10 janvier 2013- 10 janvier 2018, cela fait exactement 5 ans, que la France est présente sur le sol malien. Intervenue depuis Kona afin de stopper l’avancée des groupes armés, la France à l’époque a marqué positivement l’esprit du peuple malien. C’est le messie qui venait de sauver l’existence de toute une nation qui subissait le traumatisme des actes inhumains posés par des hommes de ‘’la charia’’. A Bamako, Dioncounda Traoré Président par intérim faisait la liesse avec le Président Français, François Hollande sous les pieds du monument de l’indépendance en présence de milliers de maliens qui ne cessaient de remercier la France. Le lieu est symbolique et François Hollande déclarait au peuple malien que son intervention était un devoir envers ce pays dont les ancêtres guerriers ont contribué dans la construction de la France.
La France venait de gagner un pari. Elle a retrouvé l’amour des fils d’un des pays qu’elle a colonisé. Le peuple oublie le passé. Des années avant l’indépendance à l’éclatement de la crise en Libye, ce long métrage n’était plus un refrain. Mais l’amitié n’aura été que d’une courte durée pour la simple raison que Kidal n’est pas devenue malienne.
La France règne en maitre absolu en l’absence de l’armée malienne empêchée d’y avoir accès. Les rebelles étaient aussi là, ceux-là qui en complicité avec les dhjiadistes et terroristes ont semé la terreur dans le nord du Mali. La France avançait devant l’indignation du peuple malien l’argumentaire d’une disposition pour que l’armée malienne, au cas où elle y pénétrait, sans au préalable ouvrir un dialogue et définir les conditions de paix, ne prenne sa revanche. Alors sa cote de popularité rechute et le peuple se rappelle en ce moment de l’histoire de la Libye. Ce sont les conséquences de la destruction de ce pays que le Mali subit jusqu’à présent car la plupart des groupes armés qui sévissent dans le nord du Mali proviennent de là-bas.
Pour ramener la paix, alors un accord fut signé. Les rebelles sont parmi les signataires. Ce document devrait permettre au Mali de voir le bout du tunnel. Il n’en est rien jusqu’à présent. L’application de l’accord est difficile à cause de la mauvaise foi de certains signataires. Si Kidal était la seule préoccupation à l’époque, la menace s’exacerbe et couvre les régions du nord et une bonne partie du centre. Pour preuve, pas d’administration (gouverneurs, préfets-sous-préfets etc. absents dans plusieurs localités), pas d’école (plus de 500 sont fermées) dans ces zones-là et en 2017 seulement plus de 716 personnes ont perdu la vie.
Les Maliens croient que c’est la France et d’autres partenaires qui sont responsables de la situation, mais ceux-ci ont une autre lecture de la crise. L’Etat malien est pointé du doigt. Sa lenteur et son manque de volonté affiché d’avancer. Cela se traduit par cette mentalité et ce comportement de bourgeois comme tout allait bien de la part des gouvernants. Le train de vie n’a pas changé, la corruption et le favoritisme, le vol du denier public etc. ont pris l’ascenseur.
Alors comment aider un pays dont les gouvernants n’ont pas conscience du danger qui guette l’existence de toute la Nation ? Voilà la question qui agace des diplomates avec lesquels j’ai eu l’occasion d’échanger.
Après 5 ans, le tableau est noir. 2013-2017 : plus de 2108 personnes tuées.
A qui la faute ?
Boubacar Yalkoué
Le Pays