Les Algériens ne baissent pas les bras contre le Système dirigeant issu de l’ère Bouteflika. Pour la dixième fois consécutive, ils sont encore descendus le vendredi dernier pour récuser l’article 102 et réclamer l’activation stricte des articles 7 et 8 de la Constitution de leur pays. Après la démission du président Abdelaziz Bouteflika et du président du Conseil constitutionnel, ils continuent de manifester pour que la totalité des figures marquantes du système, y compris le général Gaid Salah, l’actuel Homme Fort du pays, puissent remettre le pouvoir au peuple souverain.
Au regard de l’article 7, « Le peuple est la source de tout pouvoir. La souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple ». L’article 8 précise « Le pouvoir constituant appartient au peuple. Le peuple exerce sa souveraineté par l’intermédiaire des institutions qu’il se donne. Le peuple l’exerce aussi par voie référendaire et par l’intermédiaire de ses représentants élus. Le président de la république peut directement recourir à l’expression de la volonté du peuple.»
En revanche, l’article 102 dispose : « Lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil Constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous les moyens appropriés, propose à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement
. ….En cas de démission ou décès du président de la République, le Conseil Constitutionnel se réunit de plein droit et constate la vacance définitive de la présidence de la république. Il communique immédiatement l’Acte de Déclaration de vacance définitive au Parlement qui se réunit de plein droit. Le président du Conseil de la nation assume la charge de Chef de l’Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées. Le Chef de l’Etat ainsi désigné, ne peut être candidat à la Présidence de la République… ».
C’est le cas de Bouteflika. Le cadre constitutionnel voulu par le système. En l’occurrence par le général Ahmed Gaïd Salah qui considère que la solution à la crise ne peut être envisagée qu’à travers de l’ensemble des articles 7, 8 et 102 de la Constitution.
En dépit des arrestations de grands patrons algériens du privé et du public pour malversations financières et d’annonces de garanties de transparence pour les futures élections, la rue algérienne ne décolère pas. Elle est déterminée à occuper les rues même pendant le ramadan qui débute sous peu. Les manifestants exigent le départ du chef d’état-major afin de donner aux articles 7 et 8 tout leur sens
Actuellement l’armée occupe 40% de l’activité économique du pays. Le général Ahmed Gaïd Salah cédera-t-il aux exigences des manifestants ? La Grande muette algérienne incarnée actuellement par son Chef d’Etat-major général acceptera-t-elle de se mettre en marge de la vie socio-politique du pays ? Certainement pas !
Suite à l’annulation des législatives gagnées par le Front Islamique de Salut (FIS) en 1990, l’Algérie a connu des années douloureuses de guerre civile dans les années quatre-vingt-dix. Il a fallu une amnistie générale pour que la paix y revienne. A cet effet, l’armée qui se considère comme garante de la paix et stabilité au pays, ne peut totalement se dessaisir de la vie socio-politique.
Toutefois, elle doit certainement consentir de nombreuses concessions politiques à l’endroit des partis d’opposition et de la Société civile pour l’amener à accepter le partage des rôles.
Gaoussou M. Traoré
Le challenger