Le grave accident de circulation qui a eu lieu à l’entrée du Pont Fahd (sur la rive droite de la capitale) pose une fois de plus la problématique de la sécurité routière. Face à l’incivisme croissant, la circulation alternée (devenue elle-même source d’accidents) seule ne suffit pas. Il faut accentuer non seulement la communication, mais aussi activer des mesures répressives pour dissuader les récalcitrants.
Ce samedi, 7 mars 2020, tout Bamako a été choqué par cet accident qui s’est produit sur le 2e pont de la capitale (Pont Fahd). Un drame qu’on aurait pu éviter. En effet, ce sont deux minibus de transport en commun appelés Sotrama qui ont fait la course entre eux sur le pont. Ils sont entrés en collision faisant ainsi beaucoup de victimes (officiellement trois morts et une dizaines de blessés) surtout parmi les motocyclistes. Sous le choc, tout Bamako en parle encore.
La seule réaction du ministre des Transports et de la Mobilité urbaine a été de faire un communiqué pour annoncer le drame, préciser le bilan provisoire (3 morts et 7 blessés graves), énoncer les mesures prises par ses services techniques, présenter ses condoléances attristées aux familles des morts, souhaiter prompt rétablissement aux blessés et surtout inviter «les usagers au respect des dispositions du code de la route»… Et c’es tout !
Depuis qu’Ibrahim Abdoul Ly occupe ce portefeuille des Transports et de la Mobilité urbaine, les graves accidents se multiplient à Bamako et à l’intérieur du pays. Sa politique d’absence, de passivité et de laisser-aller a engendré des comportements encore plus irresponsables. Une situation aggravée par la démission des forces de sécurité et des agents de la protection civile qui attendent les accidents pour envoyer les ambulances ramasser les blessés et les morts pour les déposer dans les hôpitaux.
La grande trouvaille du ministre a sans doute été la circulation alternée qui ne semble pas avoir de grands effets sur la fluidité de la circulation dans notre capitale. Même si, il faut le reconnaître, ses partisans sont plus nombreux aujourd’hui qu’au départ. Il s’agit d’interdire, du lundi au vendredi, la circulation dans les deux sens sur les grands axes routiers de Bamako de 7h à 9h et de 16h à 19h. Pendant ces moments, la circulation est à sens unique sur ces voies. Les usagers sont ainsi contraints à faire de grands détours à travers des petites rues vite engorgées. La mesure fait ainsi des heureux et des malheureux.
Sans oublier que les grands axes libérés pour la circulation à sens unique deviennent des boulevards où on roule souvent à tombeau ouvert. On se retrouve ainsi face trois à quatre rangées de véhicules qui roulent à vive allure. Ce qui fait que les accidents sont non seulement plus nombreux, mais ils font aussi plus de victimes car les chocs sont très durs. Les policiers se mettent un moment à régler un peu cette circulation folle avant de disparaitre en laissant une véritable jungle derrière eux.
Avec la circulation alternée et la possibilité de rouler à tombeau ouvert sans rencontrer d’autres voitures ou des motocyclistes, on prend la mauvaise habitude de rouler vite au fil du temps car on y prend du plaisir. Mais, l’habitude est une seconde nature, on ne peut plus s’arrêter, quelle que soit la circulation. Ce qui cause plus d’accidents.
Une autre source d’accidents dans la circulation alternée vient du fait que ceux qui sortent des quartiers riverains et qui doivent traverser ces axes à sens unique doivent attendre des dizaines de minutes pour pouvoir traverser. Ils sont ainsi obligés de guetter la moindre occasion, prendre le risque et foncer dangereusement. Et c’est comme ça depuis le 19 août 2019.
Compte tenu de tout ce que la circulation à sens unique imposé aux usagers de la capitale à certaines heures et certains jours, il faut vraiment que le ministre rencontre périodiquement ses services techniques, les syndicats des transporteurs, les citoyens… pour faire le point et voir ce qu’il faut comme amélioration. Il faut surtout accentuer la communication (la vraie communication) pour changer les mentalités, donc les comportements. Et cela d’autant plus que la majorité des cas d’accidents est liée à l’impatience, à l’incivisme. Il faut alors communiquer avec pédagogie pour amener chaque usager à comprendre que la vie est plus précieuse que tout le reste et que, dans la circulation, il ne s’agit pas non seulement de penser à sa propre sécurité, mais à celle de tous les autres usagers !
Tientiguiba Danté
LE MATIN