En conférence de presse dans le cadre du suivi de la mise en œuvre de l’accord issu du processus d’Alger, Ahmed Boutache, président du CSA, a une fois encore lancé des piques à la coordination des groupes armés, qui a récemment dénoncé le fait que ses revendications n’ont pas été prises en compte dans la rédaction du projet de révision constitutionnel. Pour le diplomate algérien, « une constitution ne peut être un inventaire de revendications… »
Désormais connu pour son franc-parler vis-à-vis des groupes armés signataires de l’accord, notamment de la CMA depuis sa dernière lettre à Brahim Ould Sidati quant à la gestion du camp 1 de Kidal, le diplomate algérien s’est encore montré on ne peut plus clair, notamment lorsque s’est invitée dans le débat la question de la révision constitutionnelle dont le texte final n’est pas du goût des groupes armés touaregs de Kidal, qui accuse le gouvernement malien de n’avoir pas pris en charge ses préoccupations et de ce fait, nie avoir pris part au processus ayant permis d’aboutir à la mouture finale, adoptée il y a quelques jours par l’Assemblée Nationale.
Mohamed Boutache, qui jure la main sur le cœur qu’il n’a « pas menacé » et qu’il « ne menace jamais » la CMA, pense qu’une révision constitutionnelle, fut-elle programmée aux fins d’adaptation à certaines dispositions de l’accord dont il encadre la mise en oeuvre, « ne peut être un inventaire des revendications des groupes armés… »
Mohamed Boutache pense en effet que la constitution est « un cadre général qui prend en compte tous les segments de la République. » Aussi, l’Etat du Mali, dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, ne saurait sempiternellement se plier aux désidérata d’un groupe armé. Il estime donc que c’est « un non-sens de dire que les propositions (de la CMA, ndlr) n’ont pas été prises en compte. »
Mieux, pour le Président du Comité de Suivi de l’Accord (CSA), les groupes armés ont bel et bien « été consultés et ils ont même proposé des choses… » Mais toute proposition ne s’inscrivant pas dans le cadre de l’accord, le respect de l’intégrité du territoire malien, la laïcité et le respect de la forme républicaine du Mali et qui ne soit pas inclusive ne saurait figurer dans la constitution. Quoi de plus normal si tant est que l’esprit de la loi fondamentale est de faire de tous les Maliens, des hommes libres et égaux en droits et en devoirs.
Elgoly Kassogué