Depuis le début des manifestations contre la réforme constitutionnelle, la chaine de télévision nationale, l’Office de Radio Télévision du Mali (ORTM), est constamment l’objet de critiques acerbes de la part de ceux qui disent « NON » à la reforme. Ils accusent la chaine nationale de partialité dans le traitement de l’information. Le sit-in qu’ils ont organisé, hier mercredi, en face de la télévision a été dispersé par des jeunes du quartier en présence des forces de l’ordre.
ORTM, la passion du service du public. Ce slogan de la chaine de télévision nationale n’est pas partagé par les mouvements de jeunes, ‘‘TROP C’EST TROP’’, ‘‘TARATA WULEN’’ et ‘‘ÇA SUFFIT’’. Ils accusent l’ORTM de censurer constamment les activités de protestation contre la révision constitutionnelle dont ils sont des acteurs. C’est pour dénoncer cette partialité qu’ils ont voulu organiser un sit-in, hier mercredi 19 juillet, en face de l’ORTM.
Un sit-in qui a été empêché par les jeunes des quartiers qui entourent les locaux de la chaine nationale. La dispersion du sit-in s’est déroulée sous les regards complices des forces de maintien de l’ordre qui étaient mobilisées pour sécuriser cette manifestation. Les arguments avancés par les jeunes des quartiers pour stopper ce sit-in sont d’ordre sécuritaire. Selon Moussa Koné, un jeune du quartier, leur action vise à empêcher ce sit-in qui peut avoir des répercussions sur leurs familles et leurs parents commerçants dans les alentours de l’ORTM. «Nous avons vécus les évènements de 2012 et nous n’avons pas encore oublié. Les balles sont tombées dans nos familles faisant des victimes civiles. Avec ce sit-in, rien ne nous garantit que ça ne va pas dégénérer. Et, comme toujours, prenant leurs jambes à leurs cous, c’est dans nos familles qu’ils vont se réfugier pour ne pas dire se cacher. C’est pour éviter à nos vieux parents le traumatisme de 2012 et les gaz lacrymogènes que nous avons empêché cette marche de se tenir », dit-il.
L’idée de ce sit-in qui est née à partir de la non couverture par l’ORTM des marches du 17 juin et du 15 juillet derniers pour dire non à la révision constitutionnelle et qui a regroupé dans les rues de Bamako plusieurs centaines de milliers de personnes. Selon les portes paroles des mouvements ce n’est que partie remise en attendant de lever l’incompréhension qui a entraîné l’arrêt prématuré de ce sit-in. Pour Sidibé, un des Responsables du mouvement ‘‘Tara tawulen’’, ces jeunes qui ont empêché le sit-in n’avaient pas compris l’idée de leur action. «Mais nous allons leur expliquer le bien-fondé et revenir plus tard pour signifier à l’ORTM sa partialité dans le traitement de l’information ». Car, selon lui, il est inconcevable que des populations par centaines de milliers descendent dans les rues pour exprimer leurs opinions et que l’ORTM qui est une chaine publique, donc, censée de relayer cela, fasse la sourde oreille. «Cela doit et va changer » crache t-il.
Des loubards à la rescousse ?
Ce qui n’est pas l’avis d’un autre manifestant qui croit fermement que malgré le bon argumentaire développé par ces jeunes, (des loubards en majorité Ndlr), ils ont été payés pour accomplir la « sale besogne » pour épargner la police et les Responsables de l’ORTM. La réticence de ces jeunes à se prononcer devant caméra, l’interdiction que les téléphones soient utilisées pour filmer le sit-in et les accrochages, les menaces proférées à l’endroit de certains confrères (Ndlr : dont votre serviteur même), l’usage de la force pour violenter certains manifestants en dit long sur leurs réelles motivations et pourraient donner raison à ce marcheur qui soutient l’idée de l’ «achat de loubards » par l’ORTM pour se sécuriser. Toutes ces actions se sont déroulées devant les forces de l’ordre sans qu’aucun agent ne bouge le petit doigt. Ils sont, pourtant, selon eux, venus pour « sécuriser la marche ».
Un autre sit-in annoncé
Les Responsables des deux autres mouvements coorganisatrices de cette manifestation, ‘’TROP C’EST TROP’’ ET ‘‘ÇA SUFFIT’’ ne décolèrent pas non plus. Le manque de couverture médiatique de l’ORTM lors des manifestations contre la réforme constitutionnelle et sa « propension » à diffuser systématiquement et pendant de longues minutes les « mini- activités » du camp du « OUI » ne sauraient prospérer dans un pays où ce sont les taxes de l’ensemble des populations qui permettent à cette chaine d’exister. «La manipulation a assez duré. Il faut que ça s’arrête. L’ORTM doit savoir que sa mission est d’être au service des Maliens dans leur ensemble et non d’un camp au détriment de l’autre».
Repoussés loin des locaux de « Bozola », les jeunes des différents mouvements promettent de revenir à la charge et n’entendent, cette fois, pas se laisser faire.
Mohamed Dagnoko
Source: LE COMBAT