La première campagne de boycott d’Orange Mali a produit un relatif résultat positif. L’operateur a baissé ses frais de transfert d’argent. Les organisateurs du mouvement de boycott jugent insuffisante cette baisse. Ils ont initié cette semaine une nouvelle campagne de trois jours.
Suite au boycott de ses produits le 1er décembre, la société de téléphonie Orange Mali a revu à la baisse ses tarifs de transfert d’argent. Une réduction de 150 F qui ne satisfait pas les organisateurs du mouvement de boycott. Même si ce geste est jugé positif, ce n’est pas encore suffisant d’après les initiateurs de la campagne qui estiment qu’une baisse des tarifs doit concerner tous les services de l’operateur.
Toujours déterminés à avoir gain de cause, les organisateurs du mouvement de boycott du 1er décembre ont lancé cette semaine une nouvelle campagne de trois jours qui s’est achevée ce jeudi. Pendant ces 72 heures, la même consigne ferme a été communiquée aux usagers de l’operateur : « enlevez vos puces Orange ». Un mouvement encore suivi par de nombreux maliens qui étaient injoignables sur leurs puces Orange.
Depuis le 1er décembre, outre la baisse des frais de transfert, on assiste à une fréquence plus soutenue des offres promotionnelles. Mais les organisateurs n’entendent pas s’arrêter là. Une autre campagne de boycott est prévue du 25 décembre 2015 au 1er janvier 2016.
Manque de contrôle adéquat de l’Etat
Bientôt sera publié un rapport sulfureux sur la gestion des crédits des consommateurs par les opérateurs de téléphonie, l’inadéquation des moyens de contrôle de l’Etat et surtout l’importante manne financière que perd l’Etat chaque mois. Ce manque à gagner mensuel se chiffrerait entre 5 à 10 milliards de francs CFA. L’Etat n’aurait en réalité aucune visibilité sur les services des operateurs de téléphonie mobile. Sans aucun contrôle approfondi, une déclaration de bonne foi de la part de ces derniers peut suffire à l’Etat.
C’est un puissant lobby des télécommunications tapi dans l’ombre qui influencerait le secteur de la régulation. Toute chose qui n’est pas de nature à contribuer à l’amélioration du secteur.
Il est pourtant d’une nécessité impérieuse que l’Etat se dote d’outils efficaces de contrôle du secteur des télécommunications.
C’est un secteur stratégique contribuant énormément aux recettes de l’Etat et dont les retombés se font sentir sur toute l’économie malienne. Or, d’après les spécialistes, il n’existe aucun système établi pour un contrôle neutre et indépendant des revenus et activités du secteur des télécommunications. Par ailleurs, l’Etat et les operateurs sont confrontés à des pertes importantes de revenus engendrées par la fraude constatée sur le marché des télécommunications internationales entrantes.
Encore plus alarmant dans le contexte actuel d’insécurité et de corruption endémique, l’absence de contrôle adéquat des services de transfert d’argent mobile (Mobile Money-Mobicash) permet à des groupes d’utiliser ceux-ci à des fins de blanchissement d’argent et de financement du terrorisme. Une mission d’assistance technique du FMI au Mali relevait dans ses conclusions, au mois de juillet 2015, que les transferts d’argent effectués par mobile « posent des risques en matière de blanchiment de capitaux ». La mission a notamment recommandé à l’Etat de soumettre ces services et leurs intermédiaires aux obligations de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
A. H.
Source: Autre presse