La CEDEAO va investir plus de 21 milliards de F Cfa (36,392 millions de dollars) pour un accès facile à l’énergie dans la sous-région sur la période 2019-2033, a-t-on appris à l’issue d’une réunion des ministres en charge de l’Energie et ceux des Finances de six Etats membres de cet espace communautaire (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, la République de la Guinée, le Liberia, le Mali et la Sierra Léone) qui a eu lieu à Bamako du 02 au 04 mars 2020. Il est ainsi envisagé la réalisation de lignes d’interconnexion électriques et la construction de centrales électriques.
Sur le montant global, 25,912 millions de dollars (environ 13 milliards de F Cfa) seront dédiés à la production d’électricité et 10,480 millions de dollars (environ 5 milliards de F CFA) pour le transport de l’énergie. « Pour la réussite des échanges commerciaux électriques entre nos États, il nous faut donc trouver des solutions qui serviront de retour d’expérience pour les autres contrats dans le cadre du fonctionnement adéquat du marché régional de l’électricité », a précisé M. Dabiré Bayaornibè, le représentant du président de la Commission de la CEDEAO lors de cette réunion.
A noter que l’objectif de la réunion de Bamako était de créer les conditions facilitant l’accès à l’énergie aux pays de cet espace. En effet, la CEDEAO s’est engagée ces dernières années dans une réforme structurelle axée sur sa Vision 2020 : « une CEDEAO des États vers celle des peuples » ! C’est ainsi que l’organisation a créé un marché régional de l’électricité depuis 2018.
Cette initiative a été suivie d’une directive régionale sur la sécurisation des échanges transfrontaliers d’énergie. « La lutte contre la pauvreté, la quête d’un bien être quotidien pour nos populations, et la prospérité économique de nos Etats ne pourraient aboutir sans que des jalons importants ne soient posés dans des secteurs cruciaux comme celui de l’énergie », a déclaré le Premier ministre malien (également ministre de l’Economie et des Finances), Dr Boubou Cissé, à l’ouverture de la réunion le lundi 02 mars 2020.
« C’est pourquoi je me réjouis que la CEDEAO ait porté le secteur de l’Energie au centre des priorités de la Communauté et ait compris la nécessité d’accroître la coopération régionale dans ce secteur à travers la mise en commun de nos ressources énergétiques et la commercialisation de l’électricité à travers des échanges transfrontaliers », a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement malien a également insisté sur la nécessité d’entreprendre « toutes les actions idoines » pour renforcer le commerce de l’électricité et de mettre en place « des règles claires de gestion des contrats dans le cadre de ce commerce ».
Lors de la rencontre, la directrice des opérations de la Banque mondiale, Mme Soukeyna Kane, a annoncé la mise au point de deux instruments visant à renforcer immédiatement la confiance dans le commerce et à soutenir la mise en œuvre de la nouvelle directive de la CEDEAO.
Il s’agit de financer un appui budgétaire régional pour les six pays concernés afin d’accompagner la mise en œuvre des reformes et de créer un fonds renouvelable de soutien aux liquidités (LERF) qui permettrait aux exportateurs d’électricité d’avoir accès à des liquidités en cas de non-respect des dispositions contractuelles des importateurs d’électricité et vice-versa.
Le ministre malien de l’Energie, M. Sambou Wagué, a rappelé que ces instruments ont fait l’objet d’une réunion des ministres en charge de l’Énergie des six pays de la CEDEAO en janvier dernier à Abidjan (Côte d’Ivoire). A l’issue de la rencontre de la capitale économique ivoirienne, les ministres des pays concernés ont approuvé l’application des ces instruments, assortie de conditions préalables et d’un fonds renouvelable.
La réunion de Bamako a enregistré la présence des experts des pays concernés, ceux de la Banque mondiale, du WAPP (Système d’échanges d’énergie électrique ouest africain ou en anglais West africain power pool), de l’ARREC (l’Autorité de régulation régionale du secteur de l’électricité de la CEDEAO).
Elle s’inscrit dans la perspective de trouver « un mécanisme durable de paiement » des factures d’achats d’électricité par les importateurs et «la garantie d’une énergie disponible et fiable ». Il s’agit aussi de veiller à ce que « chaque partie prenante joue pleinement son rôle » comme le recommande la directive C/DIR/2/12/18 de la CEDEAO, mise en vigueur le 1er janvier 2020.
Oumou Traoré/Kader Toé
LE MATIN