Ils sont partis presque dans l’anonymat le plus absolu. Et pourtant, en se rendant au Chili, ils partaient en tant que champions d’Afrique de leur catégorie ! Oui, sans tambour ni trompette, les garçons de l’entraîneur Baye Bah, avec leur cœur et leur savoir-faire sur le terrain, ont su prouver aux millions de Maliens qui ont vibré après chacune de leurs victoires, qu’ils ont du talent à revendre malgré le peu d’engouement qu’ils ont suscités à leur début.
Bon pied, bon œil, ils ont su démontrer que balle au pied, et le Mali dans leur cœur, ils savent jouer au football, un jeu dans lequel l’enjeu n’a jamais su les tétaniser.
Match après match, malgré quelques maladresses face au but, grâce à leur cohésion et leur détermination, ils ont su fédérer les Maliens autour d’eux. Plus ils gagnaient, plus le cercle de leurs supporters s’agrandissait. Et pourtant, comme je le disais un peu plus haut, les jeunes sont partis au Chili presque dans l’indifférence générale.
Champions d’Afrique qu’ils sont, il n’y a pas eu de cérémonie de remise de drapeau comme cela avait été fait pour les Aigles seniors. Pis, ils n’ont même pas bénéficié de la couverture d’une équipe de presse.
En dehors des matches que l’on arrivait à suivre en direct et des images fournies par la Fifa ou les joueurs eux-mêmes, c’était pratiquement le black-out total autour de nos cadets. Des champions d’Afrique en titre qui, malgré le traditionnel manque de moyens, auraient quand même du bénéficier d’un accompagnement médiatique digne de ce nom.
D’ailleurs, après leur qualification pour les demi-finales, on aurait pu rattraper cela en dépêchant sur place ne serait-ce qu’une équipe de télé pour nous permettre de vivre intensément les exploits certes, mais aussi la vie de nos jeunes au Chili.
Mais voilà, ayant à peine réussi à se hisser là où personne ne semblait les attendre, que certains ont eu à faire preuve d’un opportunisme de mauvais aloi, pour ne pas dire d’une récupération. Après leur qualification pour la finale, des partis politiques n’ont pas tardé à faire des communiqués opportunistes appelant à sortir massivement pour accueillir nos héros.
Franchement, après un tel exploit de la part de nos moins de 17 ans, croient-ils vraiment que les Maliens ont besoin de leurs communiqués pour sortir accueillir les hommes Baye Bah ? Que nenni ! Si les politiques ont besoin de payer pour mobiliser, le football à cette force unique d’attirer la foule par sa seule magie, surtout si elle scintille de l’éclat de la victoire.
De grâce, qu’on ne cherche pas à politiser cet excellent parcours de nos cadets. Qu’on puisse préserver ces jeunes des affres de la « division » en leur faisant croire que tels sont plus avec eux que tels autres. Qu’on puisse plutôt prendre en exemple leur esprit d’équipe, leur sentiment d’appartenance à une même entité au sein de laquelle c’est le collectif qui prime. Une équipe au sein de laquelle chacun doit mouiller le maillot tout en sachant que nul n’est indispensable.
Champions du monde ou vice-champions, peu importe, car ces jeunes sont désormais nos champions tout court. Ils sont arrivés à un niveau jamais encore égalé dans l’histoire du football de notre pays. Ils sont promis à un bel avenir, car s’ils ont trébuché en finale, ils n’en seront que plus forts et plus expérimentés dans les mois à venir.
Ils savent qu’ils ont encore une grande marge de progression devant eux et que dans un proche avenir, ils feront vibrer nos cœurs de confiance et de joie. Qu’on leur laisse surtout l’opportunité de mieux s’exprimer sur le terrain que de les importuner avec un opportunisme de mauvais aloi.
Maliden
Source: lesechos