Le jeudi 23 Juillet 2020 de très mportants chefs d’Etat de la CEDEAO viendront au Mali dans l’objectif de trouver une solution à la crise actuelle que ce pays connait.
En effet le Mali vit une terrible crise socio-politique. Des protestations reprochent au pouvoir sa mauvaise gouvernance à travers la main basse d’une oligarchie. Déclenchées le 05 Juin 2020, les contestataires en trois grands rassemblements, sont arrivés à gravement perturber le fonctionnement de l’Etat. Le Mali est pratiquement depuis plus d’un mois sans gouvernement. L’enceinte de l’Assemblée nationale, dont la mise en place est la cause directe de la manifestation des hostilités, est complètement détériorée. La cour constitutionnelle ne l’est plus que de nom, et les autres institutions, que des coquilles vides. L’administration marche au ralenti, car à la gestion difficile de la Covid-19, vient s’ajouter cette crise politique.
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Le président de la république a très mal géré la situation. Il a d’abord pris les contestataires de haut, dédaignant leurs revendications par un silence très arrogant. Ensuite lorsqu’il a pu mesurer l’ampleur du mouvement, il a posé des actes très gauches par ses discours successifs dépourvus de profondeur. Et surtout sa réponse a été disproportionnelle quand le M5_RFP qui dirige la contestation a voulu monter d’un cran dans ses actions. Effectivement quand les responsables du mouvement ont décrété la désobéissance civile, reconnue par la constitution malienne, les autorités ont lâché la Forsat, la force spéciale antiterroriste pour maintenir l’ordre, et ont procédé aux arrestations des responsables du M5_RFP. Ces initiatives se sont traduites sur le terrain par une véritable boucherie qui s’est soldée par la mort de 23 manifestants, avec plus d’une centaine de blessés, et par la maltraitance des cadres du mouvement arrêtés. Le M5_RFP s’est alors radicalisé et a coupé le pont avec tous les acteurs sociaux locaux qui intervenaient pour apaiser la tension.
C’est alors que la CEDEAO a dépêché d’urgence une mission dirigée par l’ancien président nigérian Jonathan Goodluck. Cette délégation après moult rencontres s’est rendue compte de la dimension d’une crise beaucoup plus profonde. La venue prochaine de cinq chefs d’Etat en exercice prouve que le rapport de la première mission a informé de la gravité et de la difficulté de la gestion de ce qui se passe au Mali.
Les chefs d’Etat de la CEDEAO en atterrissant à Bamako, viendront se mettre face à un peuple révolté parce que désemparé. Un peuple qui a peur de perdre son pays qui n’est plus gouverné que sur 20% de son territoire. Un peuple qui assiste fréquemment à la mort de ces soldats. Un peuple qui s’est barricadé en bloquant toutes ses entrées de marchandises pour étouffer un pouvoir qui a fui ses responsabilités. Un régime dont les dignitaires ignorant la misère autour d’eux vivent tels des pachas. Roulant dans des bolides de luxe, ou organisent des voyages de plaisance mémorables en dehors du pays.
Ces chefs d’Etat ne viennent pas derechef pour faire démissionner le président malien. Ils viennent avant tout pour sauver un pair, pour maintenir le statu quo dans une sous-région agitée. Ils ont peur de l’incertitude. Mais lorsqu’ils découvriront la détermination et l’engagement du peuple, surtout de la jeunesse malienne, ils pourront changer d’attitude. Et ils pourront être contraints de demander à leur collègue président contesté d’accepter de revoir ses positions. La situation se jouera sur la détermination du peuple malien. Le peuple du Mali doit comprendre que ces chefs d’état sont ceux qui peuvent faciliter une meilleure conclusion, bien sûr sous pression. Un résultat que seuls, en temps ordinaire, les militaires pourraient être à même de réaliser.
Ils vont certainement se cramponner sur le principe de non éjection d’un président avant la fin de son mandat. C’est juste à ce moment que nos négociateurs devront démontrer toute leur dextérité politique par la pertinence dans leur approche. Et pour que les lignes bougent afin de pouvoir reprendre la main sur le Mali, pour le bonheur réel d’un peuple perdu, il va leur falloir aussi lâcher quelque part.
Evidemment si tous les maliens sont persuadés que le Mali joue réellement son existence dans ce grand tohu-bohu, et que c’est bien dû à la mal gouvernance, alors nous devrons tous faire des concessions pour nous sauver. Le M5_RFP dans le mémorandum l’avait déjà fait. C’est vrai que c’était avant le carnage perpétré par la Forsat. Mais quand le M5 aura la force de décision, il saura prendre sans ambages les meilleures solutions pour le traitement de cette affaire-ci.
Sinon la meilleure option aujourd’hui pour le Mali est le départ pur et simple du président Ibrahima Boubacar Keïta. Mais devant les implications géopolitiques, à cause de la jurisprudence, pour la cohésion, et pour préparer réellement une passerelle afin que les maliens puissent après se retrouver pour reconstruire leur pays, nous pouvons accepter que son ombre plane sur le Mali, mais que son poids politique soit totalement estompé. Cela nous donnera surement une solution médiane.
Cette issue permettra la formation d’un gouvernement de mission constitué par des personnes dynamiques, valables techniquement, politiques ou pas. Cette équipe aura pour mission d’établir de véritables négociations pour la stabilisation du pays, de procéder à de profondes réformes pour aller vers une quatrième république, et assainir la loi électorale et l’environnement politique, enfin elle va relancer le Mali par des élections limpides.
Par ailleurs ce gouvernement va être aidé et contrôlé dans sa tâche par une constituante qui sera composée des politiques et des acteurs de la société civile expérimentés qui œuvreront pour nettoyer toutes les tares de notre démocratie.
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Nous avons besoin de régler très rapidement la crise à Bamako, pour pouvoir nous pencher sur le reste du Mali dont la déconfiture continue. Sinon au rythme ou les choses vont, la faiblesse de l’Etat pourrait aboutir sur du grand banditisme qui somaliserait à coup sur ce beau pays.
Moussa Sey Diallo, élu communal
Source: Bamada.Net