoup de coups de part et d’autre.
Il doit être salué parce que c’est une avancée permettant d’aller vers une paix, une avancée facilitant la tenue prochaine de la présidentielle, une avancée agréant la rentrée de l’armée nationale à Kidal, sans combattre, c’est-à-dire sans effusion de sang. C’est une avancée à saluer parce qu’à partir de ce document là, le Mali recouvrera la totalité de son territoire. Qui dit mieux ?
Cet Accord n’a rien de particulier. Il s’inscrit dans la droite ligne de la résolution classique des conflits en Afrique. C’est le même processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR). Nous l’avions dit, à maintes reprises, qu’il n’existe pas dix mille solutions dans un conflit que l’Etat n’a pas gagné par les armes. Il revient aux Maliens d’être patients, tolérants et d’accepter « l’inacceptable », c’est-à-dire de cohabiter avec nos frères qui ont volé, pillé, violé et tué certains d’entre nous. Il s’agit d’apprendre à vivre avec ceux qui, récemment, disaient qu’ils ne veulent pas du Mali, mais de l’Azawad. C’est dur, dur et dur, mais dans la vie tout passe.
C’est pourquoi, nous disons que l’Accord est une réelle avancée, dans la mesure où
les deux parties conviennent de la mise en place, dans les meilleurs délais, d’une commission d’enquête internationale sur les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, les crimes de génocide, les crimes de violence sexuelle, le trafic de drogue et les autres violations graves du droit international, des droits de l’Homme et du droit international humanitaire sur tout le territoire du Mali.
Saluons cet Accord parce les signataires sont déterminés à lutter contre le terrorisme, l’économie criminelle et l’impunité sous toutes ses formes; contrairement aux tergiversations de Bassolé, ministre des Affaires étrangères du Faso, sur RFI mercredi. En effet, ce dernier semble approuver notre excellent confrère Christophe Boisbouvier qui fait état de l’existence d’un Accord non écrit annulant les poursuites judiciaires lancées par le Mali contre certains narcotrafiquants (l’article 18 est très clair).
Les Maliens doivent s’engager à soutenir cet Accord, une grande chance pour le Mali pour tenter d’aller vers une paix durable et définitive. C’est un bon début pour réussir le challenge.
Ceux qui pensent qu’on ne doit pas négocier se trompent lourdement. Il n’existe aucune issue, en dehors du dialogue, de la réconciliation nationale, bref, du pardon.
Remettons-nous et saisissons cette opportunité pour l’éveil des consciences, lequel est nécessaire pour relever le Mali, un pays tombé plus bas que terre, pour reprendre notre bien aimé doyen, Seydou Badian Kouyaté.
Que Dieu sauve le Mali !
Chahana Takiou