Le secteur des technologies de l’information et de la communication résiste bien à la crise. Il se caractérise par un dynamisme qui se traduit par de nombreuses initiatives, notamment dans le domaine des transactions en ligne.
La connexion à l’Internet devient plus en plus facile dans notre pays. Ce qui permet à nombre de nos compatriotes de se connecter à la toile mondiale et de découvrir ses possibilités presque infinies. La crise qui sévit dans notre pays ne semble pas avoir de conséquences dans le développement de l’Internet et sa pénétration au sein de notre société. L’Internet est devenu aujourd’hui un outil indispensable pour la plupart des Maliens. Ce contexte favorable se traduit par la multiplication des initiatives privées, surtout de la part des jeunes. Beaucoup se lancent dans des business qui leur rapportent des revenus plus ou moins importants. Dans le domaine du commerce surtout, les initiatives sont nombreuses aujourd’hui. Du coup, le commerce en ligne ou e-commerce est en train de prendre de l’ampleur dans notre pays. On peut dire que le commerce électro-nique fait son petit bonhomme de chemin de au Mali. Du côté des pouvoirs, on ne demeure pas en reste pour accompagner ce formidable dynamisme des jeunes. C’est ainsi que le ministère de l’Economie numérique et de la Communication, fait son travail en créant un cadre législatif et réglementaire pour encadrer le secteur et éviter que le chienlit s’y installe. Voilà qui explique l’adoption par le gouvernement des projets de textes relatifs à la création, à l’organisation, aux modalités de fonctionnement et au cadre organique de la Direction nationale de l’économie numérique. C’était lors du conseil des ministres du 31 août 2016. Cette direction nationale a pour missions d’assurer l’élaboration des éléments de la politique nationale des télécommunications, des technologies de l’information et de la communication (TIC) et des postes et d’assurer sa mise en œuvre. La direction est organisée en cinq divisions en ligne et deux services en staff, avec une prévision d’effectif d’environ une soi-xantaine d’agents. La création de la Direction nationale de l’économie numérique contribuera au développement de ce secteur, en particulier la mise en œuvre des actions de la Politique nationale de développement de l’économie numérique, adoptée par le gouvernement en février 2016. Bien avant l’adoption de ce projet de loi, l’Assemblée nationale avait adopté un autre projet de texte relatif aux transactions, échanges et services électroniques. Dans ce texte de loi, le commerce électronique est défini comme toute activité économique par laquelle une personne propose ou assure la fourniture des biens et services par voie électronique. La loi stipule que le commerce électronique s’exerce librement sur le territoire national à l’exclusion des jeux d’argent qui impliquent des mises ayant une valeur monétaire dans les jeux de hasard, y compris les loteries et les transactions portant sur les paris, même légalement autorisés. Sont exclues aussi du champ d’application de la présente loi, les activités de représentation et d’assistance en justice, les activités exercées par les notaires ou les professions équivalentes, dans la mesure où elles comportent une participation directe et spécifique à l’exercice de l’autorité publique. L’exercice du commerce électronique est soumis aux conditions d’établissement et d’exercice prévues dans les instruments internationaux et nationaux, aux principes anticoncurrentiels, aux règles relatives à l’interdiction ou à l’autorisation de la publicité non sollicitée, envoyée par courrier électronique, à la réglementation fiscale et douanière, aux droits protégés par les lois et règlements relatifs à la propriété intellectuelle. Aujourd’hui, dans notre pays, les services de transaction financière par téléphone mobiles, ont le vent en poupe. Ce secteur connaît un vrai boom et semble nourrir son homme. Les opérateurs de téléphonies mobiles et d’autres acteurs se frottent les mains. Avec le succès d’OrangeMoney, l’opérateur concurrent Malitel a répondu par la création de Mobicash pour diversifier l’offre des possibilités de transfert d’argent par la téléphonie mobile. Ces deux opérateurs brassent une masse d’argent très importante à travers leurs réseaux de transfert d’argent. Paiements en ligne. Mais les concepteurs des paiements sur Internet ne connaissent pas encore un tel succès. C’est le cas de Cheick Tall, fondateur de la toute première plateforme de paiement sur Internet au Mali. Sa plateforme de paiement s’appelle « Vitepay ». Avec ce service, il ne sera plus nécessaire pour les clients des sites d’achats en ligne de se déplacer pour effectuer un paiement. « Vitepay » se positionne entre le client, le marchand et OrangeMoney, explique le concepteur. « Ce service existe depuis fin 2015 et permet aux commerçants maliens de faire le paiement en ligne avec OrangeMoney », précise Cheick Tall. Pour le moment, une trentaine de sites marchands utilisent le service de « VitePay ». La plateforme ambitionne de vulgariser le réflexe de se déplacer de moins en moins pour faire des achats. Cheick Tall soulève le pro-blème de la régularisation de ce mode de paiement en ligne. Un défi pour les nouvelles structures créées par le gouvernement pour encadrer le secteur. Le jeune concepteur estime qu’il faut reconnaître que le paiement en ligne est loin d’avoir conquis un grand nombre de personnes. « Les gens sont un peu méfiants concernant le paiement en ligne. C’est vrai que pour un départ c’est un peu timide », souligne Cheick Tall. Adama Kouyaté, 23 ans, technicien supérieur en réseau télécommunication, PDG de l’entreprise KEMA (Kouayé Electronic Market) est optimiste sur l’avenir du commerce électronique au Mali. « Les gens connaissent déjà le système. Nous avons décidé de nous lancer sur le long terme. Après les premières expériences, nous avons décidé de mettre en place un nouveau site qui est presque achevé. Ce site prendra en charge toutes les fonctionnalités. Après juste 6 mois d’exercice on peut dire que la tendance est bonne », explique notre interlocuteur.Les plateformes de paiement en ligne seront d’un grand apport au développement du e-commerce dans notre pays. Déjà, des sites web et des pages sur les réseaux sociaux se multiplient pour proposer divers articles en vente. Pour le moment, ces sites permettent juste de mettre en contact acheteurs et vendeurs. Les transactions sont faites par téléphone et l’acheteur est obligé de se déplacer pour effectuer le paiement. Et même si le client se fait livrer à domicile, le paiement se fait en espèces ou par chèques. Le paiement en ligne permet d’éviter ces tracas. Pour les spécialistes, le e-commerce va se développer inévitablement chez nous car notre pays doit coller au train de l’évolution. C’est l’avis de Bréhima Sinko Coulibaly, directeur adjoint des moyens de paiement à la Banque de développement du Mali (BNDA). Selon lui, le secteur du e-commerce est porteur parce qu’avec la mondialisation qui constitue le socle du nouveau système économique et le développement de l’Internet, nous n’avons pas le choix, nous devons suivre le progrès. « Avec la concurrence, les entreprises n’ont plus le choix, elles doivent chercher une clientèle variée et large pour se donner le maximum de chances afin d’augmenter leurs chiffres d’affaires. Cette ouverture du marché passe inévitablement par le e-commerce qui s’adresse à une clientèle large (presque illimitée) et à tous les segments de clients », développe le spécialiste. Bréhima Sinko Coulibaly explique aussi que le e-commerce permet aux commerçants d’exposer leurs marchandises non pas dans une boutique physique mais dans une boutique virtuelle. Théoriquement, ils ne sont pas confrontés à un pro-blème d’espace, ils pourront exposer autant de marchandises qu’ils veulent. Il identifie des contraintes liées aux difficultés de livraison dues entre autres à des problèmes d’adressage, aux habitudes culturelles qui font qu’on préfère toucher d’abord avant d’acheter. Les banques constituent un des maillons essentiels dans le processus du e-commerce puisqu’elles hébergent les fonds des clients et des commerçants et garantissent le règlement de la transaction. Les banques ne font pas de commerce de biens ou de services, elles mettent à la disposition des clients des outils (cartes de paiement pour les consommateurs, interfaçage avec les sites marchands pour les commerçants) leur permettant de faire des achats. Les banques procèdent aux règlements entre les différents acteurs, explique Bréhima Sinko Coulibaly qui précise, qu’à sa connaissance, aucune banque de la place n’offre pour le moment ce service à ses clients-commerçants. Même si certaines d’entre elles sont parfaitement équipées pour le faire. A. DIARRA
Source : L’ Essor